L’ancien -86 évoque sa rivalité avec le champion coréen

En complément à l’interview de Jeon Ki-Young à lire dans l’EDJ61 en kiosques depuis mardi, nous publions ici (en anglais et en français) le souvenir qu’en conserve l’Allemand Marko Spittka, 3e des JO 1996, 2e des CM 1997 et aujourd’hui entraîneur de l’équipe d’Autriche. En demi-finale à Atlanta puis en finale à Paris, l’ancien -86 kg fut battu à chaque fois par l’Invincible Coréen.

Aujourd’hui entraîneur de l’équipe d’Autriche, l’Allemand Marko Spittka n’a jamais oublié les combats qui l’opposèrent au Coréen Jeon Ki-Young.
©Paco Lozano/L’Esprit du judo

Comment était Jeon, dans les mains ?
Il était rapide, polyvalent et mobile. Même lorsque le combat était serré, il savait d’instinct placer la bonne action au bon moment.

Quelle était selon toi la meilleure tactique à adopter, face à lui ?
L’objectif pour moi était de le contrôler avec une saisie forte, puis de l’attaquer lorsque notre déplacement me le permettrait. À ce titre, les phases de liaisons debout-sol étaient des moments-clés de nos combats.

Fut-il l’adversaire le plus difficile que tu as eu à affronter durant ta carrière ?
J’ai effectivement connu quelques sérieux clients dans ma catégorie durant ces années-là, mais lui se situait encore un cran au-dessus. Vu qu’il sortait peu en tournoi, il était difficile de l’étudier. C’était déjà un grand combattant à cette époque, aujourd’hui c’est un Monsieur !

Était-il facile de lui parler, lorsqu’il était athlète ?
Je ne lui ai jamais adressé la parole durant ma carrière – c’était comme ça à l’époque, alors qu’aujourd’hui tous les athlètes se parlent. Ce n’est que bien des années plus tard, lors des Universiades de Kazan [en 2013, NDLR], et parce que nous nous sommes retrouvés côte à côte en train de transpirer sur des vélos elliptiques, que nous avons commencé à évoquer ensemble le bon vieux temps.

As-tu été surpris qu’il décide d’arrêter le judo si tôt ?
Pour être honnête, beaucoup d’athlètes ont été très heureux qu’il arrête. C’était un champion et, sans lui dans le tableau, remporter une médaille est simplement devenu plus facile ! Du reste, à peine un an et demi après, tout le monde a compris qu’il aurait aussi du succès dans sa nouvelle carrière. En judo Jeon Ki-Young a tout accompli !

Qu’a-t-il transmis à l’actuelle génération d’athlètes et d’entraîneurs coréens ?
Le style coréen n’a pas tant changé que ça au fil des années. Je pense qu’il a proposé une large gamme d’expérience et d’options tactiques aux entraîneurs. Travailler dur et sans compromis, voilà la patte Jeon !
C’est un grand champion et un expert reconnu par ses pairs au sein de la Fédération internationale de judo. Sa personnalité reste un modèle pour les futures générations d’athlètes. Je suis très fier de le connaître et jamais je n’oublierai les terribles combats qui nous ont opposés sur le tatami.

 

Anthony Diao
Remerciements : Markus Moser (Fédération autrichienne de judo)

Un entretien avec Jeon Ki-Young est à lire dans l’EDJ61, en kiosques depuis le 12 avril.