Les Français loin du compte
Le podium des équipes masculines, Japon (1e), Mongolie (2e), Brésil et Russie (3e), avec le Président de l’Union Européenne de Judo et Président des World Combat Games Sergey Soloveychik, le Responsable du bureau directeur des World Combat Games Pavel Zhuravlov et le Directeur des équipes russes, et ambassadeur des World Combat Games, Ezio Gamba / Photos © IJF Media Team by T. Zahonyi
Après les filles samedi, les garçons ce dimanche, avec un plateau encore plus étoffé et un niveau de concurrence très élevé. Impressionnant chez les féminines, le Japon allait-il emporter ce deuxième défi par équipes nationales de judo chez les garçons ? La réponse est… oui.
Décidément, on peut faire une joli révérence à la française, ou s’incliner à la japonaise devant cet intimidant week-end nippon. Quand même, ce que fait le judo japonais, malmené sur le plan politique et social par tous les médias du pays, montré du doigt comme un coupable par une part de la société japonaise, fragilisé sur le plan sportif par son échec des Jeux et la médiocrité de son encadrement d’alors, mais toujours capable de préserver son rang sur le tapis avec cette fierté du leader naturel qui meurt, mais ne rompt pas… c’est fort.
Comme chez les filles, le groupe japonais n’affichait pas de grands leaders, et pourtant ils sont passés à travers la journée avec l’autorité éternelle du judo japonais. La France en revanche a été très petit bras ce dimanche, incapable même de dominer une équipe allemande juvénile et à sa portée. Si la relève est dans ce groupe, elle est encore loin, très loin du compte.
Le Japon traverse le Brésil..
Tandis que l’Ouzbekistan, avec une équipe mixte, passait une jeune équipe géorgienne, tandis qu’une équipe de Russie n°2 bis se faisait écarter 3-2 devant son public par la Mongolie (défaite de Mikhail Pulayev et Denis Iartcev devant Batgerel Batsegtseg et Odbayar Ganbaatar, victoire de Shirazudin Magomedov et Iurii Panasenkov devant Gan Tuvshinjargal et Janchivdorj Bunddorj, défaite finale de Renate Saidov devant Batsuuri Namsraijav) le Japon se voyait opposé à un Brésil de premier niveau avec Charles Chibana en -66 kg, l’un des grands animateurs du dernier championnat du monde, mais aussi Victor Penalber en -81 kg, n°1 mondial avant Rio, ou encore le poids lourds Rafael Silva, finaliste du championnat du monde face à Teddy Riner. Le Japon en revanche était là avec une équipe masculine modeste, comme c’était le cas de l’équipe féminine, avec des combattants entre le 2e et le 5e rang national. Shogo Maeno en -66 kg, vice champion du Japon 2010, 3e du Grand Prix d’Abou Dabi en 2012 et 74e mondial, Ryo Saito en -73 kg, 3e du Grand Prix de Chine 2012 et 104e mondial, Yasuhiro Ebi en -81 kg, 3e du championnat national et vice champion d’Asie, 50e mondial, Yuya Yoshida en -90 kg, vice champion du Japon et 67e mondial, et enfin Masaru Momose en fer de lance, l’ancien rival (malheureux) de Teddy Riner en juniors, un bon poids lourds très technique au physique un peu limité, mais récent vainqueur du Grand Prix d’Allemagne devant le Géorgien Okroashvili, 11e mondial. Malgré ses atouts, le Brésil se fait traverser par 4-0 rapide. O-soto-gari de Maeno sur Chibana, immobilisation de Saito sur Barbosa, et encore un ippon de Ebi sur Penalber – un n°2 mondial qui ne digère pas sa défaite rapide championnat du monde de Rio (contre Loic Pietri) – et enfin waza-ari et ippon de Yoshida sur Eduardo Silva, médaillé de bronze de la Pan-Amérique. Tour de contrôle trop isolée, Rafael Silva apportait un point tardif au Brésil contre Momose.
…contrôle l’Ouzbekistan
Maeno (-66 kg) tenait l’international Norkobilov en respect aux pénalités, le récent vainqueur du Grand Prix de Tashkent Mirali Sharipov (-73 kg) apportait le seul point ouzbek face à Saito, Ebi (-81 kg) gagnait un nouveau point japonais aux pénalités contre Shukhratjon Arslanov, Yoshida (-90 kg) en faisait de même contre Sherali Juraev et Momose faisait monter Boltaboy Boltaev au hansokumake ! La grande fête du shido.
…triomphe contre la Mongolie !
Victorieuse de l’Allemagne par 3-2, en bronze avec ses féminines la veille, la Mongolie n’était pas là pour rigoler. Mais Shogo Maeno continuait à être un impeccable starter en battant d’un yuko le récent médaillé aux Grand Prix de Miami et de Tashkent, Batgerel Batsetseg. Un avantage aussitôt annulé par Odbayar Ganbaatar face à Saito aux pénalités (2-1), ce que parvenait à faire aussi Tuvshinjargal Gan contre Yasuhiro Ebi. Mais, dos au mur, le Japon reprenait le score par Yoshida d’une immobilisation sur Janchivdorj Bunddorj et tout se jouait donc sur l’affrontement des lourds. Alors qu’il ne restait plus que quelques secondes de combat, Momose trouvait l’ouverture pour sasae-tsuri-komi-ashi.
Deuxième victoire du Japon sur le week-end, ou comment faire d’un événement sans importance sportive une véritable étape sur le chemin de la reconstruction et de la confiance.
La France mène 2-0… et perd
C’est l’Allemagne qui se présentait pour les Français en début de journée. Pas les Peters et autres Toelzer, mais une équipe toute fraîche, et prête à être mangée toute crue par les Killian Le Blouch (-66 kg), Jonathan Allardon (-73 kg), Quentin Joubert (-81 kg), Ludovic Gobert (-90 kg) et Jean-Sébastien Bonvoisin (+90 kg). C’est d’ailleurs ce que l’équipe de France commençait à faire avec deux victoires pour Le Blouch et Allardon… mais Alexandre Wieczerczac (-81 kg) redonnait espoir à ses camarades et Aaron Hildebrand (-90 kg) les ramenaient à égalité ! Tout se jouait sur les lourds, et Bonvoisin, 17e mondial, avait a-priori toutes les clés pour battre Andre Breithbarth, 104e mondial. Mais c’est le jeune Allemand qui faisait feu de tous bois et finissait par marquer waza-ari au Français. Dur.
En repêchages, la Russie, très concentrée pour prendre au moins la médaille de bronze devant son public, ne laissait pas le jeune groupe français rêver de revanche et les battait par 4-1 avant de s’emparer du bronze face à l’Ouzbekistan. Une leçon un peu violente, mais honnête, du niveau requis aujourd’hui.