Confirmations et surprise ce dimanche, marqué par une panne générale de courant ! Un incident logistique qui gela la compétition une bonne demi-heure (entre 13h10 et 13h40), avant une reprise sous une lumière tamisée, réservée aux trois tapis.
Des confirmations d’abord. La première est à chercher du côté français avec la confirmation qu’en +78kg, il y a Akira Sone et nos deux leaders tricolores en +78kg, Julia Tolofua et Romane Dicko. La championne olympique et du monde absente, la championne du monde 2022 et la vice championne du monde 2023 arrivent en finale sans vraies difficultés à rencontrer. La victoire ira finalement à Dicko, plus volontaire et meilleure au kumikata. Trois shidos à un pour la judoka du PSG Judo qui relance sa dynamique, après des championnats du monde 2023 ratés. Tolofua a pour elle un régularité désormais incontestable : deux médailles mondiales cette saison (bronze à Tashkent, argent à Doha) et une médaille d’argent ici, à Budapest, elle qui n’était pas présente à Jérusalem en décembre dernier. Dicko, elle, clôt cette saison pré-olympique avec un titre mondial et deux victoires au Masters. Une victoire de Tolofua cet après-midi lui aurait sans doute donné un avantage temporaire mais avéré dans la course olympique. Dicko le savait sans doute et a fait exactement ce qu’il fallait pour écarter cette hypothèse. La course à la titularisation pour Paris 2024 reste donc totalement indécise pour deux filles qui ont tout ce qu’il faut en elles pour décrocher l’or olympique. Deux combattantes qui ont distancé de manière définitive devant leurs concurrentes nationales : Coralie Haymé, en argent au Masters de Jérusalem où elle avait réussi l’exploit de battre Akira Sone, termine cette fois-ci cinquième battue pour le bronze par la Chinoise Shiyan Xu.
Léa Fontaine, elle, se classe septième après avoir perdu contre Romane Dicko aux pénalités, bien qu’ayant réussi à imposer sa puissance en tout début de combat.
Confirmations ensuite de l’abgnégation de Madeleine Malonga et Fanny-Estelle Posvite à ne pas lâcher le morceau vis-à-vis d’Audrey Tcheuméo. Celle-ci connut clairement une journée sans, très loin de la monstrueuse impression laissée à Doha il y a trois mois où elle termine vice championne du monde. Septième ce soir, la double médaillée olympique de Londres et Rio voit Malonga terminer en argent et Posvite en bronze. Malonga, qui travaille en club depuis plusieurs semaines avec Jean-Pierre Gibert, fait la plus forte impression avec un nivau de 20219-2021 retrouvé. Terrible à l’impact, létale avec son uchi-mata, cherchant même le coup dur en ne-waza contre la Japonaise Rika Takayama, elle bat Posvite en demi-finale aux pénalités. Seule l’Israélienne Inbar Lanir, effrayante toute la journée, arrivera un mettre un stop à la vice championne olympique de Tokyo. En bronze au Grand Chelem d’Astana – comme Malonga – Fanny-Estelle Posvite ne cède que face à sa compatriote. Puissante naturellement, la Campinoise évite le piège ukrainien Lytvynenko – une junior 2ème année, médaillée mondiale 2022 et en bronze aujourd’hui – sur un waza-ari juste avant la coupure de courant.
Au jeu des pronostics, et vu les résultats du jour, on serait tenté de parier que les deux catégories doublées pour les championnats d’Europe (3-5 novembre, Montpellier) soient celles de ce dimanche.
Dans la même catégorie, Inbar Lanir confirme qu’elle est bien la meilleure -78kg du monde avec une prestation, comme nous le disions plus haut, tout simplement effrayante ! Moins d’une minute passée sur le tapis à chaque combat, un impact terrible, des solutions à chaque problème tactique posé, comme ce ura-nage à gauche infligé à Malonga en finale. L’impression laissée ce dimanche est monstrueuse.
Une catégorie où les juniors pointent déjà leur nez comme l’Ukrainienne Yelyzaveta Lytvynenko ou la Néerlandaise Lieke Derks. Née en 2004, la compatriote de Daria Bilodid qui fut médaillée mondiale 2022 a encore bluffé son monde avec une maîtrise remarquable des ashi-waza. Derks, junior troisième année, termine cinquième mais monte en puissance. Attention à elles dans un an !
Chez les masculins, Alexis Mathieu confirme qu’il aime le Masters : après l’argent obtenu à Jérusalem, le Parisien gagne le bronze. Défait sans discussion par l’Ouzbek Davlat Bobonov, le judoka du PSG se sera montré sous son meilleur jour, aussi à l’aise en garde fondamentale pour ses ashi-waza qu’au corps-à-corps pour enfoncer l’Azerbaidjanais Murad Fatiyev sur ura-nage lors des repêchages.
Seul médaillé et classé masculin, Mathieu engrange 900 précieux points et confirme une dynamique initiée au Grand Chelem d’Oulan Bator avec une médaille de bronze.
Maisuradze/Bekauri, acte II
La confirmation vient aussi du côté étranger avec la domination sans partage de la Géorgie sur la catégorie des -90kg. Même finale qu’à Doha entre Luka Maisuradze et son dossard rouge et Lasha Bekauri et son dossard doré. Ce dimanche, c’est le second qui s’impose aux pénalités. À voir jusqu’à quand Lasha Gujejiani décidera de faire durer cette concurrence. Mais l’histoire d’amour entre la Géorgie et cette catégorie de poids (trois champions olympiques depuis le début des années 2000 avec Zurab Zviadauri en 2004, Iraki Tsirekidze en 2008 et donc Lasha Bekauri en 2021) semble plus que résister au temps.
En -100kg, Muzzafarbek Turoboyev, réaffirme qu’il faudra bien compter avec lui à Paris. Champion du monde à domicile à l’automne 2022, cet adepte des makikomi des deux côtés signe une journée de Golgoth, éliminant Lukas Krpalek, Shady El Nahas, Michael Korrel et le pieux Israélien Peter Paltchik en finale.
Martti Puumalainen fait résonner le Maamme
La surprise, elle, est aussi grande que le plaisir à admirer ses seoi-nage. Ce dimanche, Martti Puumalainen, Finlandais de vingt-six ans d’un mètre quatre-vingt trois centimètres pour environ 135 kg, coaché par le Slovène Rok Draksic, seizième à la ranking-list mondial, réalise une performance XXL en s’offrant la victoire chez les +100kg ! Il accroche à son tableau de chasse, Gela Zaalishvili mais surtout le jeune Japonais Tatsuru Saito, vice champion du monde 2022, en demi-finale et le grand Tadjik Temur Rakhimov, n°1 mondial, en finale. Son arme favorite ? Un seoi-nage à gauche au timing et au placement parfaits qui aura surpris tout son monde. Un Finlandais vainqueur du Masters ? Il n’y en avait jamais eu, le meilleur résultat étant jusque là la cinquième place de Jaana Jokinen chez les -52kg en 2013. Vingt après, voilà donc un judoka du pays où le hockey et la rallye sont rois, sur la plus haute marche d’un événement du circuit FIJ. Une belle histoire.
Japon, France, Géorgie, trio gagnant
En tête dès le premier jour, le Japon n’aura jamais été mis en danger dans la course aux médailles. Ce soir, les équipes de Keiji Suzuki et Katsuyuki Masuchi terminent à la première place avec quatre titres, une médaille d’argent et six de bronze. Sans -90kg engagés (Sanshiro Murao, n°2 mondial était forfait pour blessure) et un Aaron Wolf, champion olympique en -100kg, hors sujet ce dimanche, les masculins nippons repartent avec une médaille dans cinq des sept catégories. Chez les féminines, aucune -52kg, des -78kg toutes éliminées en tableau dont la championne olympique Shori Hamada et une +78kg, Wakaba Tomita, battue dès le premier tour. S’il n’y a pas de doute sur les titulaires pour Paris en -52kg et +78kg, le manque de résultats probants en -78kg va sans doute pousser le comité de sélection japonais à ne pas décider rapidement.
La France se classe seconde avec huit médailles : deux titres pour les deux combattantes du PSG Judo Amandine Buchard et Romane Dicko, trois médailles d’argent et trois de bronze. L’équipe de Christophe Massina termine même à la première place au classement féminin.
La Géorgie complète le podium avec six médailles (un titre, une médaille d’argent, quatre de bronze).
Japon, France, Géorgie ? Les nations fortes furent bien au rendez-vous d’un rendez-vous qui signe la fin de cette saison. 2022-2023 est désormais clos. Place à 2023-2024 avec, plus que jamais, les JO en ligne de mire.