Les faits du jour

On pourrait réduire cette journée de samedi à un chiffre, ou plutôt à une comparaison chiffrée plutôt cruelle : Japon, trois médailles d’or masculines en trois catégories, France, zéro… médailles masculines. On savait le Japon prêt, et plus que prêt, depuis le Grand Chelem de Tokyo. Il confirme cette impression de force ce samedi. En -60kg, Naohisa Takato, éclipsé en finale à Tokyo par un jeune rival (Ryuju Nagayama) revient fort en dominant facilement un podium de niveau mondial. On avait été bluffé à Tokyo par Hifumi Abe et Soichi Hashimoto, ils confirment à Paris qu’ils sont plus que jamais des prétendants à un titre mondial dans quelques mois à Budapest en -66kg et -73kg.
On espérait tout de même que les jeunes forces françaises allaient tenter de faire voler en éclat la hiérarchie, mais la jeunesse qui s’était mise en valeur au championnat de France disparaît rapidement. Vincent Manquest et Cédric Revol en -60kg, Matthias Boucher, Alexandre Mariac et autres Sacha Flament en -66kg, Benjamin Axus, Matthieu Little Lebreton ou Tristan Avaliani en -73kg… Plus grave peut-être (quoique) les combattants plus confirmés dont on attendait des signes positifs n’y sont pas. Ainsi les deux rivaux de l’année dernière au meilleur niveau en -60kg, Walide Khyar et Vincent Limare n’atteignent pas le podium, pas plus que David Larose, double vainqueur de ce tournoi dont on espérait un éventuel retour de flamme en -66kg. C’est finalement Loic Korval qui fait la meilleure prestation masculine pour les Français dans sa nouvelle catégorie des -73kg en parvenant notamment à battre le médaillé olympique géorgien Lasha Shavdatuashvili. Mais bousculé par un nouveau venu solide, l’Israélien Tohar Butbul, il se blessait au tibia, perdait ce combat par hansokumake et ne se présentait pas en repêchages.

Deux finales, mais deux défaites

Heureusement, les féminines françaises, comme d’habitude, donnait un peu de couleur à cette journée parisienne. Face à des Japonaises moins flambantes que leurs camarades masculins, elles se hissaient deux fois en finale et s’offraient quatre « petites finales » sur quatre catégories. En -48kg, Mélanie Clément se classait dans les sept en battant notamment la 16e mondiale, la Russe Dolgova, mais c’est la jeune Anais Mosdier qui prenait la lumière avec une série de beaux combats qui la laissait au pied du podium. Bien que jeune, elle n’est pas timide sur un tapis et son judo technique pourrait la mener loin. Sur cette journée, elle domine en particulier l’Israélienne Rishony, 23e mondiale. Pas de médaille, mais la confirmation d’un talent.
En -52kg, Astride Gneto continue à affirmer son autorité naissante sur la catégorie en France en faisant parler la loi de son lourd bras droit. Elle aussi s’arrête à la lisière du podium, battue sur un étranglement de l’accrocheuse Kosovare Krasniqi. En -57kg, le bronze tombe pour Priscilla Gneto, qu’on attendait peut-être pas si vite à si belle fête, et qui se paye même le luxe de battre la championne olympique brésilienne Rafaela Silva. Elle est apparue très à l’aise dans cette nouvelle catégorie, elle qui avait un peu subi au championnat de France et s’était montrée discrète à Tokyo. Elle est déjà, c’est l’évidence, engagée dans la compétition pour le leadership de la catégorie. C’est aussi le cas pour Margaux Pinot en -63kg. Troisième de ce Grand Chelem de Paris comme en décembre au Grand Chelem de Tokyo, en passant notamment cette fois sur le corps des deux Japonaises engagées, Margaux Pinot n’en finit plus elle aussi de prendre de la consistance.
Pour elle comme pour Priscilla Gneto, le cap du leadership sera néanmoins difficile à passer avec devant elles Hélène Receveaux en -57kg et Clarisse Agbegnenou en -63kg. On attendait ces deux-là, elles font un parcours autoritaire pour atteindre la finale, Receveaux dominant au passage Priscilla Gneto sur un énorme uchi-mata, tandis que Clarisse Agbegnenou sortait la Japonaise Aimi Nouchi. Deux catégories qui ont clairement leur chef de file, un statut qui colle à la peau de Clarisse Agbegnenou depuis quelques années, et qu’endosse avec détermination Hélène Receveaux, n°2 mondiale tout de même.
Mais, et ce sera finalement le second bémol du jour, si c’est elles se hissent en finale, c’est pour les perdre. Hélène Receveaux ne retrouvait pourtant pas la Japonaise Yoshida victorieuse à Tokyo, mais celle qui la surprend en demi-finale, la Coréenne Kwon Youjeong, 21 ans, et son fort mouvement d’épaule. Elle bat aussi la Française sur de-ashi-barai et tai-otoshi ! Avec Kwon, c’est la légère Jeong qui fait un gros tournoi en -48kg. Deux médailles pour les Coréennes, la surprise de ce samedi. Seconde frustration du jour, la… cinquième défaite de rang dans une finale de Clarisse Agbegnenou face à la championne olympique slovène Tina Trstenjak. La Française semblait pourtant partir fort, mais la Slovène passait soudain une vitesse et la feintait sur o-soto-gari en avant-arrière, avant de lui faire subir l’enfer au sol, faisant abdiquer Agbegenou.
Une journée qui ne restera pas, somme toute, dans les annales du judo français. Vivement demain.