Avec cinq titres sur sept en revanche, les masculins japonais sont en confiance

Pour la troisième et dernière journée de ce grand tournoi de rentrée à Dusseldorf, pas d’Audrey Tcheumeo en -78 kg, pas de jeunesse non plus comme Madeleine Malonga, victorieuse de l’Open de Tunisie et 2e de l’Open de Bulgarie, pour représenter la France en -78 kg. La seule Française du jour était Lucie Louette, mais dans ses nouveaux habits de +78 kg, avec l’enjeu de jouer les trouble-fêtes dans la hiérarchie des lourdes françaises. Elle en a les moyens avec son expérience des grands événements et sa capacité à jouer sur le rythme et le sens tactique. Tout allait d’ailleurs très bien pour elle avant que cela n’aille très mal : elle avait tranquillement battu par ippon la rousse anglaise Sarah Adlington et menait de deux pénalités contre l’Allemande Konitz, médaillée européenne et cinquième des championnats du monde. La victoire se profilait et elle était significative… Mais Konitz se rebellait, tentait de déstabiliser Louette. Une attaque sur la jambe arrière de la Française, le genou se vrille, c’est la blessure. Lucie Louette est à terre. D’un mauvais coup du sort elle vient de voir s’envoler ses chances de faire les grands championnats de cette année, championnats d’Europe comme en 2010, 2011, 2012, 2013 et 2014 les championnats du monde, comme en 2011, 2013 et 2014, dans la catégorie inférieure.

Harrison et Yamabe

En -78 kg, c’est l’Américaine Kayla Harrison qui s’impose en demi-finale à la Japonaise Ruika Sato d’une pénalité, et à la tentaculaire Slovène Velensek – l’autre troisième avec elle des championnats du monde 2014 – d’un yuko sur un joli ko-uchi-gari. Une prestation à l’Américaine pour une combattante qui sera encore l’un des grands dangers de la catégorie au championnat du monde.
En lourde, c’est la Japonaise Kanae Yamabe qui termine en or, échappant aux bulldozers allemands en nombre, notamment Carolin Weiss, qui domine la Chinoise Yu Song, victorieuse de deux Grand Prix et d’un Grand Chelem. Elle termine sa journée sur un excellent de-ashi-barai contre la Tunisienne Cheikh Rouhou.

Les Japonaises comptent leur force

Si les Japonaises n’ont pas tout emporté en Allemagne, elles repartent tout de même avec deux médailles qui sont significatives, car elles complètent bien les informations collectées en Bulgarie et en Autriche. Si en -48 kg, le duo Kondo – Asami ne s’est pas imposé, on peut quand mettre une petite pièce sur ses deux là dans la perspective des prochains mondiaux. Hashimoto et Nakamura se sont hissées dans les finales en -52 kg, la championne olympique Matsumoto est à nouveau elle-même en -57 kg, Megumi Tsugane a battu la néo-Anglaise Schlesinger en finale en Bulgarie en -63 kg et Chizuru Arai gagne la Bulgarie et le Grand Prix d’Allemagne en -70 kg. Deux nouvelles s’imposent en -78 kg en Bulgarie et en Autriche, Rika Takagawa et Mami Umeki. Et en lourdes, Inamori a gagné à Tokyo, Tachimoto en Autriche et Yamabe en Allemagne. Si la préparation est réussie, les Japonaises devraient faire leur retour en force au Kazakhstan cet été. Mais des adversaires se sont auto-proclamées à craindre : Van Snick, Ma Yingnan, Silva, Schlesinger, Harrison… Belgique, Chine, Angleterre, Etats-Unis. La France n’a pas fait son terrain de jeu de cette séquence d’hiver. Mais notre équipe est désormais très expérimentée dans la plupart des catégories et n’a pas besoin de s’afficher. Les résultats modestes de la période ne disent rien de ce qui va se passer en juin à Bakou pour des championnats d’Europe freestyle, et en août au Kazakhstan pour les championnats du monde.

Iddir fait une pause

En -90 kg du côté des hommes, la France espérait voir Alexandre Iddir continuer sur sa lancée remarquable de la fin de 2014 : 3e au Grand Prix d’Ouzbekistan, 1er au Grand Prix du Kazakhstan, 5e au Grand Chelem de Tokyo. Quelque chose était « débloqué », sans doute est-ce toujours le cas, mais cette fois son premier tour était particulièrement escarpé avec le Japonais Daiki Nishiyama, deux fois vice-champion du monde derrière Ilias Iliadis en 2010 et 2011, qui trouvait la place pour un sasae-tsuri-komi-ashi. Ludovic Gobert se faisait prendre de son côté par le sumi-gaeshi du champion d’Europe 2010 suédois Marcus Nyman.

Maret ne passe pas Ramadan Darwish

Deux -100 kg, le jeune champion de France Joseph Terhec, déjà prometteur médaillé de bronze de l’Open de Tunisie, et notre n°1 français Cyrille Maret, en difficulté pour faire le poids, lui qui se voit bien finir sa carrière en poids lourd, sans doute dès après les Jeux olympiques 2016. Therec s’envolait en quinze secondes contre le champion du monde 2013 Elkhan Mammadov qu’il rencontrait au premier tour. Cyrille Maret commençait doucement face au jeune Michael Korrel, un Néerlandais deux fois vice champion d’Europe juniors en 2012 et 2013, mais se faisait durement arrêter à son troisième combat par un Darwish Ramadan particulièrement puissant qui lui marquait waza-ari et yuko. Son repêchage était parfait en revanche, avec une victoire par quatre pénalités sur l’ancien champion du monde (2009), le Kazakh Maksim Rakov, et une médaille de bronze en forme de revanche contre l’ancien poids lourd coréen qui l’avait privé de la victoire à Tokyo, Cho Guham. Bien campé sur ses jambes, il contrôlait une tentative de seoi-nage et poussait Cho sur le dos.
Troisième des championnats du monde 2009, cinquième en 2011 et valeur sûre sur les tournois toutes ces dernières années, l’Egyptien Darwish entre dans le top 10 avec les points marqués en atteignant la finale à Düsseldorf. Il endosse aussi la veste à sa taille d’outsider crédible lors des championnats du monde de ce mois d’août. Quant à Cyrille Maret, si la démonstration n’est pas éclatante, il atteint une nouvelle fois un podium avec une régularité remarquable. Depuis le championnat de France 2012, en quinze sorties importantes, il n’en aura manqué que deux, malheureusement les deux championnats du monde auxquels il a participé en 2013 et 2014.

Et deux médailles d’or de plus pour les combattants japonais

En l’absence de Teddy Riner, blessé, c’est Jean-Sébastien Bonvoisin, troisième en Tunisie en janvier, qui s’y collait en +100 kg. Entre la Tunisie et Düsseldorf, la marche était un peu haute. Le médaillé européen 2013 se faisait découper par le vice champion du monde japonais Ryu Shichinohe dès le premier tour.
Si en -90 kg le Russe Kazbek Zankishiev, 120e mondial, réussit l’exploit de battre le Japonais Nishiyama par ippon pour se hisser en finale, il laisse la victoire au médaillé mondial géorgien Varlam Liparteliani. Mais le Japon emporte en revanche les deux catégories les plus lourdes. En +100 kg, Shichinohe se rassure en emportant le tournoi avec autorité, son plus difficile adversaire étant, en finale, l’autre Japonais sélectionné, le vainqueur du « Zen-Nihon » Takeshi Ojitani, qu’il dominait aux pénalités. Mais la meilleure nouvelle du jour pour le Japon, après le retour au premier plan de Shohei Ono la veille, était le nouveau festival réalisé par le -100 kg Ryunosuke Haga. Ce champion du monde juniors 2010 brillant, mais longtemps blessé que Kosei Inoue semble suivre de très près et – qui aime bien châtie bien – qu’il n’avait pas amené au championnat du monde pour insuffisance de résultats laissant la place vacante pour la première fois dans l’histoire du Japon, a bien compris le message. Il dégaine désormais son uchi-mata génial avec une dextérité de pistolero, ne se laisse plus sortir aux pénalités et a travaillé aussi un renversement basique, mais efficace au sol qui lui vaut deux victoires sur ce tournoi, une semaine après avoir emporté le tournoi d’Italie. Six victoires en Allemagne pour cinq ippons devant des pointures comme le Belge Nikiforov (18e mondial), l’Allemand Frey (3e mondial), le Néerlandais Grol (8e mondial), l’Egyptien Darwish (11e mondial). Le Japon a manifestement trouvé son -100 kg pour l’avenir immédiat. Avec cinq titres ici sur sept catégories, contre une bonne part de l’élite mondial, les hommes du Japon se sont donnés beaucoup de confiance. Capitaine Inoue peut être satisfait : à un an des Jeux olympiques, la construction de l’équipe est en très bonne voie.
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