Ce qui nous attend l’année prochaine
Des « rumeurs » synthétisées en premier par le site Alljudo, reprises par le site Judoinside et quelques autres – dont un site espagnol plutôt bien informé – ont mis le feu aux poudres hier. Elles concernaient les règles d’arbitrage que la Fédération Internationale de Judo compte mettre en place pour la nouvelle olympiade. Ces rumeurs amènent autant de flou et d’imprécision que d’informations réelles. Voici ce que L’Esprit du Judo peut clarifier dans l’état actuel des choses.
Un processus toujours en construction
La discussion est engagée depuis plusieurs mois. Une première réunion décisive a eu lieu en marge du Grand Chelem d’Abou Dhabi. Une seconde étape importante s’est déroulée lundi 5 à Tokyo, juste après le Grand Chelem. Elle a permis de valider et de préciser ce qui restait en suspens. Des choix ont été faits. La dernière étape, qui commence en particulier début janvier par un séminaire de travail à Bakou reste néanmoins importante puisqu’il s’agit maintenant de monter sur le tapis pour faire passer le message aux coachs du monde entier et pour entrer encore plus nettement dans la mise en place de ces nouvelles règles. Par ailleurs la FIJ précise qu’elle entre maintenant dans une période de test, qui part du Grand Chelem de Paris 2017, première compétition prévue pour la mise en action de ces nouvelles règles, jusqu’aux championnats du monde qui ont lieu cet été à Budapest. Ce qui « ne marche pas » peut être encore retoqué pendant cette période et de nouvelles propositions, jugées pertinentes, pourraient être intégrées. La Fédération Internationale se donne encore un an, une période de gestation qui sera prolongée dans les faits jusqu’au début de la période qualificative pour Tokyo 2020, soit deux ans avant les Jeux. Il s’agit donc, dans l’état actuel des travaux, de tout mettre au conditionnel.
De quoi sont faites ces nouvelles règles ?
1- Une seule valeur basse (non cumulative)
La première est sans doute l’une de celle qui fera le plus débat concerne l’adoption d’une unique « valeur basse » à la place des actuels « yuko » et « waza-ari ». Elle s’appellera probablement waza-ari et englobera l’actuel yuko et l’actuel waza-ari. Le ippon est conservé comme « valeur haute » et il est toujours le ippon que nous connaissons qui clôt le combat. Des voix s’élèvent déjà pour entamer une réflexion sur ce qui doit être défini comme un « vrai » ippon.
Information importante : contrairement à ce qui circule sur le net, il a été décidé que les « waza-ari » nouvelle formule ne se cumulent pas pour obtenir le ippon. En conséquence, le principe du « waza-ari – awazete – ippon » (deux waza-ari valent un ippon) disparaît.
2- Plus de hansokumake direct pour le contact aux jambes
Si le principe de l’interdiction des ramassements de jambe n’est pas remis en question, le contact intentionnel ou non-intentionnel ne sera plus sanctionné que d’un shido. Un second contact au cours du combat est en revanche toujours sanctionné d’un hansokumake. Une façon de s’épargner les drames qu’on a encore vu aux Jeux, dont la disqualification de la Française Priscilla Gneto.
4- Temps de combat réduit à quatre minutes
Encore une décision qui va faire débat : constatant l’effet négatif sur le plan de l’image d’un temps de combat différent sur les féminines et les masculins, la décision est prise de ramener tout le monde au même niveau, soit quatre minutes de combat, au lieu des cinq minutes actuelles pour les seniors masculins. Il est à noter cependant que la FIJ anticipe de plus fréquents « golden score » qui prolongeront les combats au-delà de ce temps de base. Cette égalité fille / garçon anticipe aussi la possibilité – c’est un projet défendu actuellement devant le CIO – d’un tournoi par équipes mixtes aux Jeux 2020, avec trois masculins, trois féminines. Un projet à l’état d’ébauche.
5- La pénalité ne permet plus de gagner le combat, sauf par hansokumake
Un décalage aux pénalités ne permet plus de décider du vainqueur à la fin du combat. Si aucune action n’a été comptabilisée, le combat continue au golden score. De même une pénalité obtenue au golden score n’arrêterait pas le combat. Seule, donc, une marque positive permet de l’emporter, ou la disqualification de l’adversaire.
Information importante : Le nombre des shido pour la disqualification est réduit à trois. Ils restent au compteur au démarrage d’un golden score potentiel.
6- La première marque après dix secondes en osae-komi
En cohérence avec la décision de ne créer qu’une valeur basse, le temps d’oase-komi pour cette première valeur (waza-ari nouvelle formule) est fixée à dix secondes.
7- Un arbitrage orienté contre le « judo négatif »
Peu commentée pour l’instant, cette nouvelle approche est pourtant sans doute la plus importante concernant la nouvelle olympiade. Le système d’arbitrage jugé trop complexe, serait simplifié, notamment sur les saisies, pour valoriser un arbitrage plus « dans l’esprit », demandant aux arbitres de laisser le temps au combattants de s’installer, en évitant de pénaliser trop systématiquement les points de détail. Très intéressante en soi, cette tendance demande à passer l’épreuve du feu. C’est sur le tapis que nous saurons si quelque chose se prépare vraiment à évoluer à ce niveau dans le futur.
Rendez-vous au tournoi de Paris pour les premiers effets des « règles d’arbitrage 2017 ».