Le 28 juin dernier, la fédération russe annonçait qu’aucun judoka de son pays ne serait présent lors des JO de Paris. Une absence majeure puisque la fédération de Russie, proclamée fin 1991, fait partie des meilleures nations du monde de la discipline : seize médailles olympiques, dont cinq en or en trente-trois ans d’existence. En 2012, à Londres, elle réalise l’exploit de finir première nation et de détrôner le Japon de la tête du classement. Une première dans l’histoire de notre sport aux JO ! Une équipe qui avait pour cet événement de très sérieux candidats au titre olympique, comme Matvey Kanikovskiy en -100kg ou Inal Tasoev en +100kg. Deux judokas qui faisaient d’ailleurs partie des têtes de série de leur catégorie, tout comme Sabina Giliazova (-48kg) et Ramazan Abdulaev  (-60kg). Quid, du coup, des tableaux avec ses absences ? L’Esprit du Judo vous propose de les découvrir mis à jour.

-48kg : Sabina Giliazova, tête de série n°8 et classée sur quatre Grands Chelems (dont une victoire à Tashkent début mars), est remplacée par la Coréenne Hyekyeong Lee. Cela ne bouleverse pas le tableau puisque la Russe était la dernière tête de série qualifiée et devait rencontrer l’Italienne Assunta Scutto, tête de série n°1 en quart de finale.  Cela ne change rien, en apparence pour Shirine Boukli.
Statistiquement, la Française reste sur une défaite contre les autres adversaires de son tableau : aux Mondiaux 2023 contre la Japonaise Natsumi Tsunoda, au Grand Chelem d’Abou Dhabi 2021 contre l’Italienne Assunta Scutto et au Grand Chelem de Paris 2023 contre la Coréenne Lee. Une partie de tableau qui est très objectivement la plus dense.

-60kg : le Russe Ramazan Abdulaev était tête de série n°7, et en or sur deux Grands Chelems (Bakou et Tashkent) en 2024. Là encore, pas de changements conséquents puisque le Turc Salih Yildiz, initialement tête de série n°8 passe n°7, et ira défier Giorgi Sardalashvili, le champion du monde 2024 géorgien. Dans la première partie de tableau, c’est l’Ukrainien Dilshot Khalmatov qui fait son entrée en tant que tête de série n°8. Il rencontrera le Taiwanais Yang, le Poulidor de cette catégorie depuis 2021.
Pas de changement pour Luka Mkheidze.

-100kg : bouleversement dans cette catégorie puisque le retrait de Matvey Kanikovskiy, tête de série n°5, champion d’Europe en titre et victorieux de six médailles dont trois titres en autant de Grands Chelems, a pour conséquence un chamboule tout.
Le jeune Russe devait rencontrer l’Ouzbek Muzzafarbek Turoboyev (n°4) en quart de finale. Un duel qui avait tout de la finale avant la lettre, l’immense ouzbek, champion du monde 2022 et terrifiant avec ses arrachés de face et ses makikomi des deux côtés, étant l’un des très rares à avoir battu le Russe – c’était en finale à Tashkent début mars -.
Le Néerlandais Michael Korrel, tête de série n°6 grimpe donc d’une place alors que le Portugais Jorge Fonseca change de tableau : en tant que tête de série n°8, le spécialiste lusitanien de morote-seoi-nage devait rencontrer Zelym Kotsoiev. Désormais n°7, Fonseca affrontera sans doute le Géorgien Ilia Sulamanidze, tête de série n°2. Pas sûr qu’il y gagne au change…
L’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili glisse, lui, à la sixième place. Il reste dans le même demi tableau mais change d’adversaire potentiel avec un quart contre le Canadien Shady El Nahas. Explosif !

+100kg : l’absence des Russes c’est peut-être, sans doute d’abord et avant tout celle d’Inal Tasoev. Co-champion du monde avec Teddy Riner en 2023, le Russe, que le Français devait rencontrer en quart de finale à l’Arena Champ-de-Mars, faisait figurer d’adversaire n°1 pour le double champion olympique individuel tricolore. Resté à la maison en 2021, Taseov, dont vous pouvez retrouver l’interview dans notre dernier magazine avait en effet décidé de ne pas laisser de place au doute quant à savoir qui Ezio Gamba et son staff devaient envoyer à Paris cet été. Résultat ? Cinq victoires en Grand Chelem, un titre de champion d’Europe en 2024, une finale de Masters et une finale mondiale. Seulement quatre défaites sur l’olympiade pour lui, dont deux contre Riner ! Un concurrent très sérieux en moins, en somme. Mais le chemin se dégage-t-il pour autant pour le Français ? Tête de série n°6, Riner verra se dresser face à lui, en quart de finale, le Géorgien Guram Tushishvili, vice-champion du monde 2024 et qui donne des signes très clairs de dynamique positive. Si cela passe, l’Ouzbek Yusupov et ses yoko-guruma de l’Enfer pourrait bien être le deuxième obstacle sur le chemin d’un troisième titre olympique individuel historique. Le protégé d’Ilias Iliadis avait marqué le premier contre le Français au Grand Chelem de Paris, avant que ce dernier ne montre qui est le patron. Grande méfiance donc.
Le jeune japonais Tatsuru Saito, qui a traversé la moitié de la Terre pour gagner deux combats à Lima (Pérou) afin de reprendre sa sixième place à la ranking list olympique et ainsi éviter un quart de finale contre Tasoev se retrouve finalement reverser dans l’autre partie de tableau. Une demi-finale face au jeune et très talentueux coréen, Minjong Kim, champion du monde en titre, est l’hypothèse la plus crédible, cette partie de tableau devenant plus ouverte. Quoiqu’il arrive, Teddy Riner rencontrerait alors un gaucher asiatique, plus petit que lui, en finale. Une journée dantesque mais entrer  – encore plus –  dans l’histoire de notre discipline sera à ce prix !