Avec quatre chances de médaille conservées intactes à l’issue des éliminatoires ce samedi, le para-judo français était au centre de toutes les attentions alors que se rapproche déjà l’heure des bilans. Chargé d’ouvrir la session avec son combat pour le bronze, Cyril Jonard (J1 -90kg) donna le ton contre l’Ouzbek Turgun Abdiev, ne le laissant jamais prendre l’initiative. Makikomi, hiza-guruma, sumi-gaeshi, o-uchi-gari, tout le répertoire technique du Limougeaud était de sortie, mais c’était bien avec son arme n°1, le ne-waza qu’il trouvait la clé. Un retournement presque sans forcer avant une immobilisation que Jonard n’aura laisser s’échapper pour rien au monde. Il pouvait serrer les poings et haranguer les spectateurs, déjà en liesse pour saluer leur premier héros du jour, sa troisième médaille paralympique (après l’or d’Athènes et l’argent de Pékin) était bien en poche à quarante-huit ans.


Trois combats plus tard, c’était au tour de Jason Grandry (J1 +90kg) de faire chavirer de bonheur la foule, d’un uchi-mata limpide qui laissait impuissant le Turc Onur Tastan en moins de trente secondes. Passé à côté de la qualification pour Tokyo, place à la consécration pour le Levalloisien, au bord des larmes en sautillant sur le tapis.

Deux médailles de bronze qui appelaient logiquement de l’or avec l’entrée en lice du numéro 1 mondial Hélios Latchoumanaya (J2 -90kg), face à celui qui s’était avancé dans la même peau du leader trois ans plus tôt, l’Ukrainien Oleksandr Nazarenko, avant de finir sur la même troisième marche du podium que le Français. Une lutte gaucher/droitier qui ne tardait pas à se décanter puisque l’Ukrainien trouvait le moyen de résister à la hanche du double champion du monde en titre et de l’envoyer sur la tranche. Un petit waza-ari auquel il allait s’accrocher tout au long des trois minutes vingt-trois secondes suivantes. Il subissait certes les attaques du Français, qui alternait entre sutemi, mouvements d’épaule à genoux et uchi-mata, mais sans être particulièrement en danger. La moulinette que lui adressait l’arbitre à une grosse minute du terme – sa deuxième sanction du combat – ne le déviait pas de sa stratégie, maintenu à flots par un coup de volant ou un balayage puissant de temps à autre.

Les secondes s’égrenaient inexorablement, Hélios Latchoumanaya ne deviendra pas le cinquième champion paralympique de l’histoire du judo français, après Joël Gichtenaere (-78kg) à Barcelone en 1992, Karima Medjeded (-48kg) et Cyril Jonard (-81KG) à Athènes en 2004, et Sandrine Martinet (-52kg) à Rio en 2016. Douze ans s’étaient écoulés entre chacune de ses trois éditions avec Marseillaise, il en faudra au moins autant – si cela sourit à Los Angeles en 2028 – pour vivre ça.

Le compteur de ces Jeux de Paris 2024 restait finalement figé à deux médailles d’argent et deux de bronze les trois du jour plus celle de Sandrine Martinet jeudi) puisque Nacer Zorgani (J2 +90kg) se faisait d’abord surprendre sur le ko-uchi-gari du Kazakhstanais Zhurkamyrza Shukurbekov, avant d’abandonner sur le hadaka-jime de son jeune adversaire.