Euranie et Blot frappent à nouveau !

Si tôt après les championnats du monde, l’intérêt de ce Grand Prix de Croatie pouvait se poser. Mais la « ranking list » n’attend personne et on était curieux de voir ce que cette sélection française de « deuxièmes lames », composée pour une bonne part chez les Français de combattants et de combattantes en bataille pour la sélection européenne et mondiale allait donner. 

Euranie prend ses marques pour l’avenir

La réussite est complète du côté d’Annabelle Euranie en -52 kg. Elle bat au second tour l’Espagnole Gomez, 15e mondiale, puis domine en demi-finale d’un yuko la dangereuse Israélienne Gili Cohen, 3e des championnats d’Europe cette année et 7e mondiale, avant de marquer un ippon qui porte sa marque en finale à la Portugaise Ramos, l’une des meilleures combattantes de l’année 2011. Outre le nouveau bond qu’elle va faire au classement elle qui est déjà 14e, elle profite une nouvelle fois de l’occasion qui lui est donnée pour montrer ce qu’elle vaut, après avoit gagné le Grand Chelem de Bakou. Ce qu’elle vaut ? Probablement une place dans les cinq meilleures mondiales, avec devant elle les Kraeh (GER), Hashimoto (JPN), qu’elle était à deux doigts de battre en équipe à Chelyabinsk, Chitu (ROU), Kelmendji (KOS) et très peu d’autres. Et potentiellement – c’est le plus important – une place de titulaire n°1 tout à fait crédible en équipe de France. En 2014, Pénélope Bonna a eu sa chance au championnat d »Europe, Piscilla Gneto au campionnat du monde. En 2015, Annabelle Euranie ? Plus elle avance et plus on retrouve la combattante  vice-championne du monde… il y a onze ans de cela. L’étincelle n’est pas éteinte, le tempérament est intact, les appuis s’affermissent. Tout est possible.

Blot ne change pas de rythme

Laetitia Blot n’a pas cette chance, elle ne peut que courir derrière l’inaccessible Pavia, toute récente médaillée mondiale. Mais elle court plutôt bien ! Après avoir gagné le Grand Prix de Turquie la voici victorieuse de ce Grand Prix de Croatie, en battant dans un joli crescendo une série de pointures de la catégorie. La Suissesse Fabienne Kocher (50e mondiale), l’Anglaise Nekoda Davies (47e), la Slovène Bedeti (13e) et la Hongroise Karakas (15e), ancienne médaillée mondiale. Voici la pétutante combattante de Pontault, déjà 17e mondiale, repartie plein pot dans sa course en avant. À suivre avec plaisir.

Urani se met en valeur

Un ton juste en dessous, mais néanmoins une médaille de bronze significative pour le grand -73 kg Florent Urani, qui s’en voudra sans doute d’avoir dû s’incliner devant l’Italien Marco Maddaloni, 50e mondial alors qu’il est lui-même 32e mondial après sa finale au Grand Chelem de Bakou, mais qui se rattrape par une belle victoire en place de trois contre l’Américain Nicholas Delpopolo, 23e mondial. Après la déception des championnats du monde pour les Français dans cette catégorie, Florent Urani peut se rêver en recours dans les deux ans à venir….
Il est le seul médaillé français masculin du week-end croate, Clément Delvert (-100 kg) ayant été stoppé d’entrée, et brutalement, par le très puissant Portugais Jorge Fonseca, Adrien Bourguignon (-66 kg) au second tour, aux pénalités, par le champion d’Europe 2012, le Russe Alim Gadanov. Enfin le -60 Adrien Raymond gagne deux combats, dont une victoire par waza-ari sur le Bulgare Yanislav Gertchev, 25e mondial, mais cède devant le 26e, l’ancien ténor mondial autrichien Ludwig Paischer, et, plus embêtant, devant l’Italien Carmine Maria Di Loreto, 117e mondial, en repêchages. Un jeune médaillé mondial junior 2012 qui se manifeste pour la première fois à ce niveau.

DiCintio monte au classement

Chez les filles, la France gagne encore une médaille avec la Dijonaise Maelle DiCintio, 35e mondiale en -63 kg, qui s’offre une belle victoire sur la Brésilienne Campos, 29e, mais doit laisser passer lItalienne Gwend, 10e mondiale, battue récemment à Chelyabinsk par Clarisse Agbegnenou. Elle fait un repêchage parfait avec une victoire sur l’Américaine Hannah Martin, 16e mondiale, et la championne d’Afrique algérienne Imene Agouar, 23e. Une performance qui console le clan dijonais de l’échec d’Hélène Receveaux (25e), finaliste de l’Open d’Espagne et du Gand Prix de Hongrie, stoppée nette cette fois par la Canadienne Stéfanie Tremblay (28e).

Pinot et Malonga déçues

Deux autres combattantes, très en vue cette année au point d’avoir contester les titulaires des championnats d’Europe et du monde, repartent de Zagreb déçues. En valeur à Chelyabinsk avec sa victoire décisive en équipe contre la Japonaise Tachimoto, Margaux Pinot ne fait pas l’exploit en Croatie, battue d’une petite pénalité par la fille qui monte, la Croate Barbara Matic, dixième mondiale, championne du monde juniors en 2013 (Margaux Pinot y avait fini 3e) et 5e du championnat du monde senior 2014 il y a quinze jours.
En -78 kg, Madeleine Malonga, 2e du Grand Chelem de Paris victorieuse de celui de Bakou, n’a pas réussi à dominer la puissante Canadienne Roberge, 8e mondiale, et échoue une nouvelle fois, comme au Grand Prix d’Allemagne, devant l’Anglaise Powell, 12e mondiale, qui a manifestement ce qu’il faut pour contrer le judo tonique et attaquant de la Levaloisienne. Objectivement pas des contre-performances pour la toute jeune Française, mais elle est attendue encore au-dessus de ce niveau rapidement et devra trouver les moyens de surpasser les défenses de ce type de solides adversaires.

La Russie finit en tête

Les grandes Slovènes médaillées mondiales Trenstjak (-63 kg) et Velensek (-78 kg) se hissent au niveau des Françaises avec deux médailles d’or, mais c’est la Russie qui sort première nation avec ses masculins, Shirazudin Magomedov en -81 kg, champion d’Europe 2010 et 2012, et Adnan Bisultanov, médaillé européen 2014 en -100 kg, tandis qu’Alim Gadanov est finaliste derrière l’étonnant Belge Lefevere qui emporte en -66 kg son premier grand tournoi international. Le Hongrois Toth, inattendu finaliste mondial en -90 kg à Chelyabinsk, confirme à Zagreb avec de l’or. Un médaillé mondial junior 2010 en -81 kg qui s’installe clairement dans le paysage.