Après son probant 50% – trois médailles pour Luka Mkheidze (argent en -60kg), Faiza Mokdar (bronze en -57kg) et Walide Khyar (bronze en -66Kg) sur six engagés – réalisé hier, l’équipe de France revenait au combat ce samedi en Turquie avec trois nouveaux athlètes, dont son sélectionné olympique des -81kg Alpha Djalo. Opposé au premier tour au Bulgare Georgi Grammatikov, cinquantième mondial, le médaillé européen n’aura eu le temps de s’essayer qu’une seule fois sur son efficace enchaînement ko-uchi/o-uchi, avant de se faire piéger en réagissant à la poussée en bordure de son adversaire, prompt à tourner le volant pour un uki-otoshi d’abord valorisé waza-ari par l’arbitre, puis ippon par la table centrale.
La route s’arrêtait également au premier combat pour la jeune Melkia Auchecorne, alignée sur le deuxième Grand Chelem de sa carrière après Paris, où elle avait notamment vaincu la numéro 1 mondiale Catherine Beauchemin-Pinard. Face à l’Ukrainienne Anastasiia Antipina, moins bien classée que la Française mais actuellement sur une bonne dynamique avec deux médailles de bronze obtenues lors de récentes sorties en open euroéen, c’est la championne du monde juniors qui marquait pourtant la première, en restant bien accrochée en ko-uchi-gari sur une tentative de contre. Avec une grosse minute à gérer, tout semblait bien parti pour Auchecorne, qui se laissait toutefois fixer par la main gauche loin dans le dos, puis emmener en coin de surface où Antipina l’exécutait sur un o-goshi très vertical, qu’elle enchaînait au sol pour renvoyer la Française aux vestiaires…
Ne restait donc plus que le néo -73kg Orlando Cazorla en piste, avec un copieux premier tour contre le Moldave Petru Pelivan, huitième mondial et tête de série n°4 du tournoi. Mobile, le tricolore résistait bien à l’allonge intimidante de son adversaire, qui s’essayait également en ne-waza sans jamais trouver l’ouverture. Deux doubles pénalités plus tard, et un sutemi de Pelivan tout proche d’être comptabilisé, les deux hommes s’enferraient dans un golden score indécis. Le Moldave multipliait les attaques pour se montrer le plus actif, mais l’arbitre ne bronchait pas et ne cédait pas à l’appel de la troisième pénalité pour non-combativité. Encore moins à l’entame de la septième minute, sur une énième tentative trop peu crédible qui lui valait un shido fatal pour fausse attaque. Cazorla se frottait ensuite au Sud-Coréen Heoncheol Kang, champion du monde juniors 2015 qui n’a jamais vraiment percé depuis (une médaille en Grand Prix, l’an dernier au Portugal, en dix-huit sorties sur le circuit international). Opportuniste, le combattant de l’ESBM prenait la tête à mi-combat sur uchi-mata-sukashi, avant de parvenir à faire sanctionner Kang pour une sortie de tapis alors qu’il venait de concéder une deuxième pénalité. En huitièmes, il affrontait l’Italien Manuel Parlati, finaliste il y a une semaine de la coupe européenne juniors d’Anadia, qui ne se posait aucune question et redoublait d’entrée son tai-otoshi pour disposer du Français en onze petites secondes.
Un clap de fin brutal pour le clan tricolore, qui tentera de montrer un meilleur visage demain avec ses cinq derniers représentants, parmi lesquels ses deux olympiens Maxime-Gaël Ngayap Hambou (-90kg) et Teddy Riner (+100kg), sa vice championne du monde 2023 Julia Tolofua (+78kg) – de retour après son opération de l’épaule droite d’août dernier, Léa Fontaine (+78kg) qui visera son quatrième podium en Grand Chelem cette saison, et enfin Madeleine Malonga (-78kg), engagée pour le dernier round de son duel olympique à distance avec Audrey Tcheuméo, qui n’avait pu faire mieux que cinquième la semaine dernière à Tbilissi.
Takaichi ne suit pas le rythme japonais
En attendant ce dénouement qui s’annonçant palpitant, le Japon a connu sa première défaite en Turquie, par l’intermédiaire de Miku Takaichi (-63kg), piégée en demi-finale par la Sud-Coréenne Kim Jisu sur un seoi-nage en bout de manche à l’entame du golden score. Troisième place tout de même pour la Nippone, qui voyait son bourreau se parer d’or après un succès aux pénalités contre la Russe Dali Liluashvili, pour la première fois récompensée en Grand Chelem à vingt-quatre ans. Pas de problème en revanche pour l’autre représentant du jour du Pays du Soleil-Levant, le tenant du titre olympique Takanori Nagase (-81kg), vainqueur de trois de ses six combats du jour par hansokumake, tout en gratifiant le public de limpides mouvements comme son o-guruma contre le Mongol Gereltuya ou son ashi-guruma pour mater le champion d’Europe en titre Vedat Albayrak, qui évoluait à domicile.
En -70kg, c’est la vice championne olympique 2021, l’Autrichienne Michaela Polleres, qui tire les marrons du feu, en prenant notamment le meilleur en demi-finale sur la Russe Madina Taimazova, elle aussi sur le podium à Tokyo il y a trois ans, d’un waza-ari inscrit sur ura-nage couplé d’un hansokumake pour une poussée excessive de la Russe qui tentait le tout pour le tout pour faire tomber le troisième shido dans le camp adverse. Pour l’or, elle disposait de la surprenante Portugaise Tais Pina, finaliste la semaine dernière à la maison lors de la coupe européenne juniors d’Anadia, et de sortie pour la sixième fois de l’année (!). Après avoir battu l’Ouzbèke Gulnoza Matniyazova, la Néerlandaise Kim Polling et l’Australienne Aoife Coughlan, toutes membres du top 25 mondial, elle cédait sur deux waza-ari marqués en contre qui offrent mille points et un probable statut de tête de série aux Jeux cet été à Polleres.
La deuxième catégorie masculine du jour, celle des -73kg, voyait enfin s’affronter deux outsiders en finale : le Moldave Adil Osmanov – numéro 2 dans la hiérarchie nationale derrière Pelivan – et l’Azerbaïdjanais Rashid Mammadaliyev, finaliste du Grand Prix d’Autriche en début de mois mais encore loin dans l’ombre de son compatriote Hidayat Heydarov, leader planétaire de la catégorie. Leur finale se décidait sur un sutemi au ralenti d’Osmanov, qui n’en revenait pas à la sortie du tatami.