« J’ai oublié la date de détection du football… et je suis allé au judo »
Aurélien Diesse lors de sa finale à Montbéliard contre Ludovic Gobert / © Patrick Urvoy
Âgé de 19 ans, Aurélien Diesse fait partie de la catégorie très relevée des moins de 90kg. En novembre dernier, il termine vice-champion de France à Montbéliard. Une finale qui l’envoie Bercy. Sans complexe, le Francilien arrive doucement mais sûrement à se faire une place parmi les seniors déjà expérimentés.
Le judo, son coach et ses études
« J’ai commencé le judo à huit ans dans mon club de Bondy. Je cherchais à pratiquer un sport, j’étais intéressé par tout. Comme beaucoup d’enfants, j’ai voulu faire du football sauf que le hasard a fait que j’ai oublié la date de détection (Rires). C’est comme ça que j’ai débuté le judo. C’est devenu une passion. Pour s’entraîner deux fois par jour, il vaut mieux d’ailleurs. Jimmy Lory est mon entraîneur depuis mon premier cours. Je le considère comme mon oncle si bien qu’il s’appelle « Tonton » dans mon téléphone (Rires). Du côté des études, j’ai fait un bac scientifique et je suis actuellement en troisième année de licence STAPS. Je suis interne à l’INSEP mais les cours sont de plus en plus compliqués à cause des déplacements. Je fais une licence STAPS car je souhaiterais réaliser un master en ingénierie et ergonomie de l’activité physique. En clair, je voudrais travailler dans la conception de produits afin d’améliorer la performance. Mon objectif, c’est un métier dans le sport mais pas dans le judo. »
Les championnats de France et la concurrence en équipe de France
« J’arrivais aux championnats de France avec l’ambition de faire un podium, donc je suis content. Mon tableau me convenait vraiment bien. Le judo de mes adversaires correspondait au mien. Je ne prends qu’un yuko en demi-finale sinon je fais la compétition presque parfaite. J’avais déjà combattu contre Ludovic Gobert et il est très fort. J’ai du mal contre lui. Sur les tatamis de l’INSEP, je prends Axel (Clerget), Alexandre (Iddir), Gobert et même Loïc (Pietri). La concurrence doit tirer le niveau de chacun vers le haut. Nous nous apprécions tous, il n’y a pas de tensions. On rigole, on sourit, si je tombe ce n’est pas grave, ce n’est que l’entraînement. J’ai été très bien intégré au sein du groupe. Il y a aussi Audrey (Tcheuméo), qui est comme ma grande sœur. On vient de la même ville et on partage certains centres d’intérêts. »
Son profil de judoka
« J’ai un judo engagé, fou et on peut dire bizarre (rires). Pendant un moment, je regardais des vidéos de judo mais je ne m’en suis jamais vraiment inspiré. Comment ai-je réussi à construire mon judo ? J’ai tenté des techniques en compétition. Elles marchaient régulièrement donc je les ai affinées. Je me suis approprié certaines prises en les innovants à ma manière. Ce que je préfère c’est le o-soto-gari en garde croisée voire en double croisée. On peut presque appeler ça une « croisée à la Diesse » (rires). Il me reste plein d’axes à travailler et c’est une bonne chose car cela veut dire que je peux encore progresser. Je dois peaufiner mon kumikata mais aussi ma technique. Mon mental est aussi à perfectionner. Je veux arriver à toutes les compétitions à 100% mentalement. Pour le moment, ce n’est pas le cas. »
Le Grand Chelem de Paris
« Bercy, c’est Bercy. C’est un tournoi spécial pour tous les judokas français. Tous les passionnés y sont déjà allés au moins une fois. Il y a une ambiance particulière, le public encourage avec beaucoup d’énergie. Rien que dans les gradins, c’est impressionnant, alors au milieu de l’arène, je n’imagine même pas ! Pour avoir été à deux autres Grands Chelems, je peux affirmer que ce n’est pas la même chose. À Abou Dhabi, l’ambiance est différente ; à Tokyo, pareil, même si les Japonais encouragent un peu plus leurs combattants. Pour ma première participation à Paris, j’y vais sans complexe. Je veux apprécier ce moment car participer à ce tournoi a toujours été un objectif. Je vais donner le meilleur de moi-même et montrer qu’il faut compter sur moi. »
Ses objectifs
« Après ma troisième place aux championnats d’Europe juniors en 2016, j’espère pouvoir aller aux mondiaux en Corée du Nord (en septembre) et ramener l’or par la même occasion. Cela resterait chez « les petits », mais un titre de champion du monde reste un titre de champion du monde. Après, je pense que nous avons tous le même objectif : les anneaux (Rires). J’en rêve dans un coin de ma tête. À Paris ou à Tokyo, peu importe, si je pouvais décrocher un titre olympique ce serait énorme. »