Le rendez-vous, dans la saison juniors française, est incontournable. Une preuve de cela ? Son statut de Super Excellence. Le seul au calendrier de la saison. Aix-en-Provence, un nom qui résonne depuis longtemps dans le paysage compétitif de cette catégorie d’âge. Avant, c’était avec Poitiers, Sens et le Tournoi de France. Maintenant, avec Cormelles-le-Royal en particulier (mais aussi Clermont-Ferrand, Limoges ou Orléans et Amiens à venir) dans un calendrier où les championnats de France juniors se positionnent début mars. Le tournoi provençal reste donc comme une référence inscrite dans le temps, avec sa trente-huitième édition organisée le week-end dernier et ses 442 combattants (285 masculins et 157 féminines). Qu’en retenir ?
-Une logistique qui a su s’adapter
Organisé logistiquement par l’Aix Université Club de Judo (AUC) du président Yann Martinon, cette édition laissera une très bonne impression. D’abord, parce que le club a dû s’adapter au fait d’un changement de lieu de tournoi imposé par les circonstances. Le dojo habituel a été transformé par la mairie aixoise, depuis maintenant un an, en vaccinodrome. D’où la nécessité de déménager le lieu de la compétition. Conséquence : pour la première fois une édition sur deux jours et sur six tapis. Un contexte sanitaire qui pesait également sur le programme, mis en place lui par la ligue PACA et son nouveau coordonnateur ETR, Philippe Blanquet, avec des pesées décalées. Si spectateurs, entraîneurs, combattants et arbitres connurent régulièrement des moments de pause (entre temps de récupération obligatoire et attente pour que les places de troisième et les finales se déroulent en même temps), le timing fut parfaitement respecté, avec même une heure d’avance sur la fin prévisionnelle le dimanche. Dans une configuration très contrainte par la situation sanitaire, l’intendance a suivi, ce qui est déjà une belle réussite.
-Une seule délégation vous manque…
La nouvelle donne du circuit international débuté à la fin des années 2000 produit pleinement ses effets depuis maintenant quelques années. La mise en place de Coupe européenne chez les jeunes a logiquement incité les staffs européens «jeunes» à privilégier ses évènements, rémunérateurs en termes de points à la ranking-list mondiale. Une stratégie qui a directement impacté les tournois français internationaux. Chez les cadets, on a vu ainsi le Tournoi de France cannois se dépeupler chaque année de délégations étrangères (au moins en qualité). Une autre démonstration a eu lieu ce week-end. Si on comptait des équipes nationales venues du Canada, de Suisse, de Belgique et une délégation de clubs italiens, les meilleurs éléments juniors de ces pays n’étaient pas présents. Chiffres à l’appui : sur les seize catégories, les médailles étrangères sont au nombre de cinq. Il y a certes deux victoires : la Néerlandaise Dagmar Von Wonderen en -70kg, qui bat en finale Marie Desangle (La Couronne Grand-Angoulême Judo), première année, sur un juji-gatame. Et le Suisse Loic Gerosa en -81kg qui surprend Jason Okoye, vice champion d’Europe cadets 2021 avec un yoko-tomoe-nage en bordure. En argent, le Néerlandais Floris Den Hartog en -90kg, qui ne peut rien sur le très classique uchi-mata de Yoann Benezra (Vaucluse Judo), en argent à Clermont-Ferrand et Cormelles-le-Royal. Enfin, en bronze, Nanco Krijthe (Pays-Bas) en -60kg et la Suissesse Aline Rosset (-57kg).
Aucune médaille italienne, ni canadienne. Une reconfiguration du circuit «jeunes» qui a incité la France, et certaines de ses ligues, à vouloir mettre en place des Coupes d’Europe. C’est ainsi que début juin se tiendra le premier évènement de ce genre à Nanterre pour les juniors. Une compétition organisée par la ligue Île-de-France. Idem pour les cadets, début juin à Strasbourg avec cette fois-ci la ligue Grand-Est à la manoeuvre.
Une 38e édition qui souffrait aussi et surtout de l’absence de l’habituelle délégation japonaise. Une présence qui fait chaque année saliver et provoque logiquement excitation et envie de voir les futures stars du judo nippon et de s’y confronter. Rappelons qu’au moins trois des derniers champions olympiques japonais ont foulé les tatamis du tournoi aixois : Naohisa Takato, Shohei Ono et Aaron Wolf. Composée des champions «high school» (lycées) de l’année, l’équipe japonaise était absente pour plusieurs raisons cumulatives dont le fait que les championnats nationaux juniors, reportés pour des raisons sanitaires, ont finalement lieu le week-end prochain.
-Des confirmations en l’absence des leaders, le Stade Bordelais en pôle
Autre absence, celles des juniors masculins de l’Insep, en stage actuellement en Mongolie. Chez les féminines, une seule médaillée internationale de la saison 2021 était présente : Léa Bérès (-48kg, Stade Bordelais Judo), en bronze aux championnats d’Europe au Luxembourg. En clair, une très grande majorité des n°1 Français n’étaient pas présents. L’occasion donc de se montrer pour d’autres. Retenons à cet égard la victoire de Pauline Cuq (DAN 79) en -48kg, face justement à Léa Bérès. Un combat de haute volée pour deux judokates, jeunes, mais déjà habituées du haut niveau international et national (elles étaient toutes les deux présentes aux CF 1re division où Bérès fait cinquième). Bérès n’est que deuxième année, alors que Cuq, championne d’Europe cadette en -44kg cet été entre dans sa première année juniors. La Niortiaise s’impose grâce à son spécial (morote-seoi-nage) immédiatement suivi au sol. Deux combattantes aux grandes qualités et qu’on retrouvera, c’est une certitude, pour le titre national début mars. En -52kg, Alya De Carvalho (AS Chelles Judo), élève de Benjamin Gury, avec sa grande taille, ses ashi-waza et son ne-waza aura eu raison de toutes ses adversaires du jour. Internationale cadette, celle qui est depuis septembre au pôle de Strasbourg avec Eric Deschamps, surfe donc sur sa dynamique de performance. Retenons les coups de judo de certaines finales : Louis Pestelard (-55kg, FLAM 91), déjà victorieux à Cormelles-le-Royal, qui place un uchi-mata en cercle aussi soudain que pur pour mettre sur le dos Thibault Demarinis (SO Givors), le morote-seoi-nage à gauche au parfait timing de Khuslen Munkhuu (-100kg, JC Grand Quevilly), protégé de Paco Legrand, l’ippon-seoi-nage de Léa Machut (+78kg, JCJJ Lucciana) qui enroule parfaitement Grace Mienandi Lalou (JC Villepinte) dans un combat où la différence de gabarit était en très nette défaveur de la combattante corse. Enfin, le uchi-mata tout en feeling de Nessim Ben Hassine (+100kg, JC Cannes Ranguin). Une première victoire à ce niveau pour ce junior première année (victorieux du TDF cadets en 2020 en +90kg)… ceinture verte.
Au niveau des clubs, le Stade Bordelais Judo de David Gonzalez et Bertrand Becerro domine le classement avec deux titres (Enzo Jean en -60kg, qui fait le doublé après Cormelles-le-Royal, Gregore Leontoae en -73kg, victorieux lui à Limoges, l’argent de Bérès et le bronze de Morgane Rubiano en -78kg). Suit le FLAM 91 de Sarah Harachi avec deux titres (outre Pestelard, la -57kg Maillys Zihri monte sur la première marche) et deux bronze (Lou Lemire, toujours en -57kg et Carla Hackspill en -70kg) puis Chelles Judo avec un titre (De Carvalho) et une médaille d’argent (Melkia Auchecorne en -63kg).