Iroha Oi, junior première année japonaise dans ses œuvres.
Crédit phot: Gabriela Sabau/IJF

Il est à l’heure actuelle le seul Grand Prix de l’année 2025, en attendant de savoir si le Portugal et la Croatie se positionnent. Une rareté dans le calendrier de l’IJF World Tour qui multiplie les Grands Chelems, laissant un vide dommageable dans la graduation des compétitions entre Open internationaux et Grands Chelems.
Cette configuration nouvelle depuis la période post-covid explique l’appétence que connaît ce Grand Prix de Linz, test de nouvelles générations pour certaines, reprise post-JO pour d’autres, ou bien encore compétition de réglage pour les dernières.

On peut clairement mettre la France dans le premier groupe, avec une sélection composée en grande partie de juniors. Même stratégie pour le Japon, qui continue sa très large revue d’effectifs sur les compétitions européennes. Dans la seconde, on pense à l’Espagnol Francisco Garrigos, médaillé de bronze olympique à Paris, champion d’Europe en titre et vainqueur ici même l’année dernière. Dans la dernière, les noms de Distria Krasniqi, la vice-championne olympique kosovare des -52kg ou Mathias Casse, cinquième aux JO en -81kg.

En -52kg, deux des trois stratégies se confrontaient en finale. D’un côté, Distria Krasniqi, championne olympique en -48kg et médaillée d’argent l’été dernier. De l’autre, Iroha Oi, championne du monde cadette et junior 2024. Formidable kokeshi nipponne qui transperce la Kosovare sur un uchi-mata très haut à peine trente secondes après le début du combat !
Auparavant, la finale 100 % japonaise en -60kg donnait à voir l’un des judokas nippons les plus prometteurs de ces vingt-cinq dernières années : Yamato Fukuda, double champion du monde juniors (2023 et 2024) alors qu’il n’est, en cette année 2025, que junior 2e année.
Effrayant de facilité jusqu’en finale, ce spécialiste des liaisons debout-sol dominait son compatriote Yusei Adachi sur le rythme en finale.
Fukuda, à seulement dix-neuf ans, en est déjà à sa seconde victoire en Grand Prix après celle remportée en janvier 2023 (il était alors cadet troisième année) au Portugal. Étudiant de l’université de Tenri, mentoré par Shohei Ono avant son départ pour l’Écosse et par Joshiro Maruyama — une filiation exceptionnelle de l’excellence —, Yamato Fukuda est assurément de ceux sur qui il va falloir compter en -60kg sur cette olympiade.
Outre Adachi, deux autres jeunes judokas du Pays du Soleil-Levant terminent en argent : Sachiyo Yoshino en -48kg, dix-neuf ans et vice-championne du monde juniors 2024, et Shuntaro Fukuchi, dix-huit ans, champion du monde juniors 2024 et du lycée de Shutoku, l’un des plus forts du Japon. Fukuchi est battu en finale par une combattante de la première stratégie, tout comme lui : le Brésilien Ronald Lima, 20 ans, septième à Tokyo et Bakou. En finale, il pique au sol Fukuchi dans le contrôle du bras dont Kilian Le Blouch s’était fait une spécialité. Le Brésil aurait-il trouvé le successeur de Daniel Cargnin dans cette catégorie ? Il faudra, en tout cas, suivre également ce judoka carioca plein de talents.

Les deux derniers titres vont à des féminines habituées du circuit : en -48kg, la Kazakhstanaise Abiba Abuzakynova contre Yoshino sur une tentative de morote-seoi-nage pas préparée. Un contre sur l’arrière valorisé waza-ari alors que la jeune Nipponne avait marqué un yuko sur une action presque identique. En -57kg, Seija Ballhaus étrangle la Slovène de dix-neuf ans — encore une junior — Nika Tomc. L’Allemande sera d’ailleurs la seule tête de série n° 1 à s’imposer hier.

Côté français, aucun classé sur cette première journée, mais à noter tout de même la belle « baston » entre Kelvin Ray et Francisco Garrigos en huitième de finale avec un golden score de plus de six minutes. Finalement, l’Espagnol s’impose sur un étranglement qui fera perdre connaissance au jeune Tricolore.

Une jeunesse nipponne époustouflante de précocité, un jeune Brésilien plein de style : ce Grand Prix de Linz a été kidnappé ce vendredi par les jeunes pousses du judo mondial.