Second titre pour la Campinoise en -63kg, le premier pour le Niçois en -100kg
Combattants du jour
C’est, avec le retour de Messie Katanga, le come-back du week-end. Absente des tatamis plusieurs mois à cause de KO répétitifs subis à l’INSEP qui l’ont obligé à un protocole neurologique induisant un arrêt forcé, Clémence Emé (RSC Champigny) est « venu, elle a vu, elle a vaincu ».
Dans une catégorie, les -63kg, qui est apparu a posteriori comme l’une des plus relevées du week-end chez les féminines (voir plus bas).
Déjà vainqueur ici même en 2014 alors qu’elle n’était que cadette 3ème année, la Campinoise s’est montrée solide, efficace et variée.
En demi-finale, elle surprend Yasmine Horlaville (Eure Judo), pourtant dans d’excellentes dispositions, avec un astucieux de-ashi-barai dès l’entame du combat. En finale, c’est un sode-tsuri-komi-goshi suivi intelligemment en ne-waza contre Manon Deketer (Dojo Nantais) qui offre le titre à cette jeune fille arrivée il y a presque deux ans à l’INSEP.
Ce championnat de France juniors avait tout du piège pour cette junior 2ème année : retour à la compétition en même temps que passage (presque) obligé pour les sélections internationales à venir (Autriche, Allemagne et championnats d’Europe) après sa longue absence.
Hier, elle a montré qu’il faudrait clairement compter avec elle.
Vainqueur de deux des trois tournois labellisés « Excellence » chez les juniors, Cormelles-le-Royal et Aix-en-Provence, Guermann Andreev, judoka russe au physique impressionnant, a parfaitement assumé son statut de favori de la catégorie des -100kg.
Montant en puissant au fil des tours, il bat en demi-finale, celui qu’il avait retrouvé deux fois en finale en Normandie et en Provence, Alexis Rabier (FLAM 91).
Un combat rondement mené puisqu’il lui fallait moins d’une minute pour lancer un tani-otoshi suivi au sol, hors du tapis et dans les barrières.
En finale, il laisse parler le naturel en déracinant Mohamed Rouahi (Union Judo Rhône) sur un ura-nage très pur. Le ippon des finales de ce dimanche, applaudi à sa juste mesure par le public.
Champion de France cadets 2014 (+90kg), deux fois 3ème en juniors chez les +100kg (2014 et 2015), Michel Carrière paria sur sa réussite au niveau national dans la catégorie inférieure en début de saison. Un coup de maître, un de plus, du professeur niçois.Juniors 2ème année, les bruits de couloir à la fin de ce dimanche laissaient entendre que les responsables nationaux s’intéressaient de près au futur (sa naturalisation en fait) de ce solide combattant formé au départ par le sambo, gros travailleur autant que discret et introverti.
On a remarqué…
-le niveau proposé en -63kg.
Avec les -48kg, cette catégorie présentait la densité de jeunes filles au potentiel le plus affirmé. Sarah Harachi, vainqueur de l’African Open de Casablanca cette année, 3ème aux championnats du monde juniors 2015 et à la même place aux 1ère div. 2015. Voulant s’éviter un régime et revenant d’une blessure à l’épaule, la -57kg du FLAM 91, juniors 3ème année, s’ajoutait aux Romaine Rambot (OM Judo) et son uchi-mata, vainqueur du très relevé tournoi de Saint-Pétersbourg, Yasmine Horlaville, 3ème à ce même tournoi et vainqueur d’Epinay et Cormelles, Manon Deketer, 2ème Arlon en début d’année et vainqueur à Aix, Nour Belgacem (UJ Brive), vainqueur il y a trois semaines des championnats de France cadets, et bien sûr…Clémence Emé (voir plus haut). Si la catégorie a offert des pions spectaculaires, comme le très joli uchi-mata de la Marseille Rambot en ¼ de finale ou le o-soto-gari d’Harachi en place de 3 contre…Romaine Rambot, on notera surtout que ses jeunes filles possèdent de solides arguments pour bien figurer à l’international.
-le combat Romane Dicko/Julia Tolofua.
Romane Dicko et Julia Tolofua/Crédit photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo
La 1ère est championne de France cadette à Ceyrat. La seconde a participé au Grand Chelem de Paris, a fini 5ème à Saint-Pétersbourg, 3ème à Rouen aux 1ère div. 2015.
Juniors 2ème année, la Corse Tolofua et son physique extra-ordinaire retrouvait en demi-finale celle qui avait dominé avec une aisance insolente les championnats de France cadets. L’aînée s’impose d’un shido dans son combat le plus dur de la journée. Car Romane Dicko a joué crânement sa chance : absolument pas complexée, elle répondait du tac au tac question puissance à la sociétaire de l’ACS Peugeot-Mulhouse, ne craquant pas durant les cinq minutes. Deux combattantes aux capacités évidentes, insolentes même ! À noter que lors de ce combat, Dicko confirme une ressemblance « judo » avec Audrey Tcheuméo : bras droit très fort avec un kumikata fondamental, grrande mobilité, posture droite et une puissance de jambe de feu.
-l’impact d’Aurélien Diesse
Aurélien Diesse. Crédit Photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo
Juniors 2ème année, il avait réalisé, malgré son élimination, un fort joli championnat du monde juniors à Abou Dhabi en -81kg, battu en tableau par le futur champion du monde hollandais Franck De Wit. Monté de catégorie au début de saison, il participait pour la 1ère fois à une compétition nationale juniors en -90kg. Blessé il y a peu, il a parfois été mis en grosses difficultés sur la journée. Mais il s’en est toujours sorti avec ce qui fait sa force et la raison de surveiller d’un œil curieux le futur de ce combattant de l’AS Bondy : un engagement sans faille, une volonté incessante de faire tomber. A ce titre, on retiendra le très aérien waza-ari (le ippon n’aurait pas été immérité) qu’il colle d’entrée de combat à Paul Devos sur une séquence simple mais parfaitement construite : main gauche, main droite idem pour lancer aussitôt un o-soto/harai-goshi qui met les deux fers en l’air du combattant d’Eure Judo.
-la science tactique d’Alpha Djalo.
Waldemar Legien et Alpha Djalo. Crédit photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo
Le champion de France -81kg 2016 (Racing Club de France) a su habilement utiliser dans sa palette l’arme tactique, qu’on devine longuement travaillé avec son entraîneur double champion olympique (dans deux catégories différentes -78kg en 1988 et -86kg en 1992), maître dans le domaine, le Polonais Waldemar Legien.
Que se soit lors d’une demi-finale étouffante contre Adrien Copado (AG Caennaise) ou surtout en finale contre Geoffrey Hardy (OM Judo).
-le retour de Messie Katanga.
C’était la grosse surprise du matin. Messie Katanga était donc présent aux championnats de France, lui qui est désormais licencié au club de rugby de Pau. Mais le médaillé mondial juniors n’a jamais totalement coupé avec le judo. Présent au tournoi par équipes de Monaco, il participait aussi il y a quelques semaines à un tournoi « toutes catégories » à Blanc-Mesnil.
Désormais licencié au Red Star Club de Montreuil, le manque d’entraînement « judo » ne l’a pas empêché de remporter un second titre sans être véritablement inquiété.
Les vainqueurs du jour
En -63kg (voir plus haut).
En -70kg, Juliette Tarting (OM Judo), 3ème l’année dernière, réalise une superbe journée et succède au palmarès à une autre Marseillaise, Marina Olarte, blessée en début de semaine.
En finale, elle bat Habiba Molène (Alliance Judo Dordogne), déjà finaliste en 2015, au sol, un domaine que la Marseillaise sut parfaitement utiliser hier avec un tate-shio-gatame.
En -78kg, Chloé Dollin (JC Pont Abbé Arnout) ipponise Valentine Marchand (FCJB)…comme toutes ses adversaires du jour ! Déjà vainqueur à Aix, Nantes et 2ème à Cormelles, cette judokate du sud-ouest aura une grosse impression ce dimanche. Reste à la voir maintenant à l’international.
En +78kg, Julia Tolofua marque un yuko à Lauryne Lage (Bourges Judo). Suffisant pour remporter son 1er titre juniors pour celle qu’on attendait de nouveau sur un podium à l’international après sa victoire à Lignano (Italie). Elle en a (largement) le potentiel. Reste à confirmer.
En -81kg (voir plus haut).
En -90kg, Aurélien Diesse met dans le rouge Loris Tassier (Dojo Nantais) et lui fait prendre une 4ème pénalité alors qu’il menait sur un fort joli ippon-seoi à droite en reprise de garde.
En -100kg voir plus haut.
En +100kg, Messie Katanga (RSC Montreuil) gagne d’un yuko sur harai-goshi contre Kombo Jean-Gabriel (AJA Paris XX). Kombo, un judoka prometteur et qui ne s’en laissa nullement compté, offrant une excellente prestation.