La France troisième nation… par ses féminines
On avait vu se profiler l’or ces derniers jours pour les Françaises, sans jamais qu’elles l’atteignent, avec Amandine Buchard, Clarisse Agbegnenou ou encore Marie-Eve Gahié. On pouvait espérer aujourd’hui une belle performance de la troisième championne du monde en titre engagée sur ces Masters, Madeleine Malonga en -78kg. Mais en panne manifeste de motivation et donc d’autorité sur le combat, elle courrait un peu dès le premier tour derrière la modeste Coréenne Yoon Hyunji et finissait par se faire dérouler sur un seoi-nage. Le flambeau pouvait être opportunément repris par Audrey Tcheumeo, qui cherche depuis le début de l’année les moyens de rappeler qu’elle est encore une grande championne. C’est ce qu’elle faisait d’ailleurs, mieux en jambes que ces derniers temps, se hissant en finale sans trop de difficultés au gré des contre-performances de quelques favorites, comme la Brésilienne Aguiar. Mais c’est finalement la troisième, et désormais plus proche d’être la numéro un bis, et en tout cas clairement la n°2, la championne de France Fanny-Estelle Posvite, qui allait priver Tcheumeo d’un beau retour en or. Elle passe en effet encore un cap avec cette spectaculaire victoire au Masters, dominant notamment la Japonaise Umeki, championne du monde 2015, qu’elle contrait, la Néerlandaise Steenhuis, vice-championne du monde 2018, à laquelle elle plaçait un très beau o-soto-gari / nidan-ko-soto-gari sur laquelle Steenhuis semblait se faire mal, ou en surclassant la « top 10 » allemande, Anna-Maria Wagner. En finale, Audrey Tcheumeo se montrait assez dominante au kumikata, mais subissait néanmoins une accélération qui la poussait sur le dos, un peu comme en finale du championnat de France. Fanny-Estelle Posvite est de plus en plus impressionnante.
Korrel, la puissance
Pas d’autres médailles féminines françaises ce jour là, malgré la présence d’Anne-Fatoumata M’Bairo et de Julia Tolofua en +78kg. Elles tombaient toutes les deux sur les deux finalistes à venir, M’Bairo devant la future médaille d’argent l’Azerbaidjanaise Iryna Kindzerska, Julia Tolofua au second tour (après avoir battu la Russe Chibisova), contre la médaille d’or du jour, la Néerlandaise Tessie Savelkouls. Ce qui amène d’ailleurs les Pays-Bas en seconde nation avec trois titres, car le grand et puissant Michael Korrel sortait victorieux d’une catégorie des -100kg plus que complète avec notamment le Japonais Wolf – vaincu en finale sur un petit seoi-nage — et cinq Russes pour le prix d’un ! Il y avait aussi deux Français attendus. Cyrille Maret parvenait à étrangler le Russe Niiaz Bilalov au premier tour, mais se faisait pousser dehors aux pénalités par le Géorgien Varlam Liparteliani, qui allait se hisser sur le podium à la troisième place. Alexandre Iddir était bousculé par la puissance de Niyaz Ilyasov, le vice champion du monde 2019 et futur troisième, et se faisait étrangler.
Clerget – Sherazadishvili, la revanche
Même l’homme du moment, le doublé médaillé mondial Axel Clerget passait à côté, vainqueur dans un premier temps du Géorgien Papunashvili au sol, mais se faisait surprendre par un sutemi latéral du champion du monde 2018, l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili, un combattant qui lui réussit pourtant plutôt bien et qu’il avait battu au premier tour du championnat du monde 2019. Là encore c’était une catégorie chargée en talent, dont beaucoup chutaient avant la fin, par exemple les deux Japonais engagés, Kenta Nagasawa et Sanshiro Murao. C’est finalement le jeune Géorgien Lasha Bekauri, tout juste sorti des juniors, qui finissait en grand vainqueur et répondait ainsi à la victoire de Beka Gviniashvili à Osaka. Une grosse bataille engagée pour la sélection olympique.
On retiendra aussi de ces Masters que, si ils sont très fréquentés tant les gains en points sont potentiellement importants, la motivation des combattants reste très médiocre. Pire, trois finales n’ont pas pu se jouer pour cause de forfait de l’un des combattants, sans qu’il soit bien clair qu’ils soient vraiment blessés. Des questions pour l’avenir.