Des confirmations, des espoirs et quelques doutes…
Le championnat du Japon 2013 de Judo ! / Emmanuel Charlot
Les championnats de judo du Japon 2013 entre confirmations et déceptions. Quelques casse-têtes en perspective pour la commission de sélection en vue des championnats du monde de Rio 2013. Les vainqueurs par catégories de poids : -60kg : Ryo Kawabata, -66kg : Masaaki Fukuoka, -73kg : Riki Nakaya, -81kg : Goki Maruyama, -90kg : Hirotaka Kato, -100kg : Takashi Ono, +100kg: Ryu Shichinohe. Et chez les féminines : -48kg : Haruna Asami, -52kg : Yuki Hashimoto, -57kg : Nozomi Hirai, -63kg : Kana Abe, -70kg : Karen Nunira, -78kg : Ruika Sato, +78kg : Nodoka Shiraishi.
Les masculins
-60kg : 1) Ryo Kawabata 2) Hironori Ishikawa 3) Naohisa Takato et Hirofumi Yamamoto
En l’absence du titulaire de ces dernières années, Hiroaki Hiraoka, finaliste des Jeux 2012, on attendait le nouveau n°1 mondial Naohisa Takato, vainqueur du dernier tournoi de Tokyo. C’est finalement Ryo Kawabata qui le bat par ippon et va s’emparer du titre. Hirofumi Yamamoto, ancien champion du monde juniors, rate une nouvelle fois le coche, battu par Hironori Ishikawa (finaliste à Tokyo en décembre). Un problème pour l’encadrement car si Ryo Kawabata, à 23 ans, prend doucement du galon au Japon (il a été finaliste de Tokyo 2011 derrière Yamamoto), ses prestations à l’étranger ont jusque là été particulièrement modestes. Il est… 68e au classement mondial.
-66kg : 1) Masaaki Fukuoka 2) Masashi Ebinuma 3) Junpei Morishita et Tomofumi Takajo
Une relative surprise, mais toute relative, car si le médaillé olympique Masashi Ebinuma monte vraiment en puissance au niveau mondial, Masaaki Fukuoka est vraiment redoutable depuis sa montée en -66 kg en 2010. Il a gagné à Tokyo (2010), en Allemagne et aux Emirats (2011). Absent presque toute l’année 2012, il est revenu fort en 2013, avec une finale très serrée en Allemagne, contre Ebinuma déjà. Cette fois, tandis qu’Ebinuma parvenait à écarter le jeune Takajo, Fukuoka sortait l’ancien champion du monde (2010) Junpei Morishita. En finale, il l’emportait d’un yuko.
-73kg : 1) Riki Nakaya 2) Yuki Nishiyama 3) Shohei Ono et Takenori Nakamura
Grosse catégorie ! On attendait l’affrontement entre le champion du monde et médaillé olympique Riki Nakaya et le jeune, 21 ans, et très brillant Shohei Ono, qui l’avait battu en finale du tournoi de Tokyo. Malheureusement pour lui, le prétendant était sorti aux pénalités par le champion du monde junior 2009 Yuki Nishiyama, vainqueur récent de l’Open de Budapest, troisième du tournoi de Tokyo 2012. Plus vieux que Ono de quelques mois seulement, le jeune homme ne perd pas beaucoup de combat, y compris dans ses sorties internationales. Mais Nakaya réaffirme son autorité avec un ippon en finale.
-81kg : 1) Goki Maruyama 2) Satoshi Yasuda 3) Yasuhiro Ebi et Kenya Kohara
Dans cette catégorie « faible » au Japon, c’est Takahiro Nakai qui a fait les Jeux de Londres, où il échoue au pied du podium. On pouvait attendre sa confirmation, où plus sûrement une passation de pouvoir avec un solide second, Keita Nagashima (3e à Paris en 2013), qu’on a beaucoup vu en Europe et plutôt à son avantage. Eventuellement Tomohiro Kawakami (3e au tournoi de Tokyo 2012), mais c’est finalement le champion du monde juniors 2011, Goki Maruyama, qui s’empare du titre seniors. C’est lui qui battait Nagashima au premier tour, tandis que Yasuda, un parfait inconnu, en faisait de même avec Nakai avant de perdre en finale d’une pénalité. Maruyama, une mise en avant intéressante parce que sa génération est aussi celle du -60 kg Takato et du -73 kg Ono. Mais ce n’est pas vraiment une garantie pour le présent.
-90kg : 1) Hirotaka Kato 2) Yuya Yoshida 3) Shohei Shimowada et Takuya Kondo
Dans cette catégorie, la place été tenue avec dignité pendant deux ans par le jeune Daiki Nishiyama, deux fois vice champion du monde à 20 ans ( en 2010 et 2011) derrière le roi Iliadis. Mais la structure a préféré Masashi Nishiyama (sans lieu de parenté) pour les Jeux olympiques, avec une médaille de bronze à la clé. Problème, Daiki Nishiyama est absent depuis longtemps maintenant et Masashi est battu dès le premier tour par Kondo, inconnu en Europe. Du coup c’est le fantasque champion du Japon toutes catégories de l’année dernière, vainqueur aussi en 2012 dans sa catégorie de poids, Hirotaka Kato, qui confirme. Il bat tout le monde par ippon, dont Shohei Shimowada champion d’Asie et vainqueur de l’Open de Hongrie en 2013. Problème : il a 32 ans et ses sorties internationales n’ont pas été très très probantes.
-100kg : 1) Takashi Ono 2) Yusuke Kumashiro 3) Daisuke Kobayashi et Hironubu Shibasaki
Le passage récent de Takashi Ono en -100 kg après avoir commencé sa carrière en -81 kg au début des années 2000, a été plutôt convaincant. Toujours excellent technicien, il arrive à placer ses uchi-mata dans cette nouvelle catégorie comme dans les autres. C’est néanmoins un peu surprenant de le retrouver leader de cette catégorie orpheline du champion du monde 2010 Takamasa Anai, présent sur les Jeux de Londres (où il a été mauvais). On avait admiré le superbe Ryunosuke Haga et ses fantastiques uchi-mata, mais opéré, il n’est toujours pas de retour. Ono bat Daisuke Kobayashi, le vainqueur de Tokyo 2012, et en finale, Yusuke Kumashiro, un combattant de 24 ans qui a fait sans marquer les esprits la campagne européenne de cette année.
+100kg: 1) Ryu Shichinohe 2) Daiki Kamikawa 3) Ryuta Ishii et Takeshi Ojitani
Dans cette catégorie bien pâle, on retrouve en leader le solide Ryu Shichinohe, propulsé dans les airs par Teddy Riner cette année en quelques secondes à Paris. En finale Daiki Kamikawa le vainqueur de Riner en 2010 aux championnats du monde, inexistant depuis. Troisième à Tokyo 2012 et Paris 2013, Shichinohe, champion en titre est bien le leader actuel de la catégorie.
Les féminines
-48kg : 1) Haruna Asami 2) Tamami Yamazaki 3) Hiromo Endô et Shoko Ibe
Championne du monde 2010 et 2011, Haruna Asami s’était vu rafler la sélection aux Jeux olympiques par Tomoko Fukumi dans des conditions psychologiques terribles. Invincible depuis quatre ans avec Fukumi, blessée, elle s’était effondrée au premier tour sur les championnats du Japon 2012. Mais elle est apparemment dur au mal puisqu’elle est l’une des seules à être remontée en selle sans attendre, gagnant Tokyo 2012 et Paris 2013. Elle confirme sur ce championnat qu’elle a bien l’intention de reprendre sa longue série de victoires. Chapeau. Pour l’instant, elle est sans opposition, Tamami Yamazaki la finaliste, victorieuse d’Emi Yamagishi au premier tour, est une junior.
-52kg : 1) Yuki Hashimoto 2) Yuka Nishida 3) Ai Shishime et Gomi Natsu
C’est un peu la même aventure pour Yuka Nishida, championne du monde 2010, qui a à peu près tout gagné ce que Misato Nakamura ne gagnait pas. C’est Nakamura qui est allé aux Jeux, battue au premier tour par la Coréenne du Nord An Kum Ae. En l’absence de sa rivale partie en vacances de durée indéterminée, elle essaye de reprendre les choses en main, mais c’est plus difficile que pour Asami. D’abord parce qu’elle s’est blessée au coude en Allemagne, surtout parce que Yuki Hashimoto a profité de la vacance du pouvoir pour tout rafler sur son passage. Elle a tout emporté en 2012, dont TOkyo et Dusseldorf, les championnats du monde par équipes au passage, puis Paris cette année. En finale, elle gagne par ippon. La catégorie a manifestement un nouveau leader.
-57kg : 1) Nozomi Hirai 2) Makiko Otomo 3) Nae Udaka et Shoko Ono
Aïe ! Voilà qui ne va pas faciliter le travail de la fédération japonaise. Déjà privée de son unique championne olympique, la guerrière au repos Kaori Matsumoto, voilà que sa remplaçante désignée, la très impressionnante Anzu Yamamoto, perd au premier tour de ce championnat sur la modeste Makiko Otomo, d’un yuko. Après une grosse moisson de médailles en 2012, la double championne du monde juniors 2010 et 2011 est peut-être un peu fatiguée. Nozomi Hirai, a pris le relais de Nae Udaka comme n°2 derrière Matsumoto ou Yamamoto depuis sa descente de catégorie en 2010. Elle perd la finale du tournoi de Tokyo 2012 devant Yamamoto et celle du tournoi d’Allemagne 2013 devant la Française Pavia. C’est elle qui écarte Nae Udaka et met ippon en finale à l’inattendue Otomo.
-63kg : 1) Kana Abe 2) Miki Tanaka 3) Megumi Tsugane et Miku Tashiro
La double championne du monde Yoshie Ueno a disparu depuis sa déconvenue des Jeux et un dernier titre continental en 2012. La jeune Megumi Tusgane ne confirme pas sa victoire surprise au tournoi de Tokyo. Même si elle s’élève jusqu’au podium, elle laisse les deux prétendantes les plus expérimentées, Miki Tanaka et Kana Abe, s’expliquer en finale. C’est Abe, surclassée plusieurs fois par Agbegnenou en tournoi ces derniers mois, qui l’emporte d’une pénalité.
-70kg : 1) Karen Nunira 2) Yuka Osumi 3) Yuki Imai et Maeda Naoko
La double championne du monde juniors Haruka Tachimoto, championne du Japon en titre, a connu son heure de gloire en battant Lucie Décosse en finale du tournoi de Paris 2012. Depuis, c’est la débandade. Inexistante à Paris, battue au premier tour de ces championnats nationaux, celle qui promettait beaucoup est en train de fondre comme neige au soleil. C’est la discrète Karen Nunira, 21 ans, troisième des championnats d’Asie cette année, et finaliste au niveau national en 2012, qui s’impose. En finale, elle domine l’inconnue Yuka Osumi, 24 ans.
-78kg : 1) Ruika Sato 2) Akari Ogata 3) Sayaka Anai et Kaho Nishida
Championne en titre, l’une des plus jeunes des « quatre mousquetaires » (avec l’Américaine Harrison, la Française Tcheumeo et la Brésilienne Aguiar) était vice championne du monde à Paris à 20 ans. Depuis, sa courbe ascendante ne monte plus tellement. Elle perd à Paris en finale face à Louette, elle est battue en finale de Tokyo face à Ruika Sato, une fille de sa génération. Pour ces championnats du Japon 2013, Sato bat Sayaka Anai en demi et Akari Ogata en finale par ippon.
+78kg : 1) Nodoka Shiraishi 2) Kanae Yamabe 3) Sara Asahina et Megumi Tachimoto
La double championne du monde et finaliste olympique Sugimoto ayant pris sa retraite, c’est la solide Megumi Tachimoto qui était attendue aux commandes. Elle est battue aux pénalités au second tour par la future championne Nodoka Shiraishi. Derrière elle, la plus prometteuse était Sara Asahina, 16 ans, championne du monde cadette, troisième à Tokyo en 2012 et victorieuse de l’Open de Bulgarie 2013. C’est la finaliste Kanae Yamabe qui a gagné en 2013 son premier tournoi à l’étranger à l’Open 2013 qui domine la jeune outsider. La victoire finale de Shiraishi est surprenante : cette ancienne championne d’Asie juniors (2004) n’a jamais fait d’étincelle. Son dernier exploit : 7e de l’Open d’Autriche 2013…