Un piège pour Buchard, un quart mythique pour Khyar

La France arrive sur ces championnats d’Europe avec deux équipes dont les destins, a priori, ne se croiseront pas. Les féminines sont, de très loin, l’équipe la plus impressionnante d’Europe, et les seules questions qui se posent pour ce groupe de reines, ce sera de savoir si elles seront toutes médaillées ou non, et combien elles ramèneront de titres. Trois comme en 2013 et 2016, quatre comme en 2014, ou deux seulement, comme l’année dernière, voire un seulement comme en 2012 et 2015 ? Le record des quatre titres est tout à fait égalable cette année avec ce groupe très impressionnant. Et cela d’autant que de très grandes figures comme la Kosovare Majlinda Kelmendi (-52kg) ou l’Ukrainienne Daria Bilodid (-48kg) sont absentes.

Les masculins arrivent en revanche avec beaucoup plus de doutes que de certitudes, beaucoup plus de fragilité que de confiance. En 2013 et 2014, l’équipe masculine était remontée à sept médailles avec la grande équipe des Riner, Maret, Pietri, Legrand, Korval… puis redescendue à trois en 2015, deux en 2016 (deux d’or) et 2017 (deux d’argent). Faire moins ? Ce serait une bien mauvaise perspective d’avenir.

Ce jeudi, trois catégories féminines seront en lice, et deux catégories masculines. Les tirages ont parlé. Que disent-ils ?

Féminines

-48kg : Mélanie Clément est dans le deuxième quart du haut du tableau, exemptée de premier tour. Elle devrait commencer sa compétition au tour suivant face à la Roumaine Alexandra Pop, 21e mondiale, qu’elle a battue deux fois en 2017 et 2018. La difficulté se dresse devant elle en quart de finale avec, très probablement, la combattante israélienne Shira Rishony, 7e mondiale, devant son public. Elles ne se sont rencontrées qu’une fois et Rishony l’avait emporté, mais c’était en 2014. En cas de succès, la demi-finale devrait l’amener logiquement à combattre la Russe Irina Dolgova, laquelle l’a sortie des championnats d’Europe et des championnats du monde 2017.

-52kg : Bon tirage a priori pour Amandine Buchard, qui n’aura pas à faire face à la championne olympique Kelmendi, absente, et ne sera pas opposée à la Russe Kuziutina avant une éventuelle finale, qui reste sur deux victoires importantes contre elle, au Masters et aux championnats du monde. Mais si le tirage est correct sur le papier, il faudra néanmoins faire face à un premier tour plein d’inconnu, contre la Roumaine Chitu, 85e mondiale, mais deux finales mondiales (2014 et 2015) et deux titres européens (2012 et 2015) à son palmarès ! La Roumaine n’a fait qu’un seul combat en 2017 (perdu, aux championnats d’Europe) et sa dernière perf’ remonte aux championnats d’Europe 2016 (3e). Mais à 29 ans, elle revient sans doute avec appétit sur le tapis. Un piège à bien négocier avant de foncer jusqu’en finale, au moins.

-57kg : La France est forte dans cette catégorie et elle le prouve en amenant une seconde combattante, Sarah-Léonie Cysique, médaillée européenne juniors 2017, et très impressionnante en février au Gand Chelem d’Allemagne à Dusseldorf, où elle fait 3e, seulement battue par l’excellente Anglaise Nekoda Smythe-Davies… qu’elle rencontre au deuxième tour de ces championnats d’Europe à Tel Aviv. Une bonne occasion de montrer qu’elle n’a pas l’intention de patienter derrière ses aînées. Encore faut-il battre au premier tour l’Italienne Martina Lo Giudice, 48e mondiale. Ce serait déjà une performance.
La « patronne », c’est Hélène Receveaux, n°4 mondiale et deuxième Européenne au classement derrière l’Anglaise… qu’elle a battue lors de leurs six dernières rencontres. La Dijonnaise aura un quart à sa main, face à la Russe Konkina, dominée à Budapest, avant de prendre soit la Hongroise Karakas, elle aussi écartée à Budapest, soit la Néerlandaise Verhagen, ou la jeune sœur Stoll, Amélie, 22 ans. Une bataille assez dense, mais dont elle devrait sortir victorieuse. Une demi-finale contre la légende Portugaise Telma Monteiro ne manquerait pas de suspense, d’autant que celle-ci vient de se montrer forte comme à ses plus beaux jours en gagnant le Grand Chelem russe en mars. Ce serait une revanche, car c’est contre Monteiro que la Française était allée en 2017 chercher sa médaille mondiale.

Masculins

-60kg : Il est l’une des meilleures cartes de l’équipe de France masculine. Walide Khyar a choisi de rester dans la catégorie des super-légers et s’est montré performant avec l’or au Grand Prix de Tunis et une cinquième place au Grand Chelem d’Ekaterinbourg en Russie. Après un premier tour sans adversaire et un deuxième normalement facile contre le Hongrois Csaba Szabo, il rencontre en quart de finale le Géorgien Papinashvili, 5e mondial. Un tour très escarpé, mais c’est exactement le même quart qu’en 2016, lors de son formidable titre européen, sa plus grande performance à ce jour. Un très bon présage finalement.

-66kg : Jusqu’où ira Kilian Le Blouch ? On le sait, tous ses adversaires vont souffrir, mais ceux qui vont se présenter ne sont pas les premiers venus. Après l’Italien Matteo Medves, qu’il avait battu aussi au premier tour du Grand Chelem de Russie en mars, il devrait, comme sur ce tournoi, rencontrer le Russe Yakub Shamilov ensuite, et c’est ce dernier qui avait gagné la bataille, pour la troisième fois en trois rencontres. Un sacré challenge, qu’il faudrait rééditer juste après en cas de victoire, contre le phénomène ukrainien Zantaraia, lequel reste aussi sur deux victoires contre lui. Pas facile.

Et le jeune Daniel Jean ? Sa médaille de bronze au Grand Prix de Tbilissi fin mars a fait naître les espoirs autour de lui et lui amène cette belle première grande sélection en seniors. Il aura un premier tour « prenable », l’anonyme Roumain Vadim Bunescu, avant de rencontrer le n°3 mondial, troisième des championnats du monde 2017, l’Israélien Tal Flicker, chez lui. Une rencontre excitante qu’il faudra prendre sur le mode « rien à perdre ».