Si Gaetane Debert en -63kg se fait joliment projeter d’entrée par la Brésilienne Tamires Crude sur un fort o-soto-gari nidan ko-soto-gari, Marie-Eve Gahié remonte jusqu’au podium après un combat un peu vendangé contre l’Espagnol Ai Tsunoda-Roustan, une technicienne difficile à fixer contre laquelle elle marquait pourtant le waza-ari qui aurait dû être suffisant. Mais elle se faisait un peu chahuter par la remuante Espagnole et pour une sortie de tapis de trop, prenait la dernière pénalité fatidique. Sa deuxième défaite en deux rencontres contre la fille de l’expert Go Tsunoda… Mais forte sur ses acquis, notamment son tranchant o-soto-gari, elle sauvait la médaille en expédiant sur son spécial l’Anglaise Katie-Jemima Yeats-Brown… en six secondes, et en dominant la dangereuse Croate Lara Cvjetko par un premier nidan ko-soto-gari… en neuf secondes, un premier impact proche d’être définitif, puis un second aux environs des trois minutes sur tani-otoshi, non sans avoir pris un ko-uchi-gari en contre par cette Croate de vingt-deux ans, vice-championne du monde à Tashkent en 2022, et qui restait sur une finale au Grand Chelem d’Oulan-Bator, une médaille de bronze au Master et une victoire au Grand Prix de Zagreb.

Ce n’était finalement pas l’Espagnole qui emportait la bataille, mais la Grecque Elisavet Teltsidou qui l’arrachait du sol comme une enfant pour un énorme ura-nage. À vingt-sept ans, celle qui avait sorti d’entrée la Française Pinot des Jeux de Tokyo, paraît de plus en plus intimidante physiquement et réussit une série remarquable depuis les derniers mois de 2022, avec trois Grands Chelems dans la poche et une finale au Master. Attention à Teltsidou.

Aregba fait l’exploit

Nos garçons ne parviennent pas à se battre pour la médaille, notamment les deux meilleurs -73kg français. Joan-Benjamin Gaba, sort d’entrée, mené à mi-combat d’un waza-ari sur kata-guruma par l’Espagnol Jorge Cano Garcia, victorieux du Grand Prix de Zagreb en août, qui concluait en puissance sur ura-nage. Quant à Benjamin Axus, s’il sort vainqueur de son premier combat, il est contré par deux fois debout et au sol par le Turc Umalt Demirel, vingt-deux ans et trente-septième mondial. En -81kg, Daniyl Zubko est marqué au golden score par le Bulgare Grammatikov sur un tout petit uchi-mata-gaeshi. Arnaud Aregba en revanche se montre beaucoup plus à son avantage en écartant un Azéri au premier tour sur un ko-uchi-makikomi très propre et réussit l’exploit en suivant en affrontant victorieusement le grand Matthias Casse. Le Belge champion du monde 2021 et tout récent vainqueur du Master ne parvient jamais à mettre la main dessus et se fait pénaliser trois fois. Dommage pour le jeune Français de vingt-et-un an champion d’Europe -23 ans l’année dernière, il ne convertit pas ce beau démarrage, en se faisant d’abord surprendre par un enroulement au sol bien fait du Portugais Fernando, avant d’être pris dans le jeu tactique de l’Italien Antonio Esposito en finale de repêchages. Un final frustrant, mais un excellent début comme repère et des points précieux qui permettront peut-être d’obtenir des tirages plus intéressants par la suite à l’actuel cinquante-troisième mondial.

L’Azerbaidjan maître chez lui

Chez les hommes, la parole est à l’Azerbaidjan pour ce deuxième jour. Si la victoire en -73kg de l’actuel numéro un mondial Hidayat Heydarov ne surprend pas – il est impérial aujourd’hui avec notamment un beau morote-seoi-nage en finale sur le Moldave Petru Pelivan – c’est le vainqueur en -81kg qui étonne. Si il est numéro deux de la catégorie loin derrière Saeid Mollaei absent (dont on se souvient qu’il combat désormais pour le pays hôte), Zelim Tckaev attrape à bras le corps l’occasion de se montrer devant son public. Il pulvérise tous ses adversaires avec un judo très brillant, notamment un très beau juji-gatame et un magistral uchi-mata, qui conviennent parfaitement à son physique longiligne. Il inflige sa projection favorite à l’ancien champion d’Europe russe Allan Khubetsov, qui s’envole comme rarement, martyrise Grammatikov sur ce mouvement, satellise l’Ouzbek Murtozoev sur le même et plante durement le pourtant très costaud autrichien Shamil Borchashvili, médaillé olympique à Tokyo, sur un impeccable o-soto-gari en contre. Une démonstration stupéfiante pour un garçon encore presque anonyme. Ce transfuge de Russie de vingt-quatre ans, sur les tapis pour l’Azerbaidjan depuis 2020, a décidé de prendre les choses en main dans la perspective de Paris. Vingt-huitième mondiale avant cette première victoire en Grand Chelem, on devrait le revoir souvent dans les mois qui viennent. Avec beaucoup d’intérêt.