Ça sent la fin de carrière pour la triple médaillée européenne

Photo : Robert Danis / www.judopassion.ch

C’est au détour d’un coup de fil faisant suite à la liste des sélectionnés au tournoi de Paris, où elle n’apparaît pas, qu’on apprend la nouvelle : « J’ai décidé de prendre du recul. J’en ai parlé aux entraîneurs et au DTN en début de saison. Je ne pensais qu’à ça : l’après judo, me construire. Ça a d’ailleurs parasité ma préparation pour Rio. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Ça aurait peut-être été différent si on m’avait aidée, mais bon… » L’intéressée, c’est Laëtitia Payet, triple médaillée européenne qui, si elle ne le dit pas clairement, met un terme à sa carrière, dans un quasi anonymat.

Explications : « Depuis que je suis athlète en équipe de France, on ne m’a proposé aucune convention. Je me suis débrouillée pour faire un BTS immobilier que j’ai obtenu en 2010 après un essai en BTS informatique qui ne me convenait pas. Aujourd’hui, je touche 500 euros par mois, c’est-à-dire à peu près la même chose que quelqu’un qui s’entraîne à l’INJ alors que je suis trois fois médaillée européenne (la dernière fois en avril dernier, NDLR) et que j’ai représenté la France aux JO il y a un an, dit le sociétaire de Villemomble Sports, visiblement sans aigreur. Ça ne pouvait pas continuer comme ça, alors j’ai choisi de penser à mon avenir et de me construire. » Celle qui se lance comme agent immobilier indépendant ne brocarde pas le système. Tout juste se dit-elle « un peu déçue, parce que le soutien n’a, c’est vrai, pas été à la hauteur de ce que j’ai donné pendant toutes ces années. » Une fin de parcours abrupte pour une combattante qui ne se sent manifestement pas aujourd’hui assez soutenue pour continuer à tenter de concilier formation, puis premiers pas professionnels avec les exigences du haut niveau.

Si elle ne ferme pas complètement la porte à un retour « Je me vois plus revenir qu’arrêter là-dessus aujourd’hui, pourquoi pas deux ans avant les JO », Laëtitia Payet est lucide « Ce sera difficile de rattraper le wagon des jeunes qui sont en train d’être lancées. Les régimes en -48kg ont été très durs cette année, j’ai aussi été blessée six mois sur douze au cours des deux dernières années. J’aime les défis. J’espère que j’aurai la force. Mais si l’envie n’est pas là, je passerai à autre chose.» C’est sans doute déjà fait.