Séphora Corcher et Walide Khyar en bronze pour ce 1er jour
Walide Khyar et la mémoire des bons moments
Crédit : IJF Media Gabriela Sabau & Marina Mayorova
A Lyon lors des championnats de France, Walide Khyar (-60kg, FLAM 91) l’avait affirmé de manière déterminée affichant ce grand sourire qui le caractérise : ses plus beaux souvenirs en juniors, croyait-il fermement, étaient à venir. A l’issue de cette 1ère journée de ces championnats du monde juniors à Abou Dhabi, le combattant du FLAM 91 a une nouvelle fois mis en cohérence ambitions et résultats. La 1ère étape avait été parfaitement négociée, avec une victoire nette et pleine d’autorité à Oberwart lors des championnats d’Europe. Aujourd’hui, le -60kg remporte le bronze mondial dans son style si caractéristique : agressif, offensif, sans calcul. Adepte du corps-à-corps, le bagage technique du judoka de FLAM 91 s’étoffe, par petites touches, en particulier en ne-waza. Difficile de ne pas y voir l’influence de Baptiste Leroy, le directeur technique du club, dont les conseils et encouragements perçaient dans les travées de l’IPIC Arena. Lors des deux premiers combats, le champion de France 2014 utilisa une liaison debout/sol bien exécutée, pour placer un juji-gatame qui fit mouche contre le Mexicain et failli faire taper l’Italien Lombardo. Mais en demi-finale, Khyar tomba sur un os, le Mongol Tsendochir, qui lui marque le 1er des quatre yuko encaissé par le Français après un corps-à-corps de dix longues secondes. Bon technicien, le judoka asiatique varia parfaitement ses attaques, rajoutant trois autres yuko sur morote, kata-guruma et o-uchi-gari lors d’un combat sans round d’observation ni temps-mort. Restait à aller chercher le bronze. Chose faite contre l’Anglais MacDonald pour un joli ippon. Champion d’Europe et 3ème aux championnats du monde : de sacrés beaux souvenirs, n’est-ce pas ?
L’autre -60kg, Jolan Florimont (Nice Judo) n’a pas connu la même réussite. Une question de pénalités. S’il s’imposait de deux shido face au Chypriote Trikomitis, sans être mis en danger, il devait s’incliner au tour suivant face à l’Algérien Rebahi d’une pénalité. Frustrant, pour ce jeune homme qu’on reverra sans aucun doute puisqu’encore juniors l’année prochaine.
Séphora Corcher, serial podiumeuse
Crédit : IJF Media Gabriela Sabau & Marina Mayorova
3ème ce vendredi soir, Corcher (-48kg, RSC Champigny) a réussi une saison pleine, convaincante et métronomique dans sa capacité à monter sur les podiums : 1ère à Saint-Pétersbourg et à Berlin, 3ème aux Europe et donc en bronze aujourd’hui. Auteur d’une journée très solide, cette gauchère 2ème année, a traversé les 1ers tours à coup d’ippon-seoi ou d’o-soto-gari, comme contre la Moldave Budescu qu’elle clouait au sol après une attaque très dynamique sur la toute 1ère prise de garde ! Malheureusement, elle subira en demi-finale l’efficacité insolente du ne-waza de la Japonaise Tonaki mais ira chercher une nouvelle médaille, mondiale celle-ci, contre l’Allemande Schneider.
Surprise de la sélection féminine, la cadette Anaïs Mosdier (ADST Judo), 3ème aux Europe et aux Monde, finit 7ème. Un classement en concordance avec sa prestation du jour : solide contre la Russe Bobrikova avec deux sode-tsuri-komi-goshi parfaitement exécutés (un waza-ari et un yuko), opportuniste contre la Portugaise Costa, un léger manque de lucidité contre la Slovène Stangar en ¼ de finale l’a prive de pouvoir entrer dans le dernier carré. Elle s’incline d’un shido au golden score pour fausse attaque lors d’un combat intéressant, la Française tentant de marquer sur ses mouvements d’épaule et son tai-o-toshi, son adversaire privilégiant les passages en-waza. Cela ne se joue qu’à très peu, face à une adversaire que Mosdier sera amenée à retrouver puisque Stangar est cadette, championne d’Europe en titre en ayant battue la Française. En repêchages, la pénalité prise en début de combat contre l’Allemande Schneider sera décisive.
Avec 3 années juniors qui s’ouvrent devant elle, cette 7ème place et les informations à en tirer seront précieuses pour les mois à venir pour cette judokate au bagage technique déjà solide.
Le Japon marque les esprits
4 médailles sur 6 possibles : 2 en or, une en argent et une en bronze. 1ère journée et le Pays du Soleil-Levant prend déjà les rênes du classement des médailles. Avec style et efficacité. Comme ce travail en ne-waza que la -48kg de l’Université de Teikyo, Funa Tonaki, utilisa toute la journée sur les tatamis émiratis pour mettre échec et mat une à une toutes les adversaires qui se présentaient devant elle. Méthodique dans son travail au sol à la manière d’un Kasparov des tapis, la Japonaise joua coup après coup pour finalement amener son adversaire à s’apercevoir de l’inéluctabilité de sa défaite, utilisant notamment le retournement dont le -73kg, Hiroyuki Akimoto, tout récent vainqueur du Grand Chelem de Paris, s’est fait une spécialité. Un recours au ne-waza particulièrement saillant chez les féminines, puisque Mikoto Tsunemi (-48kg, 3ème) et Riko Igarashi (-44kg, 2ème) usèrent elles aussi de tout leur savoir-faire pour éteindre les velléités de (presque) toutes leurs concurrentes. Ryuju Nagayama (-60kg) a lui préféré le judo debout pour aller chercher son titre mondial. Harai-goshi, ashi-guruma, morote-seoi-nage. Lançant peu, mais lançant fort, l’étudiant de Tokai, un tantinet nonchalant lors des premiers combats, s’est montré supérieur, avec une technique, elle, calquée sur le Gokyo.
Combattants du jour : Marusa Stangar (Slovénie), Tsogtbaatar Tsendochir (Mongolie)
Grande absente des championnats du monde cadets de Sarajevo, Stangar aura tout de même une médaille mondiale à accrocher dans sa chambre en 2015.
Tombeuse d’Anaïs Mosdier, elle finit vice-championne du monde, battue seulement par la Japonaise Tonaki au sol. Un élément dans lequel elle se sent visiblement très à l’aise, remportant ses deux premiers combats pendant lesquels elle était pourtant mené après un joli travail en ne-waza.
En demi-finale, elle contrera de manière très opportuniste mais aussi très spectaculaire l’autre Japonaise Tsunemi, sur une attaque mal assurée en o-uchi-gari.
Solide physiquement, pas mauvaise debout même si c’est dans ce domaine qu’elle est sans doute la plus perfectible, adepte du sol, cette jeune Slovène prend déjà date pour les années futures.
Il a été le bourreau de Khyar, proposant une palette technique caractéristique des judokas Mongols : jamais rétif aux corps-à-corps mais capable de sortir d’un coup d’un seul des mouvements très purs. Blessé au dos lors de la demi-finale, il ne put donner en finale sa pleine mesure face au Japonais Nagayama. Dommage.
Enfin, le Britannique Neil Macdonald, 5ème et battu par Khyar montra lui aussi de belles choses et un judo d’attaque plaisant.