Une médaille par jour. Et des trois couleurs. Après l’or de Pauline Cuq et le bronze de Maylis Rozan, James Okoye complète la collection française avec l’argent en -81kg lors de la dernière journée de ces championnats d’Europe. Un judoka normand qui montra de fort jolies choses toute au long de cette troisième journée, encore une fois dominée presque outrageusement par la Russie.

Lors des test-matches nationaux cadets, nombreux étaient les observateurs attentifs à voir dans les -81kg la catégorie la plus intéressante chez les masculins, avec de jeunes judokas encore en construction mais dont les bases techniques étaient relativement solides.
Un évènement remporté par Jason Okoye (76 Judo), pensionnaire du pôle espoir de Rouen, qui réalise finalement – mais est-ce donc vraiment un hasard ? – la meilleure prestation masculine de ces championnats. Troisième en République tchèque, ce droitier au judo construit et adepte de harai-goshi (il en place deux très fort à l’Arménien Karapetyan en demi-finale), à la belle posture, se hisse solidement en finale, où il se piège lui-même en lançant d’entrée et de manière trop généreuse un morote-seoi-nage sur lequel le Géorgien Loladze prend l’opportunité d’un koshi-jime qui fera abandonner le Tricolore. Des regrets ? Bien entendu. Des promesses pour la suite ? C’est certain !
Un jeudi marqué également par la cinquième place de Celia Cancan (Judo 83 Toulon) en +70kg, battue pour le bronze par une judokate russe. Mais la Varoise n’est que cadette 1re année. Cette saison, Cancan aura plus combattu à l’international qu’au national, en se classant toujours. Le potentiel est là. Reste maintenant à confirmer avec les deux années qui lui reste encore dans cette catégorie d’âge.

Un jeudi qui vit la Russie définitivement redevenir le pays un peu effrayant qu’il est chez les jeunes. Cinq catégories, deux titres (-90kg, +90kg), une médaille d’argent, et deux médailles de bronze.
Mention spéciale au +90kg Denis Batchaev, très impressionnant avec des victoires express, aussi bien au corps-à-corps que sur des coups de patte. Une espèce de mini-Inal Tasoev. Chez les féminines, l’Ukrainienne Yelyzaveta Lytvynenko, très intéressante, expédie l’Allemande Buddenkote pour le titre en -70kg sur un modèle de tani-otoshi.

La France termine dinc au pied du podium avec donc trois médailles. Un résultat moins bon qu’en 2019 (deux titres – Romain Valadier-Picard et Kenny Liveze et deux bronze – Pauline Cuq et Aya Louchene) même si la France reste quatrième nation. Joint sur place, Lilian Barreyre, l’un des entraineurs nationaux, fait l’analyse suivante : « le bilan est bon sans être exceptionnel. Il manque une médaille, qui aurait dû venir dès le premier jour. Mais nous avons un groupe relativement jeune : les deux +70kg sont première année, comme la -40kg, alors que Morgane Annis en -44kg, le -50kg, les deux -55kg et le -73kg sont des cadets deuxième année. Nous avons noté qu’il y avait eu beaucoup de défaites en liaison debout-sol. Il va falloir donc travailler notamment là-dessus (avec le travail technique classique). Le manque de compétition sur la saison explique-t-il cela ? Je n’ai pas vraiment la réponse. »
Notons, pour poursuivre dans la logique des statistiques dressées hier, qu’au final six combats ont été gagnés par les dix masculins (Okoye, futur pensionnaire du pôle France Bordeaux, en gagne à lui seul la moitié). Chez les classés (jusqu’à la septième place donc), il n’y en a qu’un chez les garçons, pour quatre (Lima, Cuq, Rozan et Cancan) chez les féminines. Comme le remarquait Lilian Barreyre, nombre des défaites françaises l’ont été en ne-waza. Un secteur qui a retrouvé ses lettres de noblesse depuis maintenant plusieurs années, et que des athlètes comme la Suissesse Binta N’Diaye ou le Russe Timur Arbuzov ont utilisé comme une arme décisive.

Sans doute piquée au vif en 2019, la Russie d’Arsen Galstyan, le champion olympique de Londres, a pris son temps mais est redevenue cette espèce de machine implacable au leadership quasi incontestable chez les jeunes européens. Sur cette compétition, son pays remporte cinq titres pour onze médailles et quatorze classés (sur vingt participants). Elle n’aura été contestée que le premier jour par un Azerbaïdjan aux trois titres (-48kg, -50kg et -55kg) pour six podiums. Sur la troisième marche, Israël. Et ce n’est pas vraiment une surprise. Très présent sur le circuit « jeunes » depuis 2016-2017, le pays de Yarden Gerbi connaît une véritable montée en puissance à observer de très près. Sans doute pas pour Paris 2024 mais bien plus pour Los Angeles 2028. Avec quatre médailles dont deux titres, Israël s’installe-t-il dans le gotha du judo continental « jeune » ? On serait tenté de le parier. D’autant plus quand on possède des joyaux aussi explosifs que Kerem Primo, incontestablement l’attraction – peut-être avec le Russe Batchev – de ces championnats d’Europe.

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