Ces championnats du monde sont-ils d’ores et déjà faussés ? Question provocatrice et incongrue à première vue, elle a pourtant traversé l’esprit des fins analystes de ces championnats du monde juniors à l’issue du tirage au sort. Pour au moins trois raisons : d’abord, car cet événement est organisé en plein mois d’août, en Amérique du Sud. Deux informations qui pourraient bien expliquer la participation la plus faible depuis au moins huits ans : seulement 373 combattants présents, très loin des 590 des championnats du monde 2017 à Zagreb (Croatie), des 555 de 2015 à Abou Dhabi (Émirats Arabes Unis) ou même des 490 de l’année dernière à Olbia (Italie) pourtant encore en pleine année covid. Cherté du voyage, calendrier modifié (d’habitude les Monde juniors se tiennent en octobre) pour des championnats organisés dans des conditions peu familières pour les athlètes : bus escorté par la police de l’aéroport à l’hôtel, policiers en faction permanente en bas de l’hôtel avec recommandations fortes de ne pas sortir de ce dernier, la ville de Guayaquil étant considérée comme la plus dangereuse du pays.
Ensuite, parce que ces championnats se feront sans l’équipe russe : six médailles l’année dernière (dont deux titres), quatre médailles en 2019, trois en 2018, cinq en 2017. Deuxième nation en 2021, troisième en 2014, 2015, 2017 et 2019. Ni d’ailleurs l’équipe ukrainienne.
Une absence qui pèse quand on sait que par exemple les trois médaillés olympiques russes l’année dernière à Tokyo ont tous été médaillés mondiaux juniors (Niyaz Ilyasov et Tamerlan Bashaev sont champions du monde en 2015, Madina Taimazova vice championne du monde en 2019).
Enfin et surtout, parce qu’une délégation japonaise sera de la partie, contrairement à l’année dernière, avec dix-huit engagés nippons (neuf féminines, neuf masculins) mais dont aucun n’était tête de série ! Une donnée à faire totalement turbuler le système : avec des repêchages uniquement à partir des quarts de finale, les têtes de série – très majoritairement européennes et sud-américaines – pouvaient ainsi avoir la malchance de rencontrer un Nippon dès le premier tour, synonyme de combat couperet dès l’entrée en lice. Rappelons que le Japon se positionne comme le pays à battre sur cette compétition (le Pays du Soleil-Levant est première nation lors de ces championnats du monde juniors depuis 1996).
Une hypothèse redoutable, et confirmée hier soir : en -78kg, la championne du monde allemande en titre, Anna Monta Olek, tête de série n°1 rencontrera Aki Kuroda dès le premier combat. Même configuration en -90kg, où le Hongrois Peter Safrany, sacré il y a un an en Italie (et plus sorti depuis) devra se défaire du Nippon Junnosuke Todaka d’entrée. En -70kg, le quart premier quart de finale pourrait bien opposer Ai Tsunoda-Roustant, championne du monde à Olbia à la Nipponne Moka Kuwagata, classée deux fois déjà à la Coupe de l’Impératrice. Un combat, revanche possible de la finale des championnats du monde cadets de 2019.
En -63kg, Kerem Primo, la pépite israélienne (elle n’est que cadette troisième année), vice championne du monde 2021 en -57kg, tire le gros lot avec la Japonaise Kurumi Ishioka pour le dernier combat du premier tour.
Certains de nos combattants tricolores n’ont d’ailleurs pas été épargnés par ce tirage au sort en forme de chausse-trapes : en -81kg, Arnaud Aregba, tête de série n°2, rencontrera très probablement dès son entrée dans la compétition le judoka de l’université de Tokai, Kaito Amano. Titulaire dans l’équipe de son université lors des derniers championnats du Japon toutes catégories, ce qui en dit déjà beaucoup sur le niveau de ce judoka.
Également tête de série, Martha Fawaz, en -57kg, devra d’entrée battre Rin Eguchi, victorieuse à Graz (Autriche) er championne du monde cadettes en 2019.
En +78kg, Dounia Nacer retrouvera d’entrée de jeu la Nipponne Mao Arai, qui l’avait battue à Malaga. En -52kg, Chloé Devictor, championne du monde en titre, elle, ne verra en revanche finalement pas la Japonaise Ayumi Kawada se mettre en travers de sa route, celle-ci ayant été rayé du tirage au sort, sans doute à cause d’un test antigénique positif.
Pour les autres Français ? Enzo Jean (-60kg) tire le jackpot avec le Géorgien Giorgi Sardalashvili, tête de série n°1, champion du monde en titre, vainqueur à Malaga et médaillé d’argent au Grand Chelem de Tbilissi. Kenny Liveze et Mathias Anglionin, les deux titulaires en -100kg, se retrouvent dans le même quart de tableau.
Début de la compétition cet après-midi à 17h30, avec l’entrée en lice de Pauline Cuq (-48kg), Léa Bérès (-48kg), Chloé Devictor (-52kg), Alya De Carvalho (-52kg), Enzo Jean (-60kg), Romain Valadier-Picard (-60kg), Driss Masson-Jbilou (-66kg) et Maxime Moudanga (-66kg).