Place au sixième jour de compétition à la Humo Arena. © Paco Lozano / L’Esprit du Judo

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Les résultats du jour et les tableaux complets de ces championnats du monde ici

Les leçons de Tashkent, épisode 7

« Hajime », le podcast de L’Esprit du Judo – qui se met en mode quotidien pendant une semaine – vous livre son analyse de cette septième journée des championnats du monde. Le joli tir groupé tricolore en +78kg pour finir la semaine sur la première Marseillaise à ce niveau de Romane Dicko, dont profitait également Julia Tolofua de sa troisième place du podium, l’avènement inattendu du Cubain Granda, presque frêle chez les poids lourds, mais surtout un bilan lucide du président de France Judo Stéphane Nomis… C’est à écouter maintenant !

Les quatre infos du jour

15h05. +100kg : Le dernier mot pour le Cubain Granda !
Pas le plus grand, pas le plus massif, mais aujourd’hui le plus fort ! Cela fait cinq ans qu’Andy Granda, que le grand public avait pu voir résister comme un beau diable en demi-finale des mondiaux Open de Marrakech face à un Riner en route pour la decima, tentait de faire son trou au royaume des poids lourds, ne glanant que quelques accessits (trois médailles de bronze en Grand Chelem). grâce à ses mouvements d’épaule lancés comme des éclairs. Aujourd’hui, c’est en mode déracineur qu’il aura tracé sa route, pour se présenter face aux 170kg de Tatsuru Saito, plébiscité au Japon depuis sa victoire au Zen Nihon en début d’année. Le fils du magnifique double champion olympique Hitoshi Saito, vingt ans seulement, sans aucune expression apparente, était désireux d’imposer son kumikata de gaucher, quand Granda, schéma désormais classique, ne tardait jamais à déclencher ses seoi-nage par en-dessous. Il parvenait bien à faire décoller le Nippon, mais sans jamais vraiment s’approcher d’une valeur technique. C’est sa débauche d’énergie qui allait au final emporter le morceau, Saito ne se jetant pas à l’attaque alors que les deux cartons jaunes figurant sur son tableau d’affichage auraient dû l’y inciter. Et sur une énième séquence voyant les deux arriver à terre sur une action de Granda, le coach cubain pouvait se lever en voyant l’arbitre demander aux deux hommes d’ajuster leur judogi. Il désignait bien son poulain, qui privait le Japon d’un sixième titre individuel cette semaine à Tashkent. Saito qui incarne tout de même la relève de la catégorie, tout comme le Sud-Coréen Kim Minjong, qui récidive en bronze après 2019 en plaçant un joli sode à genoux au Néerlandais Roy Meyer. Le vice champion olympique géorgien Guram Tushishvili, victorieux en 2018, sera lui aussi de la photo de famille, grâce à un o-uchi-gari très circulaire comptabilisé waza-ari en début de combat contre le Tadjik Temur Rakhimov.

14h25. +78kg : Dicko évidemment !
Forte de trois victoires consécutives face à la Brésilienne Souza ces trois dernières saisons, Romane Dicko s’avançait sur cette finale avec assurance et parvenait d’entrée à imposer sa garde privilégiée : main droite derrière la nuque adverse et la manche droite bien confisquée dans sa main gauche. Dans cette position, Souza se savait sur la sellette et, dans un effort pour se redresser, tentait un sasae qui ne manquait pas d’engagement. Mais la Française reprenait aussitôt appui et tirait fort sur la manche pour retourner le mouvement contre la Brésilienne. Pas de valeur mais l’opportunité rêvée de faire rouler son opposante sur le dos et l’immobiliser pour conquérir l’or! Dicko était annoncée, elle n’a pas failli ! La voilà championne du monde, pour arracher enfin de l’or pour l’équipe de France en Ouzbékistan.

14h20. +78kg : Du bronze pour Tolofua !
En attendant la finale de Romane Dicko, il y aura bien deux Françaises sur le podium des +78kg lors de la cérémonie protocolaire. Première en action dans ce dernier bloc final, Julia Tolofua a flirté avec la médaille tout au long de son combat contre l’Israélienne Raz Hershko. Plus puissante, la néo-Blanc-Mesniloise avait toutes les armes pour s’imposer à celle qui l’avait tout de même piégée en demi-finale du Grand Chelem de Paris 2021. Mais elle se mettait toute seule au pied du mur en encaissant rapidement deux pénalités, laissant Hershko attaquer avant qu’elle puisse poser ses deux mains sur le judogi adverse. Pas vraiment de danger de projection, mais une activité qui pouvait la mener à la médaille en chocolat comme en 2021. Mais la Tolofua 2022 n’est plus tout à fait la même, médaillée sur ses sept sorties suivantes sur le circuit international ! Elle prenait le kumikata à son compte, s’essayant à uchi-mata et harai-goshi sans trop s’exposer au contre israélien. Une attitude qui poussait l’arbitre japonaise à sanctionner à son tour Hershko, pour ramener les deux finalistes à deux shido partout. Le seul échappatoire de cette dernière consistait à briser l’entrave de ses mouvements d’épaule mal assurés, un seul étant véritablement dangereux sur la poignée de tentatives désespérés. De quoi menacer Tolofua de nouveau privée d’expression, d’un troisième shido? On ne le saura jamais car Hershko avait le malheur de se recoiffer pour la deuxième fois du combat, ce qui n’est plus permis par le nouveau règlement. C’est elle qui voyait rouge, et qui regardera Tolofua savourer un premier podium mondial mérité à vingt-cinq ans! La Marseillaise (pour Dicko) en prime ?

12h. Ce qu’il vous reste à vivre ce mercredi (à partir de 14h heure française)
+78kg
Finale :
Romane Dicko (FRA) / Beatriz Souza (BRA)
Combats pour le bronze :
Julia Tolofua (FRA) / Raz Hershko (ISR)
Hayun Kim (KOR) / Tomita Wakaba (JPN)

+100kg
Finale : Andy Granda (CUB) / Tatsuru Saito (JPN)
Combats pour le bronze :
Guram Tushisvili (GEO) / Temur Rakhimov (TJK)
Minjong Kim (KOR) / Roy Meyer (NED)

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11h. +78kg : la finale pour Dicko
Les deux Françaises se connaissent par coeur, se respectent et s’apprécient : entre Julia Tolofua et Romane Dicko, on savait que le combat serait âpre, à commencer par la bataille au kumikata. Elles se sont neutralisées comme prévu, Romane Dicko gérant mieux tactiquement ce combat à coups de pattes et montrant davantage à l’arbitre qu’elle voulait attaquer. Un shido pour Dicko, deux contre Tolofua… avant une double pénalité à onze secondes de la fin. Hansokumake contre Julia Tolofua. Pas un combat éclatant mais un combat clé, c’est sûr. Reste à aller chercher l’or pour l’une et le bronze pour l’autre pour terminer cette journée en beauté pour les deux lourdes françaises du moment.

🎙️ À écouter 🎙️ Les leçons de Tashkent, épisode 6
Tout ce qu’il faut retenir de la journée d’hier avec « Hajime », le podcast de L’Esprit du Judo, c’est ici !

10h30. Le programme des demi-finales
+78kg

Julia Tolofua (FRA) / Romane Dicko (FRA)
Tomita Wakaba (JPN) / Beatriz Souza (BRA)

+100kg
Andy Granda (CUB) / Roy Meyer (NED)
Tatsuru Saito (JPN) / Temur Rakhimov (TJK)

10h15. +78kg : Une demie Dicko / Tolofua !
Dans ce quart face à la Néerlandaise Kamps, Romane Dicko n’a pas laissé le doute s’installer. Garde puissante, un premier waza-ari au bout de trente secondes, son adversaire pénalisée logiquement sous la pression, avant de conclure sur o-soto-gari makikomi pour ippon et une place en demie… Face à Julia Tolofua. Après un très long combat contre le petit gabarit Coréen Kim et son « coller-pousser » fatiguant à subir (et à regarder), la Française, sans pouvoir changer de rythme, a gardé son objectif en tête : une demi-finale mondiale, après son excellente année 2022. Si elle se faisait peur en fin de combat en prenant une deuxième pénalité pour avoir passé la tête, nous en étions à deux shidos partout au moment d’attaquer le golden score. Presque deux minutes plus tard et une troisième pénalité tombait contre Kim.
Un combat fermé, mais l’essentiel est là : une demi-finale 100% française et donc l’une de nos représentantes en finale a minima.

9h55. +100kg : Fini pour Joseph Terhec
C’était bien parti ce matin, mais Joseph Terhec s’est fait piéger sur ce deuxième tour face au Tadjik Rakhimov : un premier shido logique aux deux hommes, un makikomi qui ne passe pas… avant que le Français ne se fasse contrer sur son seoi-nage par le vice champion d’Asie en titre, qui gardait le contrôle pour venir étrangler Terhec qui tapait tout de suite sous la pression. Il n’y aura pas de combattant français masculin médaillé en individuel sur ce championnat du monde…

9h35. +78kg : Tolofua se fait une frayeur
Opposée à la Portugaise Rachel Nunes, pas vraiment décidée à faire le combat, Julia Tolofua la faisait d’abord logiquement pénaliser une première fois, mais en voulant marquer, elle s’exposait aussi sur son uchi-mata, et se faisait contrer pour waza-ari. Exactement ce que Nunes attendait, avant de rester à nouveau statique, broyée il est vrai pas le puissant bras droit de la Française. Shido à nouveau contre elle, mais toujours un waza-ari d’avance au tableau de marque à trente secondes seulement de la fin du combat. Julia Tolofua ne pouvait pas perdre ce combat… Un peu dans la même situation que Romane Dicko quelques minutes plus tôt, elle restait concentrée pour marquer sur son o-uchi/uchi-mata avant de conclure en osae-komi. Ouf !

9h30. +100kg : Terhec au rendez-vous
Dans l’ambiance tristoune de l’équipe de France masculine sur ce championnat, ce premier tour de Joseph Terhec face au Slovène Enej Marinic ressemblait au combat piège. Il manquait d’ailleurs de se faire arracher sévèrement dans la première minute, Marinic le mettant en lévitation une bonne seconde. Mais Joseph Terhec commence à avoir du métier et après un sode intéressant un peu avant la mi-combat, puis un joli sasae qui ne donnait rien, il déroulait le Slovène sur son seoi-nage comme un benjamin. Ippon pour le Français, aujourd’hui outsider qui n’a rien à perdre.

9h25. +78kg : chaud pour Dicko
Marquée en contre sur tani-otoshi par la Chinoise Su alors qu’elle plaçait sa hanche au bout de trente secondes seulement, Romane Dicko a du s’employer pour battre cette combattante qui, si elle déclinait rapidement physiquement et prenait deux pénalités un peu bêtes – dont une sur saisie de jambe, demeurait dangereuse au contre. Il fallait donc de la patience à la Française, qui manquait de son impact habituel sur ce combat, pour aller enfin placer son uchi-mata de hanche et suivre au sol pour le compte. Vraiment pas simple pour son premier tour.

8h25. +78kg : Tolofua sans forcer
Face à cette gauchère qui essayait bien de venir lui contester la manche tout en subissant d’entrée l’impact physique, Julia Tolofua a assuré avec calme son premier tour. En lançant un maladroit seoi-nage contré, la Serbe Milica Zabic, essayait bien de réchapper en sutemi, mais La Française gardait la tête et venait la plaquer au sol avant l’étranglement. Imparable ippon.

7h30. Dernière journée individuelle ce mercredi
Salom ! Dernière journée de la compétition individuelle de ces championnats du monde 2022 aujourd’hui à Tashkent, à vivre ensemble sur cette page. Au menu de notre petit-déjeuner ? Ce mercredi, place aux +78kg et aux +100kg avec Romane Dicko (PSG Judo) et Julia Tolofua (ES Blanc-Mesnil Judo) ainsi que Joseph Terhec (ARAM Judo). Première participation pour Dicko et Terhec. Seconde pour Tolofua, cinquième l’an dernier à Budapest. Et de la médaille espérée côté français.

Dès le tirage tombé, l’hypothèse allait bon train : et si nous assistions, ce mercredi, à une demi-finale Dicko/Tolofua ? Têtes de série n°1 et 4, les deux tricolores se retrouvaient en effet dans le même demi-tableau. Dans une catégorie à vingt-neuf combattantes, cette hypothèse fait sens, tant les deux jeunes femmes (vingt-trois ans pour la Parisienne, vingt-cinq pour la Blanc-Mesniloise) ont connu une saison faite de hauts : victoire au Grand Chelem de Tel Aviv et aux championnats d’Europe pour Romane Dicko, seulement battue cette année par deux Japonaises : Wakaba Tomita (c’était en finale à Paris) et Sarah Asahina (en demi-finale à l’open européen d’Autriche) ; or à Tbilissi et bronze à Paris (deux fois), Tel Aviv et Antalya pour Julia Tolofua.
Exemptée de premier tour, la médaillée olympique de Tokyo entrera directement en huitième de finale. Ce sera ou contre la Chinoise Su Xin, troisième au Grand Chelem de Budapest et qui fait son retour sur le circuit après une absence de près de quatre ans (!) ou contre l’Américaine Nina Cutro-Kelly, en bronze aux championnats panaméricains mais non classée sur toutes ses autres sorties de l’année. En quarts, Romane Dicko rencontrera sans doute la Néerlandaise Marit Kamps, championne du monde juniors 2021, troisième au Grand Prix du Portugal et aux Grands Chelems de Tbilissi et Antalya. Une très bonne combattante européenne.
De son côté, Julia Tolofua aura un quart de tableau plus dense puisqu’elle débutera au premier tour contre la Serbe Milica Zabic, finaliste du dernier Grand Prix de Croatie en juillet. Avant possiblement de retrouver la Portugaise Rochele Nunes, cinquième à Paris, puis la Tunisienne Nihel Cheikh Rouhou (deuxième à Tbilissi et lors des Jeux méditerranéens) ou la Turque Kayra Sayit, victorieuse de ces mêmes Jeux méditerranéens, en huitièmes.
Si cette demi-finale entre les deux Françaises a donc bien lieu, il y aura a minima une troisième médaille au bout pour l’équipe de France, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle. Et il y a fort à parier que celle qui en ressortira victorieuse retrouvera derrière la Japonaise Wakaba Tomita (en or à Paris et Budapest) ou l’Israélienne Raz Hershko, médaillée sur les six compétitions officielles auxquelles elle a participé cette saison. Une belle régularité, avec même deux victoires (à Oulan-Bator et Zagreb). Attention à ses sode-tsuri-komi-goshi ! Une catégorie où l’ambition de finir à deux médailles à la fin de la journée apparaît plus que légitime tant Romane Dicko et Julia Tolofua ont prouvé qu’elle faisaient partie des leaders des +78kg.

Premier remplaçant il y a encore quelques semaines, Joseph Terhec sera finalement le titulaire des +100kg, suite au forfait de Teddy Riner.
Un Joseph Terhec qui sera beaucoup sorti cette saison (sept événements) pour une médaille (le bronze à Paris en octobre 2021), trois cinquièmes places (Paris en février, Antalya en avril et Tbilissi en juin) et une septième place (à Abou Dhabi fin novembre 2021). Le vice champion de France, qui entrera dans l’arène face au Slovène Enej Marinic, 56e mondial et cinquième à Oberwart début septembre. Un judoka qu’il n’a jamais rencontré pour un premier tour qui, bien négocié, amènerait le combattant de Saint-Raphaël sans doute face au Tadjik Temur Rakhimov, tête de série n°3. Vice champion d’Asie depuis peu, ce judoka de vingt-cinq ans fut de tous les podiums des Grands Chelems auquel il participa cette saison: quatre médailles (trois de bronze, une d’argent). Un client très solide.
Le quart du Français pourrait, si tout va bien, prendre l’apparence de la légende tchèque Lukas Krpalek : double champion olympique (2016 et 2021) dans deux catégories différentes (-100kg et +100kg). Albatros au ne-waza terrible et au sens tactique aiguisé tel un scalpel, Krpalek serait une magnifique étape à surmonter pour Terhec dans sa quête de médaille.
Une catégorie des +100kg qui offrira un premier tour explosif entre Jur Spijkers, champion d’Europe en titre, et le nouveau phénomène du judo nippon, Tatsuru Saito. Vingt ans, mais déjà vainqueur du Zen Nihon fin avril et du Grand Chelem de Bakou début novembre dernier.
Il faudra également compter sur Guram Tushishvili, vice champion olympique, le Mongol Tsetsentsengel Odkhuu, révélation de cette saison. Vingt-deux ans, passé par l’université de Tenri, ce grand échalas aux corps-au-corps terribles pourrait bien créer la surprise. À moins que l’Ouzbek du jour, Alisher Yusupov, deuxième à Antalya et Tbilissi ne s’alignent dans les pas de ses compatriotes Bobonov et Turoboyev.
Il y aura encore du spectacle demain à la Humo Arena.