Trois médailles tricolores, doublés japonais et coréen ce jeudi
Premier tournoi du circuit IJF qui amènera le judo mondial vers l’évènement olympique fin juillet, ce Grand Prix d’Israël, par son positionnement de compétition de reprise/préparation avant les deux Grands Chelems français et allemand a en seulement deux ans trouvé ses fidèles, avec pas moins de 547 judokas présents. Parmi ces derniers, notons la présence d’une équipe coréenne ayant décidé d’envoyer beaucoup de ses n°1 féminins et masculins, dont le champion du monde 2018 des -73kg, An Changrim. Postulant très crédible à une médaille olympique au Budokan cet été, ce judoka signera son retour demain après huit mois d’absence sur les tatamis internationaux. Et côté français ? Ils sont quatorze judokas (neuf féminines, cinq masculins) présents en terre israélienne. Parmi eux deux n°1 de leur catégorie respective en la personne de Mélanie Clément (-48kg) et Guillaume Chaine (-73kg).
Une Mélanie Clément qui, ce jeudi, ne perd pas ses bonnes habitudes en montant à nouveau sur le podium, après celui du Masters en décembre dernier. Autre bonne nouvelle : elle ne fut pas la seule Tricolore à le faire. En effet, Shirine Boukli, dans la même catégorie, finit en argent alors que Hélène Receveaux s’offrait le même métal en -57kg. Un joli tir groupé des Françaises !
Une journée aussi marquée par le doublé des Japonaises en -48kg et -52kg. Pas vraiment une suprise mais à noter tout de même. Chez les garçons, les Coréens frappent d’entrée avec deux victoires. L’équipe du Pays du Matin Calme souhaite visiblement monter en régime dans cette dernière ligne droite avant Tokyo et ça c’est vu puisque les féminines, elles, repartent avec une médaille d’argent et de bronze.
Clément confirme, Boukli s’affirme, Receveaux soigne son retour
On l’avait laissé il y a un mois en bronze sur le podium du Masters. Ce jeudi, Mélanie Clément débute cette nouvelle année sur les mêmes bases. Arrivée assez facilement en demi-finale, elle y retrouvait la Japonaise du jour, Natsumi Tsunoda. Menée d’un waza-ari sur un yoko-guruma la Française cédait quelques séquences plus tard sur une action désarmante de simplicité, au sol. En position quadrupédique, la Française était retournée sur le dos par Tsunoda qui s’installait immédiatement et sans aucun travail préalable en tate-shiho-gatame. Une défaite qui sonnait le glas d’avoir une finale 100% tricolore dans cette catégorie. Pour le bronze, Clément retrouvait la Hongroise Eva Csernoviczki, 5e du Grand Chelem de Brasilia 2019. La Magyare prenait rapidement les devants avec un très joli koshi-guruma en bordure. Mais la Marnavalaise a de la ressource et allait placer un non joli tani-otoshi qui catapultait Csernoviczki sur la barre d’épaules. Deuxième podium consécutif pour la Française. Cela ne lui était pas arrivée depuis mars 2019 (bronze au GP du Maroc et or au GP de Géorgie). Sur les onze dernières compétitions auxquelles elle a participé (soit depuis le Grand Chelem de Paris l’année dernière), la Tricolore a fini classé dix fois pour cinq podiums. Une régularité qui va la faire rentrer dans le top 5 mondial.
Dans la même catégorie, on avait quitté Shirine Boukli vice-championne du monde juniors en octobre sous le chapiteau de Marrakech. Désormais seniors, la judokate du FLAM 91 n’avait participé depuis qu’à la Champions League des clubs en novembre. Un manque de compétition qui ne sembla pas le moins du monde affecter la Gardoise (du moins c’est l’impression qu’elle dégageait). Battant successivement la Coréenne Kang (17e mondiale), la Turque Senturk (29e), et la Slovène Stangar (10e), puis la Serbe Nikolic (13e) en demi-finale sur un o-soto-otoshi rageur, Boukli ne cédait qu’en finale sur une clé de bras opportuniste et imparable de Tsunoda, bourreau des Françaises aujourd’hui. Très constante, faisant peu ou pas d’erreurs tactiques et de kumikata, la Française reste donc sur la lancée de sa prestation réussie et très mature des Monde juniors, disposant de quatre combattantes mieux classées qu’elle ce matin. Franchement prometteur pour la suite.
Si Clément confirme et que Boukli s’affirme, Hélène Receveaux, elle, signe un retour convaincant. Blessée au coude sur une clé de bras de Tsukasa Yoshida lors des derniers championnats du monde, l’Orléanaise reprenait sur le circuit international ce jeudi. Un come-back réussi dont on retiendra particulièrement la belle victoire en 1/4 de finale contre la puissante Kosovare Nora Gjakova, 5e mondiale et tête de série n°1 ici à Tel-Aviv. Un premier waza-ari sur un sasae-tsuri-komi-ashi malin pour enchaîner, quelques séquences plus tard, sur un très subtil ko-soto-gari à gauche. Après avoir battu la Hongroise Edwig Karakas en demi-finale, Receveaux commençait sa finale face à la Slovène Kaja Kajzer en patronne. Mais plus le temps passait et plus sa jeune adversaire (elle est junior 3e année), vainqueur de l’Open d’Océanie 2019, revenait dans le combat, trouvant la solution pour ne plus subir la pression de la garde coréenne très puissante de l’Orléanaise. Combat sans temps morts, dynamique et indécis, rien n’était toutefois marqué pendant les quatre premières minutes. Golden score donc alors que le tableau affichait deux pénalités partout. Mais sur une action en bordure, la Slovène lançait une esquisse de o-uchi-gari avant de pousser très fort sur les bras une Receveaux légèrement déséquilibrée mais qui finissait finalement sur le dos pour ippon.
En -52kg, Anais Mosdier (JC Maisons-Alfort) cédait au premier tour face à la locale du jour, l’Israélienne Gili Cohen, tête de série. Astride Gneto (ESBM Judo), elle, passait (comme souvent) aux pénalités face à la Turkmène Babamuratova avant de s’incliner face à la Japonaise Chisima Maeda, future vainqueur. Cinq combattantes, deux finales, trois médailles. Un jeudi réussi pour l’équipe de France féminine.
Côté garçon, un seul engagé en la personne du champion de France 2019 des -66kg, Reda Seddouki (FLAM 91). Un premier combat gagné dans les dix dernières secondes sur un o-uchi-gari sur la remontée en position « debout » du Lituanien Klokov. Mais tour suivant, c’est lui qui subissait ce même sort, se faisant arracher sur l’arrière par le Kazakh Zhumakanov, 20e mondial, dans un corps-à-corps à sept secondes de la fin du temps réglementaire.
L’Asie patronne ce jeudi
Avec quatre titres sur les cinq décernés aujourd’hui, l’Asie, par l’entremise du Japon et de la Corée du Sud a outrageusement dominé les débats. Au Japon les victoires féminines donc avec Natsumi Tsunoda et Chisima Maeda. La première,-52kg à la base, a décidé de redescendre en -48kg depuis août dernier (le ticket olympique étant dans sa catégorie d’origine promis – sauf blessure – à Uta Abe). Un pari osé quand on sait que le Japon possède Funa Tonaki, championne du monde 2017 et double vice-championne du monde 2018 et 2019. Quoiqu’il en soit Tsunoda, 3e au GC d’Osaka en novembre, continue à jouer sa chance à fond et continue de se donner le droit de rêver en s’imposant ici en Israël, avec son arme principal, un ne-waza particulièrement fort. En -52kg, Chisima Maeda, 22 ans, trace elle tranquillement sa route dans une catégorie très dense côté japonais. Potentielle n°3 nationale derrière Uta Abe et Ai Shishime (championne du monde 2017, 2e en 2018, 3e en 2019), Maeda, 3e à Osaka en novembre et vainqueur du GP de Hongrie l’été dernier (où elle avait battu avec la manière Majlinda Kelmendi) a mis tout le monde d’accord battant notamment les deux Coréennes du jour en demi et en finale.
La Corée du Sud, justement, réalise elle aussi un doublé avec les victoires masculines avec Won Jin Kim et An Baul. Soit les deux derniers titulaires des JO de Rio en -60kg et -66kg (ils étaient alors n°1 de la ranking-list). Le premier, non classé au Masters mais 3e au GC du Japon 2019, bat notamment le Japonais Aoki sur une clé de bras -assez étonnante doit-on dire- en demi-finale avant de disposer en finale du jeune Turc Akkus aux pénalités. Le second, dans son style si particulier d’attaques incessantes (parfois à la limite de la fausse attaque) retrouve le goût de la victoire perdu depuis son titre de champion d’Asie en août 2018. Un long tunnel pour le champion du monde 2015, dont le dernier podium remontait au Grand Chelem d’Abu Dhabi en octobre dernier. A voir très vite si le vice-champion olympique de Rio confirmera lors de la tournée européenne. Si c’est le cas, alors attention… car An Baul est le genre d’adversaire qui sait battre les Japonais.
Après cette première journée, c’est la Corée du Sud qui mène la danse avec quatre médailles dont deux titres. Un compteur coréen qui pourrait bien s’étoffer demain avec l’entrée en lice d’An Changrim, champion du monde -73kg en 2018.