Si les jours précédents les podiums avaient reflété les effets de la période — des catégories privées de certains de leurs leaders et disparates dans les niveaux de préparation affichés — cette fois, sur ce dernier jour de Grand Chelem de Tel-Aviv, on avait « du lourd » sur les podiums masculins… et encore des Françaises sur les podiums féminins, mais ça, c’est devenu l’habitude.

« Du lourd » donc en -90kg, -100kg et +100kg. Le vainqueur d’Aurélien Diesse, l’Azerbaidjanais Mammadli Mehdiyev, allait emporter son quart de tableau avant de perdre les deux combats décisifs face à plus fort que lui, l’Espagnol Nikoloz Sherazdishvili, champion du monde 2018 et n°1 mondial, qui le contrait pour ippon, mais se faisait surprendre en finale par un combattant à surveiller de très près, le Géorgien Lasha Bekauri, 20 ans, qu’on a très peu vu perdre en senior depuis son second titre mondial junior 2019. Champion du monde cadet 2017, junior une première fois en 2018, il semble ne pas tolérer beaucoup de se contenter de places d’honneur. Un vrai favori pour les Jeux.
Deux Géorgiens encore en -100kg, deux jeunes encore, Onise Saneblidze, 22 ans, champion d’Europe et médaillé mondial junior 2018, et Ilia Sulamanidze, 19 ans, champion d’Europe junior 2019 et 2020, vice champion du monde junior 2019, se battaient pour une médaille de bronze, au profit du second, qui plaçaient un joli balayage et un mouvement d’épaule à son aîné. La Géorgie a de quoi voir venir.
Mais c’est le médaillé mondial néerlandais Michael Korrel, vainqueur en demi du Russe Niiaz Iliasov, qui retrouvait en finale le combattant du pays, Peter Paltchik (2e mondial et champion d’Europe), et le dominait d’un petit ko-uchi-gari. Deux combattants qui seront présents dans les combats décisifs des prochains Jeux.
En +100kg ? Des Géorgiens encore ! Pas le sémillant Guram Tushishvili, vainqueur par deux formidables uchi-mata de sa médaille de bronze, mais son vainqueur en demi-finale, Gela Zalaashvili, outsider de 21 ans, 15e mondial, double champion d’Europe et champion du monde junior. Il dominait à la garde et aux pénalités le grand Guram, et clouait en finale le petit Russe Tamerlan Bashaev sur un ko-uchi-gari en contre de ura-nage. Encore un favori potentiel pour les Jeux ou les championnats du monde seniors qui s’annoncent. Les Géorgiens peuvent vraiment voir venir !

Les Françaises n’aiment pas Wagner

Les Françaises partaient une nouvelle fois avec trois demi-finalistes, comme lors de la première journée (deux « seulement » pour la deuxième, mais sans représentante en -63kg), avec une bonne possibilité de ramener cette fois les deux médailles d’or en -78kg et +78kg. Mais la grande Allemande Anna-Maria Wagner, 24 ans et 7e mondiale en -78kg, allait en décider autrement. Elle piquait en demi-finale Audrey Tcheumeo au sol – sa quatrième victoire de suite contre elle depuis février 2019 — et intimidait Fanny-Estelle Posvite, pourtant impressionnante jusque-là, jusqu’à la troisième pénalité. Elle restait pourtant sur deux défaite contre la Française, mais Fanny-Estelle sembla impuissante à gérer son kumikata agressif et sa constante pression. Un lourd bras droit et une grande silhouette de plus en plus présente physiquement avec laquelle il faudra compter.
Pas de surprise en revanche du côté de Romane Dicko, dont on reste à chaque fois surpris de la marge qu’elle démontre désormais sur ses rivales. Elle a encore parfois des mimiques de petite fille, des sourires joliment enfantins… mais elle est clairement devenue un cauchemar vivant pour toutes celles qui se présentent devant elle. La Portugaise Rochelle Nunes était parvenue à écarter en demi-finale, aux pénalités, l’une des top 10 les plus dangereuses, la grande Brésilienne Maria-Suelen Altheman… elle n’allait pas résister plus de dix secondes à la furia de Dicko. Un grand bras droit qui allait chercher le col par dessus la tête, jusqu’à la moitié du dos, et la Portugaise s’envolait sur un très lourd harai-makikomi. En attendant celles qui pourraient encore la faire douter – il n’en reste pas beaucoup – la jeune Française entre dans le top 10 en engrangeant sa cinquième victoire successive depuis… Tel-Aviv 2020. À suivre !