Belle prestation des deux combattants tricolores

Emmanuel Charlot – Esprit du Judo / Clément Delvert, un -100 kg qui monte dans l’ombre de Cyrille Maret.

Anne Fatoumata M’Bairo de Maisons-Alfort était la dernière représentante féminine pour la France. La +78 kg, troisième du championnat de France seniors après avoir gagné le championnat juniors l’année dernière, a été trop tendre pour sa première adversaire, la Néerlandaise Tessie Savelkouls, 21 ans, qui la clouait sur le dos avec o-uchi-gari.

Le podium des -90 kg / Officiel UEJ

Iddir l’homme de bronze

Deux garçons, en revanche, pour défendre les couleurs françaises, et non des moindres, puisque dans ce duo, on retrouvait Alexandre Iddir, champion de France -90 kg, un titulaire potentiel pour les grands championnats à venir en équipe de France A, comme cela a d’ailleurs déjà été le cas l’année dernière au championnat d’Europe. Alexandre Iddir allait faire une superbe démonstration de son judo spectaculaire et varié, avec un splendide ko-uchi-gari en réaction contre l’Ukrainien Kovtunov, un beau seoi debout sur le solide Suisse Grossklaus. Il menait sa demi-finale en rythme contre l’étonnant petit Hongrois Toth, un rablé combattif et ultra efficace sur son spécial subtil, un « sukashi » de uchi-mata qui lui permet d’enclencher lui-même uchi-mata. Hélas pour lui, Iddir allait prendre l’un de ceux que le Hongrois Toth, 44e mondial (Iddir est 41e), tout juste sorti des juniors, allait semer sur son chemin jusqu’au titre de champion d’Europe -23 ans. Il reprenait néanmoins le fil d’une belle journée judo en projetant son adversaire suivant sur yoko-tomoe-nage, puis, pour la place de trois, le Russe Khalmurzaev, deux fois champion d’Europe et vice champion du monde juniors en 2011 et 2012, un souple et puissant bien en rythme au fort kumi-kata que le Français parvenait à prendre en uchi-mata pour attraper une médaille de bronze encore un peu frustrante, mais qui récompense néanmoins une belle journée de judo et un prestation presque parfaite. L’or ne devrait plus tarder pour Alexandre Iddir. Cette année ?

Krisztian Toth, un Hongrois combattif et efficace, champion d’Europe 2013 des -23 ans en -90 kg / Kostadin Andonov officiel UEJ

Le podium des -100 kg / Officiel UEJ

Delvert, le bel argent

Clément Delvert est discrétement en train de s’installer dans le rôle d’outsider pour le poste de remplaçant crédible en équipe de France en -100 kg. Champion de France juniors 2010 et 2011, cinquième des championnats du monde juniors et finaliste du championnat de France seniors 2012, déjà, derrière Cyrille Maret, il a été cette année l’un des hommes forts du championnat national, surpris seulement en demi-finale par un « coup de judo » du Franc-Comtois Maxime Clément alors qu’il dominait le combat. Sélectionné pour ce championnat d’Europe, il a pris la journée de la meilleure des façons, actif, mobile et volontaire. Il entamait son parcours par un magnifique harai-tsuri-komi-ashi en contre de ko-soto-gari sur l’Ukrainien Luchyn, deux fois médaillé européen juniors et plus vieux que Clément Delvert. La suite était moins prolifique en point, mais convaincante par le rythme et la maîtrise des déplacements et du kumi-kata. Il dominait nettement l’Estonien Minaskin, lui aussi plus vieux et médaillé européen et mondial juniors (en 2009), puis, sur le même mode, le Bulgare Dichev (médaillé européen junior 2010) pour parvenir en finale. La fin de ce beau parcours était un peu abrupte. Delvert se faisait attraper à bras le corps pratiquement des es premières secondes de la finale par l’étonnant Portugais Jorge Fonseca, cinquième des championnats d’Europe juniors 2011, un « super boeuf » en pleine confiance depuis sa 3e place à l’Open d’Ecosse. Dommage.

Clément Delvert, surpris par l’étonnant Portugais Jorge Fonseca, nouveau champion d’Europe 2013 des -23 ans en -100 kg / Kostadin Andonov officiel UEJ

La Russie, seule devant

Avec ses deux médailles supplémentaires, la France termine à une honnête quatrième place au classement des nations (mais deuxième au nombre de médailles avec cinq récompenses), loin derrière la Russie et ses dix médailles dont deux titres et trois médailles d’argent, et devancée par les deux médailles d’or roumaines et hongroises. C’est la délégation masculine française, plus étoffée, qui tient le mieux choc avec notamment le beau titre de Jonathan Allardon, tandis que le groupe féminin, malgré les finales de Lola Bennaroche (-57 kg) et Maelle Di Cintio (-63 kg), reste un peu trop discret. La Russie domine largement les masculins, mais c’est la Roumanie qui est devant chez les féminines, l’Allemagne juste dans sa foulée.