17 ans et déjà championne de France seniors

Romane Dicko aux championnats de France à Montbéliard en novembre / © Patrick Urvoy

Romane Dicko arrive sur le circuit senior comme un boulet de canon. Celle que l’on surnomme comme la Teddy Riner féminine va honorer sa première sélection en +78kg à 17 ans. Est-elle réellement la future star du judo français ?

Ses débuts dans le judo

« Je n’ai commencé le judo qu’il n’y a cinq ans. Tout a commencé le soir ou Audrey Tcheuméo a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Mon père m’a dit « Tu vois, elle a commencé le judo tard et elle a réussi. Toi aussi tu peux le faire. ». En octobre je m’inscrivais au judo à Villeneuve-le-Roi. Je suis passée de la natation au judo et ça m’a tout de suite plu. Lorsque je suis arrivée à l’entraînement des jeunes de mon âge, mon entraîneur, Karim Dahli, m’a directement redirigée vers le groupe adulte. Dans le judo, j’adore le fait que je peux être supérieure à mon adversaire à tout moment. »

Sa vie de judoka

« J’ai intégré le pôle espoir de Bretigny-sur-Orge en 2014 ce qui m’a permis de poursuivre ma progression pendant deux ans. L’année dernière je suis rentrée à l’INSEP en tant qu’interne. Je suis en terminale scientifique donc il faut jongler entre les entraînements et les cours. J’ai conscience qu’il est important d’avoir un bagage scolaire car je ne suis pas à l’abri d’une blessure. En ce moment, tout est planifié par rapport au judo mais après ma carrière, j’aimerais devenir ingénieur en aéronautique. J’adore ce milieu et je pense qu’il y a du travail à la clé. »

Son titre de championne de France

« En novembre à Montbéliard, j’étais encore cadette donc je n’avais aucune pression. Dans cette situation il ne faut pas se poser de question. Malgré mon manque d’expérience, mes adversaires n’étaient pas différentes de celles que j’affronte en juniors. Au fur et à mesure de la compétition, je commençais à me dire qu’il m’était possible de gagner. Ce titre est vraiment super mais cela reste du bonus. »

Ses rapports avec l’équipe de France et Emilie Andéol notamment

« J’étais à Rio cet été pour les encourager. Ce qu’Emilie a réalisé est magnifique. La voir réaliser un tel exploit m’a vraiment touché. Maintenant, il ne faut pas oublier qu’Emilie reste une adversaire. Elle m’a très bien accueillie dans le groupe comme l’ensemble des expérimentés de l’équipe de France. Tout le monde s’entend bien, en séniors mais aussi en juniors ! Côtoyer des judokas du groupe élite me fait forcément progresser. En randori, ils sont toujours présents pour me conseiller donc cela me fait très plaisir. »

Son entourage

« J’ai la chance d’avoir une famille très présente. Ils sont là dans les bons moments comme dans les instants de doutes. Ce sont mes plus grands supporters. Mon cousin, Teddy Tamgho (champion du monde de Triple Saut), gère tout mon emploi du temps. Il est là pour optimiser mes entraînements grâce à son expérience du haut niveau. J’ai aussi un coach formidable. J’ai une relation fusionnelle avec Karim. Il ne vient qu’une fois par semaine à l’INSEP mais nous nous appelons tous les jours. Il remarque directement quand je ne vais pas bien. Il est aussi là pour me recadrer quand il le faut. »

Sa première sélection

« Je prends cette sélection comme du bonus. Je ne serai seniors que dans trois ans donc, pour le moment je combats avant tout pour engranger de l’expérience. Il y a quatre ans j’étais dans les gradins du POPB et ce week-end je serai au milieu du tapis, c’est extraordinaire. Je pense que je me rendrai vraiment compte de ma chance une fois dans Bercy. Je suis surmotivée et je vais tout donner. Beaucoup de monde me dit, « imagine une finale Dicko-Andéol » sauf qu’il y a du chemin avant que j’arrive en finale (Rires). »

Ses objectifs

« Je n’aime pas me projeter au-delà de la saison en cours. Je reste concentrée sur le circuit juniors. Les objectifs sont les championnats du monde (en Corée du Nord en octobre) et d’Europe (en Autriche en septembre) juniors. J’ai le temps avant de passer en seniors. Après si j’arrive à obtenir quelques sélections en séniors cela serait super. Tokyo 2020 ? Oui j’y pense mais prenez n’importe quel sportif engagé dans le haut niveau et il vous dira la même chose. Une médaille olympique représente l’apogée mais il ne faut pas s’enflammer. Je regarde saison après saison. Quatre ans c’est long, il peut se passer énormément de choses. »