Au revoir la Croisette, les marches, le Palais des Festivals et le Palais des Victoires où se tenait le Tournoi de France cadets depuis 2014.
Bienvenue au Palais des Sports de Marseille et son tournoi Super Excellence Bernard Tchoullouyan. Une dénomination en hommage au champion formidable qu’était ce judoka (médaillé de bronze aux JO de Moscou en -78kg, champion du monde 1986 en -86kg, vice champion du monde 1979 en -78kg) réputé pour son élégance stylistique, malheureusement décédé il y a deux ans.
Un évènement dont la labellisation, du fait de la ranking-list nationale et des modes de qualification pour les championnats de France, en faisait donc un rendez-vous incontournable pour les meilleurs cadets français. Une compétition organisée de mains de maîtres par la ligue PACA, son directeur technique régional (Philippe Blanquet) et son équipe. Ce samedi ils étaient 535 combattants (336 masculins, 199 féminines), répartis sur huit surfaces. Verdict de ce premier tournoi Bernard Tchoullouyan ?
-Peu de surprises
Ils n’ont toujours pas perdu un combat en tournoi depuis le début de la saison. Une dynamique de victoires que le succès ce samedi dans la cité phocéenne prolonge tout en confortant leur statut de favori au titre national début avril à l’Institut du Judo (Paris).
Les plus éclatantes viennent de Johnny Ozmanyan (AS Chelles Judo) et Rassul Khaitaev (Olympic Judo Nice). Sixième victoire consécutive en tournoi pour chacun d’entre eux ! Le premier (-46kg), judoka très sobre, s’impose après Bressuire, Clermont-Ferrand, Tergnier, Harnes et Forges-les-Eaux. En finale, il marque deux waza-ari à Natan Taysse (JC Suzerain).
Le second (-73kg), force tranquille, monte une nouvelle sur la prmeière marche du podium après Le Luc, Clermont-Ferrand, Tarbes, Limoges et Dijon. En finale, il étrangle Thomas Delaunay (JC Argences) sur un koshi-jime.
Morgane Annis (Alliance Grésivaudan Judo) réalise elle la passe de cinq : Le Luc, Clermont-Ferrand, Limoges puis Dijon (en -48kg). Gauchère au style classique, forte sur uchi-mata, l’élève d’Olivier Cano et Nicolas Chansseaume se défait sereinement de Naomi Lavoie (JC Pont l’Abbé Arnoult) après un très léger waza-ari puis un autre marqué sur morote-seoi-nage.
Doria Boursas (AM Asnières), en -63kg, cumule désormais un quatre à la suite après Tergnier, Harnes et Forges-les-Eaux. En finale, elle surprend deux fois Shineys Marine (AS Chelles Judo) avec son ko-uchi makikomi.
Faustine Wallon (Balma Saint Exupéry 31, -52kg) signe elle une troisième compétition sans défaite après Le Luc et Clermont-Ferrand.
D’autres vainqueurs ont, eux, déjà perdu depuis fin septembre dans cette catégorie d’âge. Mais seulement un combat, comme Alyssia Poulange (SO2J Saint Ouen, -48kg), Kelvin Ray (AJ Loire, -60kg) ou Keziah Harvent (La Couronne Grand-Angoulême Judo, -90kg). La première, qui possède un terrible sankaku-jime, remporte ses quatre combats du jour par ippon, dont la finale face à Mel Le Cam (Dojo des Îles d’Or). Quatrième victoire de la saison après Rochefort, Tergnier et Harnes. À noter que la combattante du SO2J s’est également imposée à Cormelles-le-Royal et a terminé troisième à Aix, chez les juniors.
Le second, élève du sorcier ligérien Patrice Palhec, sort une superbe journée avec en clôture un magnifique uchi-mata sur Syuma Louette (US Cenon Judo). Troisième victoire depuis la rentrée après Clermont-Ferrand et Dijon.
Le troisième, formé et coaché par Guillaume Avril, aura dominé de toute sa puissance et son impact ses adversaires du jour, avec ses mouvements d’épaule debout ou son uchi-mata. Qu’il place d’ailleurs à Kayss Leleu (Stade Bordelais Judo) lors de la première séquence de leur finale. Après Bressuire et Forges-les-Eaux, Marseille est donc la troisième compétition remportée par le judoka couronnais.
-Les +70kg, homogénéité et qualité
S’il y a sans doute bien une catégorie où la France ne manque pas de talents, c’est bien celle des +78kg. Avec Romane Dicko, Julia Tolofua, Léa Fontaine, Coralie Haymé, Anne M’Bairo, l’équipe féminine senior, désormais dirigé par Christophe Massina, a de quoi être plutôt confiante (le fameux « problèmes de riche » de Larbi Benboudaoud).
Et à bien regarder les +70kg ce week-end, on se dit que l’avenir de la catégorie a de quoi rendre assez serein. Peu nombreuses (quinze combattantes) comme à l’habitude, il n’en reste pas moins que la densité fut au rendez-vous. Des profils physiques et technico-tactique très variés mais des potentiels et des qualités qui laissent à penser que cette génération, bien drivée, pourrait bien venir encore enrichir d’ici quelques années une catégorie déjà abondamment brillante. Une catégorie où règne également une vraie incertitude puisqu’aucun leadership clair ne se dégage. Samedi, c’est Grace Esther Mienandi Lalou (JC Villepinte) qui s’impose face à Celia Cancan (Judo 83 Toulon), titulaire aux Europe cadets l’été dernier.
La même Mienandi Lalou qui avait perdu à Forges-les-Eaux face à Calypso Debuire (Vendée Judo) en finale, qui elle-même s’était inclinée à Limoges face à Léonie Minkada-Caquineau (DAN 79, troisième hier) en demi-finale.
Un tournoi limougeaud où Cancan, finaliste samedi, avait perdu contre Souad Meunier (JC Couhé), deuxième à Nantes et victorieuse à Tarbes. Bref, aucune de ses jeunes femmes ne dominent avec une autorité absolue. Tant mieux pour le suspens, début avril à l’IJ. Et pour le judo féminin.
-La belle prestation collective des masculins de l’OJ Nice
Sept classés sur neuf catégories pour le club niçois. Impressionnant.
Une victoire, avec le -73kg Rassul Khaitaev, une médaille d’argent avec Bastien Pons (-81kg), deux médailles de bronze gagnées par Amza Chatti (-46kg) et Fedi Khazri (+90kg), une cinquième place avec Elyass Khelifi (-90kg) et deux septièmes places pour Rakhim Djouganov (-66kg) et Emir Issmailov (-60kg).
Une armada qui fait logiquement de l’OJ Nice un favori pour le titre lors des championnats de France par équipes le 11 juin à Villebon.
-Le podium des championnats de France à la Coupe d’Europe cadets fin avril ?
C’est une très grande majorité du nouveau staff cadet qui était présent ce samedi à Marseille (il ne manquait que la médaille olympique de Londres, Automne Pavia). Un nouvel encadrement composé de cadres techniques qu’on retrouva sur les chaises de coach toute la journée. Et quand ce n’était pas le cas, ces derniers étaient très sollicités dans les travées du Palais des Sports. L’occasion d’apprendre qu’il allait être sans doute proposé à Larbi Benboudaoud et au comité de sélection d’engager deux judokas par catégories pour la Coupe d’Europe de Croatie les 12 et 13 mars prochains. Une sélection faite en fonction des résultats de la saison et de la place à la ranking-list.
En ce qui concerne la Coupe d’Europe cadets des 23 et 24 avril à Strasbourg, l’idée serait d’envoyer, au minimum, le podium des championnats de France. Une hypothèse qui devra être, là encore, validée.
Parmi les autres idées évoquées par l’un des membres du nouveau staff, une participation accrue aux Coupes d’Europe des cadets tricolores est visiblement une priorité, que cela soit avec leur structure ou leur club. Un souhait qui soulève une multitude de problématiques (financement, sélection, planification, etc.). Dont aussi celle de la taille des surfaces de combat.
La cohérence ne passerait-elle pas sur un alignement de ce qui se fait à l’international afin que les jeunes judokas tricolores prennent leurs repères avant leur(s) sortie(s) internationale(s) ?
Rappelons qu’en France, la règle est de six mètres sur six mètres. Une différence (36m2 en France donc contre 64m2 voire 100m2 à l’international) qui n’est pas conséquence sur l’arbitrage (identique, lui, à celui de la FIJ) et les pénalités pour sorties de tapis, puisque le règlement arbitral mondial est pensé pour du 8×8 et surtout du 10×10. Pour information, le Japon a officialisé le 8×8 (voir 10×10) pour tous ses championnats nationaux dans son règlement «compétition».
Si cette évolution était envisagée, quid de la logistique ?