
Crédit photo : Gabriela Sabau/IJF
On a du mal à le croire, mais ce vendredi est une première pour Walide Khyar. En effet, le médaillé mondial de bronze 2023, double médaillé européen du même métal en 2023 et 2025 et champion d’Europe 2015 n’avait jusqu’alors jamais gagné de Grand Chelem. Deux médailles d’argent, ici même en 2019 et à Antalya en 2021 et cinq médailles de bronze. Mais jamais de titre. Une sorte d’anomalie réparée après une vingt-huitième participation à ce niveau de tournoi. Ce vendredi, le judoka du PSG, cinquième des JO de Paris s’impose chez les -66kg, battant en finale sur deux sumi-gaeshi Murad Chopanov, vice-champion d’Europe 2025. Mené une bonne partie du temps, le Parisien revient in extremis dans la partie, à deux secondes du gong !
Sur, d’ailleurs, un de ces yuko presque plat ventre, aussi agaçant que devenus — trop — courants. Une marque qui devrait faire l’objet d’un ajustement dans les prochaines semaines par la commission d’arbitrage de la FIJ, tant la dérive connue sur l’attribution de cette valeur fait l’objet de critiques. L’impact n’a plus d’importance pour beaucoup d’entre eux. Se réchapper sur le ventre en passant à 90 degrés du sol une fraction de seconde sans qu’aucune partie de son corps ne touche le tatami suffit désormais à marquer. Pas loin d’être une hérésie arbitrale tant le judo est un sport de projection dont l’impact mesure la qualité de la technique. Des « air yuko », qui n’aident franchement pas à une claire et pertinente lecture des combats pour les amateurs comme pour les profanes. Le combat entre Alexis Renard et Murad Chopanov en fut un des nombreux exemples de la journée.
Quoi qu’il en soit, Walide Khyar réalise une journée solide, battant les deux Russes jour, Abrek Naguchev en quart de finale — qui lui marque trois yuko avant que le Français ne plante un ura-nage de titan —, battant le Géorgien Temur Nozadze sur un ko-soto-gake décidé ou l’Italien Elios Manzi aux pénalités. Trop puissant, trop envahissant pour un Transalpin qui ne trouvait pas la solution pour s’extirper du kumikata de pieuvre du Français. Une reprise parfaite pour Khyar !
Dans la même catégorie, Alexis Renard, lui aussi du PSG Judo, termine à la cinquième place. Arrivé en demi-finale en battant, notamment l’Espagnol David Garcia Torne, n° 15 mondial et vainqueur du Grand Prix de Zagreb il y a deux semaines, sur un magnifique o-soto-gari, le double médaillé européen chez les juniors, s’incline ensuite contre Chopanov, puis l’autre Espagnol de la catégorie, Adrian Nieto Chinarro sur un uchi-mata où les quatre-vingt-dix degrés ou presque sont très loin d’être au rendez-vous.
Aucun autre Français ne se classe ce vendredi.
Dans les autres catégories, l’intérêt vient des -52kg où les outsiders ont dominé les favorites. En demi-finale, la Hongroise Reka Pupp, cinquième des JO à Paris, bat Distria Krasniqi sur un o-soto-gaeshi alors que, dans l’autre demi-finale, Mascha Ballhaus place un très tonique tani-otoshi à Odette Giuffrida. L’Allemande qui s’imposera en finale au sol, après un dégagement de jambe.
Krasniqi, vice-championne olympique 2024, et Odette Giuffrida, vice-championne olympique 2016 et médaillée de bronze 2021, terminent tout de même sur le podium.
En -48kg, l’Espagnole Laura Martinez Abelanda s’impose à la Chinoise Xinran Hui, 15e mondiale, championne du monde juniors 2024, victorieuse du Grand Chelem d’Astana en mai, vice-championne d’Asie en avril et là encore sur le podium. Une combattante asiatique qui s’installe désormais dans le paysage de la catégorie.
En -57kg, la vice-championne olympique 2024 coréenne, Mimi Huh, traverse la journée avec son morote-seoi-nage inversée, sur lequel semble se blesser sérieusement l’Anglaise Chelsie Giles, au premier tour. Un mouvement que l’étudiante de Waseda place également à la Suissesse Binta N’Diaye en demi-finale. Une Coréenne qui gagne avec un spécial tout droit venu du pays du Matin calme.
Enfin, sans Walide Khyar, la Russie aurait fait le doublé du jour chez les masculins puisqu’Ayub Bliev gagne en -60kg.
Demain, retour sur le circuit de notre champion du monde des -73kg, Joan-Benjamin Gaba !


