Le temps des préparatifs

Dans le prolongement de L’Esprit du judo n°48 actuellement en kiosque, retrouvez ici la suite du journal de bord de la Judo Académie nouvelle génération.

Sore made 2013, hadjimé 2014. Où en sont les participants du long voyage jusqu’à Rio 2016 ? Si vous avez manqué les épisodes précédents (voir EDJ46, EDJ47 et ici), l’équipée comprend Amandine Buchard (France, -48 kg), Hedvig Karakas (Hongrie, -57 kg), Yarden Gerbi (Israël, -63 kg), Kayla Harrison (-70 kg) et Idalys Ortiz (Cuba, +78 kg) pour les filles. Yakub Shamilov (Russie, -66 kg), Gideon Van Zyl (Afrique du Sud, -73 kg), Antoine Valois-Fortier (Canada, -81 kg), Tiago Camilo (Brésil, -90 kg), Toma Nikiforov (Belgique, -100 kg) et Islam El Shehaby (Egypte, +100 kg) pour les garçons. Saison I, épisode 3, attitude… Ré !

Vendredi 22 novembre 2013. A Boston, Kayla passe sa première journée depuis le mois de juin sans agrafes au genou. Son moral affiche une patate de forain. 11 000 km plus à l’est, à Abou Dhabi, Amandine bat la Mongole Munkhbat, championne du monde en titre. L’exploit a lieu en demies après 5’05 de golden score. Coachée par Larbi Benboudaoud, la junior 2 a résisté comme un mur à chacune des tentatives de liaisons debout-sol de sa prestigieuse aînée. Un combat plus tard, elle remporte son premier Grand Prix seniors et bondit de 133 places à la ranking list. Un avènement suivi en streaming par Yarden, dont le visa pour ce pays du Golfe a cette année encore été refusé, géopolitique oblige.

Samedi 23 novembre. Pas d’Islam non plus le lendemain aux Emirats, contrairement à ce qu’il avait annoncé quelques jours plus tôt. « Federation » est son explication par SMS sur le coup. Plus tard, il développera : « J’avais le visa pour Abou Dhabi mais la fédération ne m’a pas laissé partir. J’ai donc décidé de partir seul. C’est à ce moment que Nasser Al Tamini, le trésorier de l’IJF, m’a informé que la deadline était passée… »

Dimanche 24 novembre. 24 ans de Jacques. Le même jour et à 9 000 km de Johannesburg, Toma troque le treillis pour le judogi le temps d’un week-end et se classe 3e par équipes aux Interclubs de Belgique. 10 000 km plus au sud-ouest, à Porto Alegre, Idalys remporte ses quatre combats ainsi que le Grand Prix du Brésil par équipes de clubs avec Minas Gerais. En France, Yves-Matthieu Dafreville donne des news deux semaines après la fin brutale de sa carrière aux France 1D de Marseille : « J’ai décidé de laisser la blessure cicatriser à l’arrache plutôt que de repartir sur une opération et six nouveaux mois de convalescence ». Le néo-retraité espère pouvoir reprendre le sport dans deux mois. « Mais pas le judo » sourit-il.

Mardi 26 novembre. Idalys quitte Porto Alegre pour Tokyo. Elle y retrouve la -48 kg Maria Celia Laborde et Santiago « Chinea » Perez, qui les coachera en l’absence de Ronaldo. En Afrique du Sud, Jacques fête dignement la fin de ses examens et se prépare à suivre le Grand chelem nippon en streaming, faute de pouvoir s’y rendre cette année encore malgré son statut de double champion continental.

Jeudi 28 novembre. Alors que la planète judo commente en long, en large et en travers les nouvelles règles d’arbitrage dévoilées la veille, Amandine et l’équipe de France posent leurs valises à roulettes et leurs Beats-by-Dre au Tokyo Dôme Hotel.

Samedi 30 novembre. A Budapest, Hedvig remporte les championnats universitaires de Hongrie dans la catégorie des -63 kg. L’épreuve comptait 150 engagés et 22 universités. Seul regret du week-end : que sa Fédé n’ait pas eu les sous pour embrayer sur la stage de Tokyo. Un sentiment que ne partage pas Yarden. La méthodique Israélienne a déjà balisé deux semaines d’entraînement au pays du soleil levant en janvier et, pour résumer, « ce sera bien assez ».

Dimanche 1er décembre. Est-ce que le nom de Masyu Baiker, tonitruant vainqueur japonais en -90 kg le jour même à Tokyo, dit quelque chose à Tiago ? « Non », répond franchement le multiple médaillé olympique et mondial. « Ce doit être un nouveau. C’est souvent comme ça en début d’olympiade. » Une tendance que ne démentira pas Antoine, battu par un Coréen classé 58 places derrière lui au classement mondial. « C’est dur. Je semble être dans une période difficile depuis quelques mois. Les entraînements ne vont pas comme je le voudrais non plus. Mais je travaille fort à faire tourner les choses. » L’avènement de son compatriote Kyle Reyes, champion du monde juniors et déjà médaillé d’argent sur ce Grand chelem en -100 kg ? « C’est une bonne chose pour moi et les attentes suscitées par ma médaille olympique, mais c’est aussi une bonne chose pour toute l’équipe ! C’est vraiment un super bon gars, très gentil et extrêmement sympathique. Il a tout pour aller jusqu’au bout ! »


Inoubliable 31 juillet 2012 à Londres pour Antoine et son entraîneur Nicolas Gill. La même dans deux ans à Rio ? ©DR/L’Esprit du judo

Lundi 2 décembre. Pendant qu’Antoine, Kyle et leurs équipiers embrayent sur dix jours de stage à Tsukuba, Kayla crée une page Facebook pour sonder la vox populi à propos des nouvelles règles dévoilées la semaine précédente par la FIJ. Une initiative que salue le coach cubain Ronaldo Veitia sans toutefois abonder dans le même sens : « Nous verrons ce qu’il en ressortira. Pour moi, ce qui est valable pour tout le monde n’avantage personne. Les meilleurs seront ceux qui s’adapteront le plus vite. Des changements il y en a, il y en a eu et il y en aura. Mieux vaut ne pas tergiverser et essayer de s’y adapter le plus vite possible. » Un bon sens que partage aussi Yarden. La n°1 mondiale des -63 kg est bien placée pour en parler puisque son fameux étranglement vient à cette occasion de passer par pertes et profits. « Pour moi le plus gros changement ce sont les shido sans matte. Il y aura moins de pauses pendant le combat donc un kumikata puissant sera plus que jamais un atout. Pour le reste j’ai appris à ne pas me battre contre les règles mais à faire avec. Alors je fais avec. »

Mardi 3 décembre. Pendant qu’Islam part se ressourcer quelques jours à La Mecque avec son épouse, Tiago reprend progressivement, à 11 000 km de là. Renforcement des jambes et du bras gauche et reprise du travail spécifique sur son épaule opérée. « Dans trois semaines je devrai pouvoir faire des uchi-komi ! » se réjouit le jeune homme de 31 ans.

Mercredi 4 décembre. Désignée athlète féminine de l’année la veille par son Comité national olympique, Yarden s’efforce de passer une soirée calme car demain ce sont les championnats d’Israël. Elle s’y sait attendue, tant par ses adversaires que par le public. Vers 23 h son téléphone sonne. Un journaliste local est au bout du fil. Il veut caler une interview pour le lendemain 13 h, en pleine compétition. En raccrochant, Yarden réalise qu’il est temps pour elle de mettre un terme à l’open bar post-Rio et de mieux filtrer ses appels.

Jeudi 5 décembre. Malgré cette nuit contrariée et pour sa première compétition depuis les Mondiaux, Yarden gagne les championnats d’Israël pour la sixième fois dans une ambiance paroxystique : clip hommage, 1 h 30 de photos et d’autographes et accessoirement des adversaires à battre. A Tokyo, Amandine commence à ressentir la fatigue du stage d’après Grand chelem. Le point positif est qu’elle aura fait tomber plus souvent qu’à son tour la Japonaise Ami Kondo, vainqueur du tournoi et qui l’avait battue il y a deux ans en demi-finale des Monde cadets. « Par contre au sol c’est toujours un engin ! » s’esclaffe la Française. Escale pour 48 h d’Idalys à Cuba avant de repartir en Equateur tenir le rôle de porte-drapeau du Festival mondial de la jeunesse – « un honneur ». En Afrique du Sud, Nelson Mandela passe l’arme à gauche. Il avait 95 ans.

Vendredi 6 décembre. Quelques heures après la disparition du père de la nation arc-en-ciel, Jacques nous fait part de son émotion : « C’est un jour très triste pour notre pays, mais quelque part c’est un jour de paix pour mon cœur. Nous ne remercierons jamais assez Nelson Mandela pour tout ce qu’il nous a apportés. Il est parti mais son souvenir nous accompagnera toute notre vie. J’ai eu la chance d’avoir été son contemporain, de le voir à l’œuvre et de voir ce qu’il a accompli pour notre pays. J’aurais tant aimé avoir l’honneur de le rencontrer… Que sera l’Afrique du Sud sans Madiba ? Je l’ignore. Tout semble normal ce matin. Tout le monde sourit et vaque à ses occupations. Je pense que c’est ainsi que se serait comporté Mandela et c’est en ce sens qu’il nous a encouragés à continuer après lui. Il voulait que nous grandissions heureux dans un pays uni. Il nous manque déjà mais nous ne l’oublierons jamais. » A l’autre bout du continent, Islam rentre de ses six jours à La Mecque avec Madame. Laquelle n’est pas mécontente de retrouver leurs 170 m2 du Caire et surtout leurs deux enfants : « Elle n’avait jamais été séparée d’eux » sourit le jeune patriarche.

Dimanche 8 décembre. Un week-end de perm’ de plus pour Toma. « Une longue semaine s’annonce avec deux jours et une nuit dans la forêt et la première partie du test de tir… » lâche-t-il en passant.

Lundi 9 décembre. Arrivée seule deux jours plus tôt à Paris pour s’entraîner en vue de la Coupe d’Europe des clubs, Yarden apprend que l’équipe de France seniors est au ski et les juniors en stage au Japon. La championne du monde fait contre mauvaise fortune bon cœur. Elle se bastonne à l’Insep et à l’IJ avec des filles d’un niveau certes moindre que Clarisse and co mais qui lui apportent la variété et la nouveauté qu’elle recherchait.

Jeudi 12 décembre. Dernier resto tokyoïte pour Amandine et ses copines de l’équipe de France. En Hongrie, Gabor Panczel est suspendu par la FIJ pour une durée de douze mois dont neuf fermes. Lors du Tournoi de Paris 2013, cet entraîneur national avait ordonné à sa combattante Abigel Joo (-78kg) de quitter le tapis en plein combat de repêchages face à la japonaise Aïko Sato. Une sanction dont Hedvig entendra finalement peu parler, tant chaque groupe d’entraînement travaille séparément des autres.

Samedi 14 décembre. 24 heures après AmandineAntoine quitte à son tour le Japon pour rejoindre ses glaciales pénates canadiennes. A Cuba, Idalys reçoit un hommage national pour l’ensemble de sa saison.

Dimanche 15 décembre. Fin de permission. A 18 h 45, Toma montre dans le train pour rejoindre sa base d’Arlon. Cette semaine il a réussi 50 sur 50 à l’examen de tir et gagné le surnom de « Sniper ». Au contraire de son coéquipier et compagnon d’infortune Adrien Quertinmont, qui risque de devoir recommencer ses huit semaines de classes ou de sortir du jeu.

Lundi 16 décembre. Presque quatre mois après Rio et juste après avoir appris que le tournoi sur invitation qu’il devait disputer dans quelques jours en Russie serait finalement annulé, Islam a la joie de pouvoir enfin se concentrer à nouveau sur le tapis. Les deux frères Hussein, ses amis, deviennent entraîneurs nationaux. L’un tirait en -73 kg aux JO de Pékin, l’autre s’occupera des juniors.

Mercredi 18 décembre. Arrivée à Paris de Shany Hershko, le coach de Yarden. A Boston, Kayla s’acquitte avec brio de ses premiers examens scolaires depuis… 2005, entre deux séances de kiné et une séance d’uchi-komi au club. Le bout du tunnel est encore loin mais il se rapproche. Par un étonnant phénomène de vases communicants ou d’effet papillon, au même moment aux Pays-Bas Kim Polling se blesse au genou. L’épouvantail 2013 des -70 kg est forfait pour la Coupe d’Europe des clubs qui débute samedi à Paris.

Vendredi 20 décembre. L’été austral est chaud cette année. Jacques coupe deux semaines, direction la famille et les amis du côté de Durban et Cape Town. Sous des températures identiques mais un océan plus à l’ouest, Tiago poursuit ses actions caritatives et distribue en personne des cadeaux de Noël aux enfants cancéreux d’un institut de Sao Paulo.

Samedi 21 décembre. Comme annoncé et malgré la fatigue de la tournée en Asie et des examens universitaires, l’Institut du judo est l’épicentre du judo européen ce samedi. Dans la salle Awazu, Cyrille Maret se prénomme aujourd’hui Ciril et peut remercier pour cela la personne qui était chargée de lui commander son dossard. Jean-Sébastien Bonvoisin s’est taillé « SGS » dans les poils de la barbe de sa joue gauche – ce qui lui vaut un « WTF ? » amusé de l’Allemande Miryam Roper. Adil Fikri court acheter une veste et une ceinture aux normes pour une de ses Limougeaudes dont c’est le baptême du feu à ce niveau. A mi-journée le tirage au sort est effectué par Mark Huizinga pendant que les Espagnols Sugoi Uriarte et Kyoshi Uematsu n’hésitent pas à marcher vingt minutes dehors pour se trouver un McDo pendant la pause – il faut bien s’occuper lorsque l’on est l’un des six titulaires par caté du mammouth TSV Abensberg. Sur le tapis, Yarden gagne ses quatre combats, claque une bise en tribunes à Clarisse Agbegnenou et se classe 3e avec son club turc de Galatasaray. Amandine s’échauffe mais ne combat pas, son club du RSC Champigny étant battu un tour trop tôt par les futures lauréates de Maisons-Alfort et leur +78 kg Anne-Fatou M’Bairo, en feu à partir des quarts. En perm’ après une dure semaine de marche forcée, le soldat Toma inflige une clef de bras aux 128 kg de l’Orléanais Alexis Dion pour son seul combat de la journée et boit modérément lors de la Farewell Party qui suit car son père veille au grain… Pour la légende et malgré sa demie héroïque face aux Russes de Yawara-Newa, le Levalloisien « Ciril » Maret restera en finale le dernier judoka à subir l’osae-komi imparable de l’Allemand Andreas Toelzer. C’était à 33 ans l’ultime compétition du plus constant dauphin de Teddy Riner sur l’olympiade écoulée. Ilias Iliadis ou pas, aucun de ses coéquipiers du TSV Abensberg ne se risquera pourtant à le porter en triomphe – une hernie discale est si vite arrivée.

Dimanche 22 décembre. Présente à Paris, Edith Bosch a beau avoir remporté le Koh-Lanta néerlandais, elle se rend compte au réveil que se garer sur une place du marché le samedi soir c’est bien, sauf s’il y a marché le lendemain matin – ce qui est le cas. La jeune retraitée a de l’humour et de la patience, ingrédients indispensable pour dégager sa caisse des stands qui ont été montés tout autour de son véhicule. Amandine, elle, se console de la veille en effectuant un petit coucou au tournoi de Noël de Drancy. Autres latitudes, autre échelle : 7 000 km plus à l’ouest, Kayla est invitée dans l’Ohio à donner le coup d’envoi d’un match de football américain sous les applaudissements des 65 000 spectateurs du stade des Cincinnati Bengals. « Un rêve ! » s’extasie la convalescente.


Un Père Noël prénommé Kayla pour des enfants sans-abris de l’Ohio ©DR/L’Esprit du judo

Jeudi 26 décembre. Un jour comme un autre pour les musulmans Yakub et Islam, tandis qu’à Sao Paulo c’est désormais officiel : toute la famille de Tiago et de son épouse est passée en 2013 voir la nouvelle née Donatella. Au moment où à Thessalonique débute le stage de Noël animé par Ilias Iliadis, une autre globe-trotteuse est déjà à pied d’œuvre. Après avoir passé quelques jours à Paris pour « le premier Noël de [s]a vie », et alors qu’en Israël le Jérusalem Post a fait état la veille et dans le détail des tensions irréconciliables entre sa fédération et son ancienne rivale nationale Alice Schlesinger, Yarden s’envole pour l’Italie pour le traditionnel stage organisé par l’Akiyama de Turin du côté de la station alpine de Bardonecchia. Travail technique léger, randoris et PPG sont à son programme. Elle assistera ainsi le lendemain à l’ovation réservée à la championne olympique slovène Urska Zolnir pour la précision de sa démonstration technique au sol – « c’est la première fois en 18 ans de stage qu’un intervenant est salué comme ça » se réjouira Pierangelo Toniolo, l’organisateur de cet événement dont l’autre invité de marque cette année était Ole Bischof. Les mille et unes astuces de kumi-kata de l’Allemand feront beaucoup d’adeptes parmi les 640 stagiaires. Le dimanche, l’Israélienne saute dans le premier avion pour Tel-Aviv où elle et son coach Shany Hershko sont attendus le soir-même pour la remise par leur Comité national olympique des prix de l’athlète et de l’entraîneur de l’année. Ouf !

Lundi 30 décembre 2013. Effet papillon, suite. Pendant qu’à Cuba Idalys est au chevet de son père malade, Hedvig s’accorde une journée de ski en famille du côté de Niederalp (Autriche) et Antoine retrouve les copains à Montréal pour préparer le réveillon.


Yarden et son équipe nationale en Corée aux côtés de Lee Won-Hee, champion du monde et olympique… ©DR/L’Esprit du judo

Vendredi 3 janvier 2014. Deux jours après la diffusion du passage de Morgane Ribout aux 25 ans de l’émission Questions pour un championYarden et ses coéquipières sont déjà à pied d’œuvre du côté de l’Université Yong-In et ses 45 médaillés olympiques à Séoul. « Ce sera dur mais c’est pour cela que nous sommes venues, explique celle qui est tombée malade pendant ses trois petits jours off. Aujourd’hui est le coup d’envoi de ma préparation pour la qualification olympique. »  

Dimanche 5 janvier. Alors que la devise des France par équipes 2D qui ont eu lieu la veille pourrait être « boire = éliminés » compte tenu de la proximité de la date avec les fêtes de fin d’année, Antoine et ses coéquipiers débutent un training camp au Tri-Star de Montréal en compagnie des voisins américains (Travis Stevens, Nick Delpopolo…). Température extérieure : -35 °C. De fait, de l’autre côté de la frontière, Kayla est clouée au lit par une angine qui lui donnerait presque au téléphone la voix de G.I. de son coach Jimmy Pedro.

Lundi 6 janvier 2014. Pendant qu’une partie de l’équipe de France embarque pour Tignes, la reprise est violente pour Amandine à l’INSEP : «  45 minutes de garde, six fois six minutes de randoris avec 2’30 de repos… Comment dire ? J’ai cru décéder. » A Budapest, Hedvig se dépêche de quitter l’entraînement à 19 h 15. Elle doit passer chez elle récupérer son bichon, le déposer chez sa mère à l’extérieur de la ville puis rentrer. Lorsqu’elle en termine avec ses va-et-vient, il est 23 h 45 et il lui reste encore à préparer son sac pour repartir le lendemain au stage international de Mittersill (Autriche).

Mardi 7 janvier. Alors qu’à Cuba Idalys et Asley Gonzales perçoivent les dividendes IJF de leur statut de n°1 à la ranking – 10 000 dollars chacun – et que cette même Fédération internationale officialise la tenue les 6 et 8 juin du premier Grand prix de La Havane, Amandine, encore elle, apprend qu’elle intègre officiellement l’équipe 1 au sein de l’équipe de France. Et prend pour la première fois Annabelle Euranie en randori. « Je ne pensais pas que c’était possible d’avoir une garde plus envahissante que celle d’Automne Pavia. Ben si ! »

Samedi 11 janvier. Le jour des 26 ans de Morgane Ribout – elle aussi championne du monde lors des débuts de la précédente génération de la Judo Académie – Yarden arrive à Tokyo et l’IJF officialise cette fois la signature d’un accord de trois ans pour la tenue les 21 et 22 juin prochain du Grand prix de Budapest. Une décision qui fait saliver Hedvig. A Paris et même privé d’Amandine, le RSC Champigny remporte les France juniors par équipes, tandis que de Corée parvient la nouvelle des huit jours de détention du double champion du monde Wang Ki-chun pour utilisation intempestive de son téléphone portable pendant son service militaire. Matière à réfléchir pour Toma, tenu lui-même à 30 minutes d’appels par jour après 22 h 30.


… puis à Tokyo aux côtés de Kaori Matsumoto and co. ©DR/L’Esprit du judo

Mercredi 15 janvier. Le jour où Le canard enchaîné rend compte d’une étude selon laquelle le chiffre d’affaires d’Apple serait 72 fois supérieur au PIB du Niger, Cuba est toujours en attente du feu vert de son ministère pour pouvoir programmer sa tournée hivernale en Europe. « Ce serait la première fois en 28 ans que nous resterions à quai faute de budget » peste Ronaldo en partance pour un séminaire sur l’arbitrage à Miami, Floride. Toujours au chevet de son père malade, Idalys n’a pas encore remis le kimono en 2014.

Samedi 18 janvier. Ses supérieurs vont enfin pouvoir souffler : Toma en a terminé avec ses deux mois d’armée. Parmi les multiples coups d’éclat du médaillé mondial juniors, une imitation gratinée de son chef de peloton. Celui-ci en avait eu vent et a fait sortir Toma du rang pour le mettre au défi de la réitérer en public. Ce qui fut fait, provoquant l’hilarité des troupes et même le sourire du premier concerné. « Eh, j’ai fait du théâtre quand j’étais petit » minimise en haussant ses larges épaules l’homme aux tatouages bulgares, clin d’oeil à l’appui.

Mercredi 22 janvier. 25 ans d’Ugo Legrand, membre de la Judo Académie première génération. Alors qu’à Sotchi Yakub savoure l’annonce de sa sélection pour le Grand chelem de Paris et qu’au Caire Islam s’apprête à aller chercher la sienne lors des sélections nationales, à La Havane Idalys et son équipe entrevoient enfin une issue pour venir en Europe – les frais de visa seront néanmoins pour leur pomme. Sous des latitudes plus enneigées, Kiev s’apprête à vivre une nuit d’enfer sur la place Maïdan. Pour autant l’icône ukrainienne Giorgii Zantaraia tient à s’entraîner deux heures avant de prendre l’avion pour le challenge Europe-Asie prévu samedi à Tyumen et le spectacle est fascinant [à lire dans le prochain numéro de L’Esprit du judo]. Un challenge pour lequel Yarden est sur le point d’officialiser son forfait depuis Tokyo, insuffisamment remise du coup de moins bien qui l’avait mise sur le flanc au début du mois. Plus au sud, Tiago revient peu à peu à l’entraînement. « Mon épaule va de mieux en mieux et nous allons bientôt pouvoir établir mon calendrier de compétitions pour l’année 2014 ». Dans cinq jours les enfants brésiliens reprennent le chemin de l’école et les projets caritatifs de l’Institut avec. En Hongrie, le judoka qui fait l’actu n’est pas Hedvig mais Miklós Ungvári. A 33 ans, le vice-champion olympique de Londres rentre de Valparaiso. Il était le copilote de Sebestyén Sándor et Josef Bognár sur le Dakar 2014 – qui comme son nom ne l’indique pas démarre en Argentine et se termine au Chili. Les trois hommes se classent 47e sur leur Toyota Land Cruiser 200. Le turbulent néo -73 kg à l’oreille tatouée un lendemain de cuite nous avait confié en 2009 son goût prononcé pour la vitesse et l’action [cf. EDJ23]. Il a tenu parole.

La suite est à lire dans L’Esprit du judo n°48… et dans les prochains numéros.