« Lors des itv au téléphone, on ne me reconnaît pas toujours, c’est marrant ! »

Vendredi, Lola Benarroche décrochait une médaille d’argent en moins de 57kg, lors des championnats d’Europe U23 à Samokov en Bulgarie (lire ici). Mardi, elle revenait discrètement à l’Esprit du Judo, la médaille dans le sac à dos. Intégrée depuis peu à la rédaction, Lola est devenue la championne de l’équipe.

© Marion Ferrère – L’Esprit du Judo / Lola a intégré l’EDJ depuis mi-ocotbre

Lorsque Lola passe la porte de la rédaction mardi matin, quelques jours après sa 2e place européenne en Bulgarie, les têtes se lèvent des ordinateurs. Les félicitations se multiplient, auxquelles elle répond avec un sourire timide.  « De toute manière tu n’avais pas le choix, sinon tu bossais dehors », lui rappelle Olivier Remy, co-rédacteur en chef de l’EDJ, en riant. Quelques heures plus tard, Emmanuel Charlot en fera de même, « aujourd’hui, tu es la seule à qui je fais la bise, tu l’as mérité », s’amuse-t-il. Cette médaille a un peu créé l’événement dans la rédaction. Vendredi, certaines ont appris à reconnaitre un ippon en regardant la retransmission des combats de Lola sur le net – alors qu’Antoine Frandeboeuf, journaliste de la rédac, leur expliquait patiemment les techniques que la sociétaire du RSC Champigny employait.  « Quand j’ai appris qu’ils m’avaient suivie, ça m’a fait plaisir. Avant les France, j’avais aussi reçu un message de leur part. Ça prouve que je me suis bien intégrée », se réjouit la jeune championne.

« Ne pas mélanger judo et journalisme »

Le journalisme, Lola l’envisage pour sa reconversion. « J’ai besoin de travailler dans plusieurs domaines, ça me fait du bien de faire autre chose que du sport. À l’EDJ, j’apprends à travailler », explique celle qui étudie aussi à Sciences Po. « Dès mon premier jour, j’ai bossé, réalisé des interviews. J’étais un peu flippée quand même mais on m’aiguille bien », ajoute-t-elle en souriant. Lola possède un avantage certain : elle connait le judo et ses acteurs. « Quand je les appelle au téléphone pour un article, je me présente comme Lola Benarroche. Tout le monde ne capte pas sur le moment. Ils réalisent seulement après que c’est moi qui ai fait l’interview. C’est marrant », s’amuse-t-elle. Pour autant, elle n’en joue pas. « Parfois j’entends des trucs à l’INSEP, je me dis que ça peut intéresser mais je ne veux pas en parler sans accord », précise Lola. Par exemple, pour les championnats d’Europe U23, elle a tenu à rappeler son coach pour avoir ses réactions sur la compétition. « Ça l’a surpris car j’étais là, sur le tapis, mais je tiens à respecter le cadre du journalisme ».  Pour elle, l’important est d’être crédible autant sur les tatamis que dans ses papiers : « Je fais attention aux mots que j’emploie. C’est compliqué d’écrire sur ceux que l’on connaît.  J’essaie de prendre du recul et de dissocier les deux univers ».

Une médaille qui rebooste

Lola jongle donc entre la rédaction et les entraînements à l’INSEP. Dans les semaines à venir, elle souhaite renouer avec la compétition. Elle sera bientôt au tournoi de Wasquehal, et ensuite à Arlon; en Belgique. « J’ai besoin de retrouver mes repères en tournoi, cela fait deux ans que je n’ai pas pu m’entraîner comme il faut suite à de nombreuses blessures », ajoute la judoka. Alors qu’elle n’a pas pu prouver toute sa valeur lors des derniers championnats de France, sa médaille bulgare lui offrira certainement quelques sorties en World Cup. Les France… Un mauvais souvenir après sa défaite au premier tour. « D’habitude, c’est une compétition qui me réussit, il faut croire que je me trompais », dit-elle avec un petit sourire. « J’ignore ce que la Fédération a prévu pour moi cette année. Je suis dans une posture délicate car je risque de ne pas combattre à mon niveau. Je me rends compte que cette compétition est cruelle, car il en découle toute la saison. Je passe notamment à côté de la sélection pour Bercy », regrette-t-elle. Pour autant, Lola ne compte pas lâcher. « Après ma finale à Somokov, j’étais déçue de passer une nouvelle fois à côté de l’or, mais en même temps cette médaille me rebooste. Avec un bon entraînements, je peux aller plus loin. Aussi, à Marseille, toutes les filles de mon équipe ont été classées. Je me sens donc de nouveau légitime, on va pouvoir fêter ça ensemble », confie-t-elle enthousiaste. La rédaction sera ravie d’y participer (avec des crêpes comme promis).