Présentée par Frédéric Lecanu, l’annonce des sélections par Larbi Benboudaoud mit fin très rapidement au suspens. Qui allait être les sept sélectionnées pour les JO de Tokyo (24-31 juillet) ? Pour cinq catégories, point de surprise. Amandine Buchard (-52kg), Sarah-Léonie Cysique (-57kg), Clarisse Agbegnenou (-63kg), Madeleine Malonga (-78kg) et Romane Dicko (+78kg) avaient un ticket officieux en poche depuis quelques semaines, mois ou années. Restaient alors les -48kg et -70kg.

La dynamique de Boukli a fait la différence

Shirine Boukli sera bien la titulaire des -48kg.
Crédit photo : Paco Lozano Martin

Le choix de la -48kg n’était pas certain mais probable. Une probabilité devenue une certitude, tant Shirine Boukli aura réussi sur ces derniers mois à s’imposer graduellement comme le choix presque évident. Par sa victoire au Grand Chelem de Düsseldorf en février 2020, battant en finale la Japonaise double vice-championne du monde Funa Tonaki. Par le fait, aussi, que le confinement n’avait pas eu de prise sur une trajectoire météorique débutée aux championnats du monde juniors 2019 (elle avait fini en argent) puisqu’elle devenait championne d’Europe en novembre dernier à Prague. Puis remportait, enfin, son second Grand Chelem, battant cette fois-ci la double championne du monde (et nettement !), l’Ukrainienne Daria Bilodid.
Des caps décisifs et marquants (un titre continental, deux victoires en Grand Chelem donc) que Mélanie Clément, bien que remarquable de constance depuis début 2018 (elle est 7e à la ranking-list mondiale), n’a jamais réussi à passer. Un final particulièrement cruel pour la Marnavalaise. Un choix justifié ainsi par Larbi Benboudaoud : « Aujourd’hui, nous avons dû trancher, sur la base de tous les éléments dont nous disposions. Cette année supplémentaire suite au report des Jeux à 2021 aura été bénéfique à Shirine, qui a déboulé comme une fusée. Et on ne va pas s’en plaindre. Cela montre aussi que tout n’est pas qu’une affaire mathématique, et que nous ne nous sommes pas seulement arrêtés à la ranking (au 6 avril 2020, Mélanie Clément pointe à la septième place avec 4733 points, deux rangs devant Shirine Boukli et ses 4129 points, NDLR).»

Les championnats d’Europe comme juge de paix

Margaux Pinot ira défendre son titre obtenu à Prague en novembre 2020.
Crédit photo : Marina Mayorova (FIJ)

La «surprise» principale de cette conférence de presse tient sans doute dans le non-choix de la combattante des -70kg. Les pronostics allaient pourtant bon train. Margaux Pinot et son excellente série de résultats (championne d’Europe 2020, vainqueur à Tel-Aviv en janvier) ? Ou Marie-Eve Gahié et son titre de championne du monde 2019 acquis après une démonstration de supériorité, sa capacité à être présente dans les très grands évènements (vice-championne du monde 2018) et ses médailles aux championnats d’Europe et à Prague ?
Le sélectionneur a finalement fait le choix d’attendre Lisbonne pour savoir qui de la judokate du PSG ou de celle de l’ESBM ira à Tokyo.
Une solution de consensus pour un choix difficile :  « À la base, nous devions donner la sélection complète de la sélection au lendemain du Grand Chelem de Géorgie (sur lequel l’équipe de France n’a finalement pas été alignée suite à trois cas positifs au coronavirus Covid-19, NDLR). Avec ce contretemps, nous n’étions plus qu’à dix jours des championnats d’Europe, et nous avons donc décidé de patienter jusqu’à Lisbonne. On tranchera au lendemain de ces championnats, pour libérer au plus tôt la sélectionnée qui pourra lancer sa préparation olympique. Ça viendra clore une belle et saine concurrence, parfait exemple de nos problèmes de riches chez les féminines. Quel qu’il soit, le choix sera très très compliqué à faire. Si ces championnats d’Europe seront la dernière compétition avant cette décision, nous prendrons en compte la situation globale, depuis le début de la qualification. Et puis, de toute façon, ce genre d’athlètes ont en elles la culture de l’instant, et savent être performantes le jour J. »

Marie-Eve Gahié et son dossard de championne du monde en titre.
Crédit photo : Gabriela Sabau (FIJ)

Posvite n’est pas (encore ?) remplaçante olympique

Fanny-Estelle Posvite devra se contenter des championnats d’Europe
Crédit photo : Emanuele Di Feliciantonio (FIJ)

En -78kg, pas de surprise, mais un étonnement. Si la sélection de Madeleine Malonga ne souffre aucune contestation, le fait que Fanny-Estelle Posvite ne fasse pas partie des remplaçantes olympiques suscite une vraie interrogation. En effet, la Limougeaude est n°3 mondiale à la ranking-list, reste sur un bilan ahurissant de neuf podiums sur ses onze dernières sorties sur le circuit FIJ, dont une victoire au Masters 2019. Cette saison, la championne de France en titre termine encore deuxième aux Grands Chelems de Budapest et de Tel-Aviv, ne se classant pas uniquement au Masters de Doha. En comparaison, Audrey Tcheuméo, si elle gagne le Grand Chelem hongrois (contre Posvite donc), n’est montée que trois fois sur un podium du circuit depuis février 2019 (sur onze compétitions).
Posvite, qui ne participera même pas aux championnats du monde, devant se contenter des championnats d’Europe et du Grand Chelem de Kazan. En effet, Madeleine Malonga, tout comme Clarisse Agbegnenou, ont décidé de s’aligner aux Monde (6-13 juin voir ci-dessous). Un choix qui a poussé le staff à ne pas sélectionner d’autres Françaises dans ces catégories. Une fin d’olympiade imméritée, disons le, pour la médaillée mondiale 2015 au regard de ce qu’elle aura montré ces derniers mois.

Championnats du monde, encore deux places – minimum – à prendre

Voir deux des trois championnes du monde en titre titulaires pour les Monde 2021 a pu ainsi surprendre. Une réaction à laquelle Larbi Benboudaoud a apporté quelques éclairages : « Même si l’objectif de l’année reste bien évidemment les Jeux olympiques, cela reste des championnats du monde. Pour Clarisse et Madeleine, embêtées à l’idée de laisser à quelqu’un d’autre leur dossard rouge de tenante du titre, le choix de les sélectionner s’est fait en concertation tous ensemble. Cela pose forcément la question de la proximité avec le tournoi olympique mais il tout aussi possible de se blesser sur un simple entraînement à quelques jours de l’échéance. Nous allons tout faire pour bien les accompagner, en intégrant ces mondiaux dans leur préparation olympique. »
Outre Agbegnenou et Malonga, on retrouve d’ores et déjà les trois remplaçantes olympiques, Mélanie Clément, Astride Gneto et Hélène Receveaux. Reste encore deux places : la -70kg qui ne sera pas sélectionnée pour Tokyo et une +78kg, qui pourrait bien aller à la meilleure Tricolore de cette catégorie lors des championnats d’Europe (Léa Fontaine ou Anne-Fatoumata M’Bairo) ou à Laura Fuseau (titulaire à Kazan).

Retrouvez la sélection pour les Jeux olympiques ci-dessous : 
https://lespritdujudo.com/jeux-olympiques-2021-la-selection-feminine-officielle/