
Crédit photo : Gabriela Sabau/IJF
Qu’il est agréable de le regarder quand il est dans de telles dispositions ! Judoka au classicisme assumé, Arnaud Aregba (US Orléans Loiret JJJ) a fait parler le meilleur de lui-même ce samedi à Zagreb. Une journée absolument remarquable, ponctuée de cinq ippons en autant de combats. Son uchi-mata contre le Hongrois Botond Toth, à la manière de Joshiro Maruyama (où le pied d’appuis vient remplacer celui de la jambe qui va faucher) est une merveille. Ses deux ko-uchi-gari contre l’Azerbaidjanais Vusal Galandarzade, vainqueur du Grand Prix du Mexique il y a un mois, en quart de finale ? Idem. Son ko-soto-gari contre le Géorgien Georgi Gramatikov, auteur d’un sublime de-ashi-barai sur le Japonais Naoto Izawa au tour précédent, fut très inspiré.
En finale, face à l’Autrichien Bernd Fashing, 22 ans, 43e mondial, son yoko-gake mais surtout son o-uchi-gaeshi suivi en immobilisation complétèrent magnifiquement la panoplie technique proposée par l’Orléanais. Battu d’entrée aux championnats du monde de juin — un non-combat —, Aregba montre, ici, à Zagreb, la meilleure facette de son talent. Premier titre en Grand Prix après une troisième place l’année dernière sur ce même événement. Exactement comme Enzo Jean ! Ce Grand Prix est décidément devenu le jardin des Orléanais.
Autre médaillée tricolore du jour, Clémence Emé (AJA Paris XX) réalise elle une journée presque parfaite, échouant seulement en finale où elle est battue par le sasae-tsuri-komi-ashi de la Japonaise Shiho Tanaka… championne du monde en titre. Un parcours qui voit la -70kg parisienne s’offrir le scalp de Lara Cvjetko, n° 1 mondiale qui évoluait à domicile. Dominée physiquement par la vice-championne du monde 2025 et depuis victorieuse de deux Grands Prix, la Tricolore sort deux coups de judo secs, petits qui dont vaciller la Croate : un premier hiza-guruma suivi dans la foulée d’un o-uchi-gari, le tout dans la dernière minute. En demi-finale, elle profite d’un relâchement de la Polonaise Katarzyna Sobierajska pour placer un juji-gatame qui l’envoie en finale contre Tanaka. Après cinq Grands Prix, voilà donc Emé médaillée sur son sixième, et de fort belle manière !
Dernière médaille française pour Peter Jean (JC Chilly-Mazarin Morangis), ett c’est du bronze en -73kg. Médaillée européen juniors début septembre, le vingtenaire réalise lui aussi une journée convaincante, battant la tête de série n° 1, le Hongrois Daniel Szegedi, vainqueur l’an dernier ici même et cinquième des championnats d’Europe fin avril. Une immobilisation sur le gong, alors qu’il menait déjà d’un yuko propulse le judoka chiroquois sur une dynamique qui ne le voit être arrêté que par l’Espagnol Anton Shuhalieiev, aux pénalités. Un combattant de 23 ans, jusque-là monté uniquement sur des podiums de coupes européennes ou d’Open. Pour le bronze, Jean bat l’Anglais Benjamin Levy, qui, comme lui, participa aux championnats d’Europe et du monde juniors il y a quelques semaines. Deux adversaires du même âge, qui se connaissent fort bien, mais c’est le Français qui l’emporte. Première médaille à ce niveau pour le médaillé de bronze des championnats de France 1re division 2024.
En -73kg, l’Italien Antonio Esposito gagne sur un yoko-guruma, comme on voit désormais des dizaines suite à une attaque d’épaule pas assez dynamique de Shuhalieiev. En -63kg, l’Israélienne Gila Sharir remporte l’or pour on dix-huitième Grand Prix à seulement 25 ans !
La France mène ce soir avec deux titres, trois médailles d’argent et une de bronze. L’Espagne reste en embuscade avec deux titres, une médaille d’argent et une de bronze.


