Pas d’or ce vendredi, mais les Français relèvent la tête

© Officiel IJF / Priscilla Gneto sur le podium du Grand Chelem d’Azerbaïdjan, comme en 2014.

Les deux leaders nationales (derrière Frédérique Jossinet) des années 2005 à 2010 en -48 kg, Aurore Climence et Laetitia Payet, étaient engagées sur ce Grand Chelem, avec la perspective diffuse d’avoir une place de titulaire à défendre dans un futur pas si lointain, au cas où Amandine Buchard trouverait plus raisonnable de changer de catégorie plus rapidement que prévu. Victorieuse de l’Open du Maroc mi-mars en battant en finale l’excellente Russe Dolgova, Laetitia Payet (34e mondiale) avait calé au Grand Prix de Turquie fin mars. Une nouvelle fois, elle doit renoncer au podium, victime d’un tirage copieux. Elle bat par ippon la Roumaine Violeta Dumitru (53e mondiale), avant de subir la loi de la Hongroise Csernoviczki, cinquième mondiale et n°1 européenne. Laetitia Payet avait néanmoins réussi à marquer waza-ari à la Hongroise double championne d’Europe en titre avant d’être sortie par hansokumake. Pas de médaille, mais de la présence.

Payet et Climence ont de la présence

Aurore Climence (41e mondiale) faisait mieux en termes comptables, battant d’abord la Turque Lokmanhekim (27e mondiale) à la bataille des pénalités, avant de céder d’un waza-ari à la Roumaine Monica Ungureanu, 12e mondiale. Mais elle avait la possibilté dans son tableau d’être repêchée et en profitait pour mettre ippon à l’Italienne Moscatt, 14e mondiale, comme elle l’avait déjà fait en mars pour atteindre le bronze au Grand Prix de Géorgie. Pas de bronze cette fois pour Climence, qui laissait la très forte Belge Van Snick (battue par Csernoviczki d’un yuko au golden score) prendre le dessus sur des attaques consistantes dans la première minute, prenait du coup la pénalité fatidique qu’elle ne remontait pas. Sur ce registre, les deux -48 kg engagées à Bakou ne sont pas si loin d’une médaille européenne potentielle.
Si en -57 kg, la Dijonnaise Hélène Receveaux (21e mondiale) se montrait solide pour l’emporter par ippon sur l’Autrichienne Tina Zeltner (32e), elle devait céder d’un waza-ari au tour suivant face à la Roumaine Caprioriu, 8e mondiale, trop tôt pour être repêchée et rééditer l’exploit d’une médaille, comme au Grand Prix de Corée en novembre dernier.

Gneto, bien repartie

En revanche, une nouvelle très positive venait des -52 kg avec le retour de Priscilla Gneto (22e) sur un podium international de ce niveau (Grand Prix ou Grand Chelem), pour la première fois depuis… Bakou l’année dernière, où elle s’était inclinée en finale face à Annabelle Euranie. Cette fois, guerrière toute coiffée de rouge, elle atteint le bronze en montrant un nouvel équilibre dans son judo d’attaque en première intention et des phases d’attente assurées par un kumi-kata à deux mains solide. L’Ukrainienne Levytska (39e), non sans difficulté, puis avec une agressive efficacité la « vétérante » belge Heylen, toujours 12e mondiale, qui succombait en 50 secondes, puis la redoutable Israélienne Gili Cohen, 9e mondiale, par ippon.
Elle partait sur le même registre en demi-finale en mettant en danger par ses fortes attaques de hanche et d’épaule la n°2 mondiale Andreea Chitu. Mais celle-ci trouvait lumineusement l’ouverture sur un de-ashi-barai parfait. Gneto repartait à l’assaut et parvenait à battre en place de trois la Russe Ryzhova d’une pénalité, dans un combat bien compliqué à finir. Si tout n’est encore pas parfait, la Levalloisienne s’est nettement rassurée ce vendredi.

Limare, la démonstration attendue

Deux catégories masculines légères ce vendredi, avec trois représentants français sélectionnés pour les Jeux européens engagés. Vincent Limare en -60 kg – accompagné du vice-champion de France Adrien Raymond – et les deux finalistes européens 2014, David Larose et Loic Korval en -66 kg.
Vincent Limare, 22e mondial, préféré en -60 kg à Sofiane Milous, 16e mondial, (lequel avait fait 3e à ce Grand Chelem un an plus tôt) pour les Jeux européens, avait sans doute la pression de montrer qu’il méritait cette sélection difficile. Il s’en tire avec la mention presque parfait, renouant, en se hissant en finale, avec ses bons résultats de 2014 (médaille au Grand Prix d’Allemagne, victoire au Grand Prix de Chine). Il explose le Grec Papachristidis (246e) et place une première fois son seoi-nage performant à un combattant du crû, un Azéri acharné qui finit même par le mordre au poignet de frustration, Davud Mammadov. L’exploit venait ensuite avec une gestion efficace des pénalités contre le Mongol Ganbat Boldbaatar… qui se trouve être champion du monde en titre et le n°1 mondial à la ranking.
Alors qu’il était mal embarqué aux pénalités pour avoir précipité une troisième attaque, son seoi-nage finissait par passer en demi-finale face au Géorgien Chkhvimiani, un nouveau venu troisième au Grand Prix de Turquie. Il se retrouvait en finale face au Kazakh Rustam Ibrayev, 42e mondial, mais vainqueur entre autres, pour en arriver là, de l’Azéri Safarov, 3e mondial. Dans une phase de corps à corps, le Kazakh réussissait à prendre en « sen no sen » le Français qui tentait de passer dans le dos pour arracher, et le clouait au sol en « coup de volant ». Un beau geste. Une belle deuxième place aussi pour Limare qui se donne confiance lui aussi, à quelques semaines de sa sélection pour le rendez-vous continental.
Adrien Raymond de son côté ne tenait pas le rythme imposé par le jeune Espagnol Francisco Garrigos et se faisait rapidement disqualifier.

© Officiel IJF / Le sourire de Loïc Korval sur le podium des -66 kg à Bakou en 2015.

Loïc Korval, le beau retour

En -66 kg, David Larose ne parvenait pas une nouvelle fois à s’extraire de la nasse, comme au Grand Prix de Turquie, battu d’entrée par le Géorgien Margvelashvili, en bronze à Düsseldorf. On retrouvait en revanche un Loïc Korval très en jambe, efficace toute la journée sur ses grands uchi-mata rotatifs impressionnants et sur ses sorties d’attaque adverses en seoi ou en sode, contre le Kazakh Sakenuly (114e), l’Israélien Baruch Shmailov (75e) et en place de trois le Slovène Andraz Jereb, surclassé en ko-soto-gari et sode-tsuri-komi-goshi. Malheureusement, le champion d’Europe devait desserrer l’étreinte face au toujours usant Espagnol Uriarte, classé désormais à la 18e place, juste en dessous de Loïc Korval.
Dans cete catégorie, si l’Anglais Oates venait facilement à bout d’Uriarte dans un style tactique proche du sien, c’est l’étincelant Azéri Nijat Shikalizada qui trouvait l’ouverture en finale pour un incroyable enchaînement en ko-soto / harai-goshi à mettre dans un livre.

Nekoda frappe une deuxième fois

On notera aussi du côté britannique la bonne série de la jeune Nekoda Smythe-Davis, médaillée européenne juniors 2013, victorieuse en Croatie la semaine dernière et finaliste ici (battue d’un grand mouvement de hanche et d’une clé de bras par la Roumaine Caprioriu). Les Roumaines ? Trois finalistes pour deux médailles d’or sur ces trois premières catégories. Il faudra compter avec elle pour les médailles européennes.