De l’or pour Buchard et pour Pavia, Receveaux en finale
L’Ukrainienne Cherniak prend la leçon de judo de Buchard sur seoi-nage / Officiel IJF
Elle est vraiment… Elle est vraiment…. Elle est vraiment phé-no-mé-nale (la la la la, la…). La chansonnette s’applique bien à la petite Buchard, 19 ans et toutes ses dents, mais avec une note de respect obligatoire. Car face à d’honnêtes rivales classées à peu près à son niveau à la ranking list, la Coréenne Jeong Bo-Kyeong (18e), l’Ukrainnienne Maryna Chernyak (11e) ou l’Israélienne Shira Rishony (33e) – un peu plus loin, mais toujours dangereuse en tournoi et sortie du quart dans lequel était engagée Paula Pareto, l’Argentine vice championne du monde et 8e mondiale – la jeune Française médaillée européenne et et mondiale, 13e mondiale hier, a affiché une supériorité vertigineuse. Tranquille et sûre d’elle, toujours calme et concentrée, elle a un art remarquable de profiter des moindres actions adverses pour lancer une attaque dans le temps faible. Elle ouvre bien, déséquilibre bien, et se place avec précision pour dégager sa puissance hors du commun dans cette catégorie des super-légères. Avec son seoi-nage à genoux sans chi-chi, mais très juste dans le placement et le timing, elle fait le ménage jusque dans les coins. Sa première adversaire de Taipei en est sortie sans doute traumatisée, l’excellente Coréenne Jeong a volé en éclat, comme Chernyak, plaquée sur le dos, et comme Rishony en finale, déroulée une première fois sur un seoi-nage très propre, puis une seconde fois sur un mouvement moins bien placé au départ, mais parfaitement fini dans une poussée latérale vraiment impressionnante. C’était le bon endroit pour démontrer qu’elle ne se compte désormais que sur les doigts d’une seule main celles qui peuvent lui poser un problème quelconque. C’est contre Munkhbat, la n°1 mondiale, Kondo, la championne du monde, Csernovicki, la championne d’Europe, qu’on veut la voir s’étalonner. Pour les autres, c’est fait !
La guerre d’Argentine n’a pas eu lieu
Dommage, la revanche de la demi-finale perdue des championnats du monde, contre l’Argentine Pareto, n’a pas eu lieu. Mais on jurerait que la combative Sud-Américaine, comme c’est déjà le cas pour la championne olympique brésilienne Menezes, ne sera plus un obstacle majeur pour la Française. À 19 ans, Amandine est bien la « Riner » des filles, à ceci près qu’elle est en -48 kg et aura cette dimension à gérer pour la suite de sa carrière, son poids – en -48 kg jusqu’aux Jeux, peut-être en -52 kg au-delà. Mais sur ce Grand Prix où il lui était demandé de descendre chez les super-légères, elle semble y être parvenue sans laisser de plumes. C’est bon signe. Dans sa forme actuelle, elle serait sans doute allée à Tokyo pour gagner, et face aux combattantes du Top5 mondial. Ses entraîneurs ont décidé de lui éviter la confrontation directe. C’est sans doute sage, mais on aurait adoré voir ça.
Israel – France : 1-0
Mélanie Clément, 57e mondiale, s’est bien battue en n°2 française ici, sortant avec un petit de-ashi-barai une Espagnole qui monte et qui est déjà 20e mondiale, Julia Figueroa. Elle est aussi parvenue à prendre un combat en repêchages, en mettant la pression sur la Coréenne Choi Soohee, qui avait pourtant marqué waza-ari sur ko-uchi-makikomi. Mais l’impact de la Roumaine Ungureanu, 12e mondiale, fut trop fort pour elle et elle laisse partir une médaille de bronze qui lui tendait les bras – elle menait d’une pénalité – pour n’avoir pas su suivre la montée en rythme de l’Israélienne Rishony (33e) qui lui inflige trois pénalités.
Israel – France : 2-0
En -52 kg, une Lucile Duport, 66e mondiale, plutôt bien posée sur ses appuis et mobile, faisait une belle première partie de tournoi, en dominant facilement l’Ukrainienne Buiok, 48e mondiale, et se sortait bien d’affaire face à une Canadienne entreprenante, Ecaterina Guica, 42e mondiale, sur un magnifique mouvement de hanche. Elle faisait sa meilleure perf du jour en éteignant la gloire pâlissante de la Belge Ilse Heylen, médaillée olympique 2004, mais encore 14e mondiale, sur un très beau étranglement en Kata-te-jime qu’elle maîtrise vraiment bien. Mais l’impact de la Roumaine Andrea Chitu, 2e mondiale, était là aussi trop fort pour elle, et comme Mélanie Clément, elle laissait partir la médaille de bronze du côté d’Israel en cédant face Gili Cohen, mieux en rythme et dotée d’un remarquable ko-uchi-makikomi.
Deux Françaises en finale en -57 kg !
Comme Amandine Buchard, mais on commence à s’habituer, Automne Pavia, médaillée mondiale et première à la ranking list, déménageait le secteur des -57 kg avec la même conviction et en donnant la même impression d’éclatante supériorité. Même quand elle gère aux pénalités, ce qui fut le cas contre l’éprouvante Slovène Bedeti, 15e mondiale, qui maîtrise parfaitement l’art (slovène) de faire beaucoup de vent en entreprenant peu. Elle était en finale et, bonne surprise, ce serait contre la Dijonaise Hélène Receveaux, qui s’élève dans la hiérarchie, elle qui n’est encore que 35e, en battant avec ses belles techniques de jambe des filles mieux classées qu’elle, la Coréenne Kim Jan-Di (22e) d’un yuko, la Canadienne Tremblay (28e) aux pénalités, l’Israélienne Minakawa (23e), par ippon sur un excellent enchaînement o-uchi-gari / ko-soto-gari. Au point qu’on a senti, dans cette finale de prestige pour la France, que la n°1 Pavia avait un peu dans l’idée de montrer qui s’est Raoul à sa rivale en lui faisant voir l’enfer pendant deux minutes. Un grand waza-ari plus tard sur une attaque de hanche improbable, la grand blonde se calmait pour gérer la fin du combat, prenant même un yuko en contre. Somme toute une belle démonstration pour les deux filles, et notamment pour Receveaux qui parvient à ne pas se faire oublier dans la bataille Pavia – Blot pour les belles sélections.
Tateyama, c’est Sho
Victorieux en -66 kg à 22 ans, en battant notamment au passage l’Ukrainien Zantaraia, le Japonais Sho Tateyama a montré qu’il était d’une belle trempe, avec son judo assez particulier basé sur eri-seoi-nage tout droit debout – il est petit pour la catégorie – et des techniques de jambe dangereuses, ainsi que sur un travail au sol constant et efficace. Un nouveau -66 kg japonais est dans la place.
Pour l’instant, c’est la France qui domine le Japon, la Corée et la Roumanie au tableau des médailles.