Kamikawa, Shichinohe, Kumashiro, Haga, Nagase, Wolf et … Shohei Ono de la partie
Demain, ils seront 42 à briguer la victoire sur le mythique tatami du Nippon Budokan de Tokyo lors d’une compétition qui reste considérée comme LA compétition masculine de l’année.
Traditionnellement organisé le dernier mardi d’avril, jour férié au Japon, le Zen Nihon représente une compétition à la portée symbolique et sportive fondamentale au sein du judo nippon.
Symbolique car une victoire dans cette compétition « reine » des toutes catégories vous fait entrer dans le panthéon du judo japonais que seul un titre olympique peut égaler, voire dépasser. Symbolique aussi car cet événement magnifie le judo et ses fondements, selon lesquels le « petit peut battre le gros ». Une vision qui reste extrêmement prégnante au Japon comme l’atteste la présence de nombreux poids moyens parmi les concurrents demain et qui fait toujours le régal des spectateurs.
Sportive car elle joue le rôle de juge de paix pour désigner chaque année le poids lourd et, comme c’est le cas cette année, le -100kg, qui aura l’honneur de représenter le pays du Soleil Levant dans les compétitions internationales estivales.
À la fin de la journée, sa majesté Kosei Inoue, le kantoku (entraîneur en chef) de l’équipe masculine, aura donc toutes les clés en main pour répondre à deux questions avec son staff, et en particulier avec Keiji Suzuki qui s’occupe des poids lourds :
Qui de Daiki Kamikawa, alias « Kung-Fu Panda », dernier judoka à avoir battu l’invincible Riner et en train de renaître de ses cendres tel un phénix – vainqueur cette année de Düsseldorf et au début du mois des championnats du Japon -, Ryu Shichinohe, victorieux à Paris avec ses uchi-mata ravageurs et finaliste à Fukuoka, voire Hisayoshi Harasawa – cinquième à Düsseldorf – gagnera son billet dans la catégorie des +100kg pour la Russie ? En -100kg, qui choisir entre Yusuke Kumashiro, vainqueur à Fukuoka il y a trois semaines mais incapable de monter sur un podium international cette saison, et Ryonosuke Haga, superbe champion du monde juniors en 2010, mais blessé à l’épaule fin 2012 et qui tarde à concrétiser tous les espoirs placés en lui avec seulement une cinquième place à Tokyo et Paris cette saison, pour un aller-retour vers Chelyabinsk ? A moins que le staff japonais compte encore une fois sur le vieillissant mais toujours talentueux Takashi Ono (absent demain), troisième à Fukuoka et cinquième à Rio l’année dernière ?
Qui pour succéder à Takamasa Anai ?
Si Daiki Kamikawa bénéficie d’un quart de tableau abordable, Shichinohe, lui, devra s’extirper de combats plus compliqués et piégeurs les uns que les autres. C’est ainsi que, dès le deuxième tour, il retrouvera Haga. S’il passe cet obstacle, il pourrait se voir opposé à Hirotaka Kato, vainqueur de cette compétition il y a deux ans alors que ce judoka de la police de Chiba ne pèse que 90kg. Un poison avec son judo atypique et son travail en ne-waza diabolique.
Dans l’autre demi-tableau, on retrouve H. Harasawa, « invité » par la fédération japonaise, qui aura toutes les cartes en main pour arriver en quarts de finale face, peut-être, à… Shohei Ono. En effet, l’époustouflant -73kg de Tenri, récent vainqueur à Fukuoka, est l’autre invité de cette compétition. Une nouvelle qui donne le frisson quand on sait que la nouvelle perle du judo japonais, lors des championnats universitaires par équipes toutes catégories 2012 et 2013 avait battu des combattants de 130 kilos. On imagine sans peine qu’il sera donc suivi de près avec son judo calqué sur le Gokyo.
Notons enfin la présence dans ce même demi-tableau de l’élégant Nagase, titulaire nippon en -81kg qui aura fort à faire avec Kumashiro au 1er tour et Aaron Wolf, judoka japonais métissé – son père est américain – à ajouter à la liste dressée dans le dernier numéro de l’Esprit du Judo (n°49), junior et vainqueur du Tournoi d’Aix-en-Provence en décembre dernier. Début des hostilités à 10h30.