Pas de médaille pour Clerget, Gahié, Tcheumeo…

C’était au cinquième jour des Jeux olympiques en août dernier, la France n’avait alors qu’une médaille d’argent dans sa besace, celle de Clarisse Agbegnenou déjà. Le staff français attendait une grosse journée, notamment du côté de Gévrise Emane, elle était passée à côté. Et le Directeur Technique National Jean-Claude Senaud avait assumé en annonçant que le groupe France avait « pris une calotte ». C’est encore le cas aujourd’hui. Nous voici au cinquième jour et nos espoirs de médaille sont déçus. On peut être malheureux pour Axel Clerget qui avait le tirage parfait et rate le coche. Espérons pour lui qu’une nouvelle opportunité se présentera, mais celle-là était belle. On ne peut pas considérer que le parcours de Marie-Eve Gahié, cinquième d’un championnat du monde à 20 ans, quelques mois après une médaille européenne, soit un échec pour elle. Mais, elle le sait mieux que nous, elle laisse passer en finale un Portoricaine de 28 ans, 29e mondiale. Une combattante technique et solide, agréable à voir combattre, mais qui vaut plutôt le podium des « Panam » qu’une finale mondiale. Elle est battue ensuite par la redoutable Colombienne Alvear en place de trois et ce n’est pas indigne de céder devant une triple championne du monde. Mais il faut aussi parfois saisir l’exploit qui se présente. Pousser vers la retraite la finaliste des Jeux 2016 plus que trentenaire, et à laquelle elle marque waza-ari, c’est le genre de choses qui emballe un début de carrière. Les médailles s’attrapent par les cheveux. Il faudra pour cela que la jeune combattante du FLAM91 sache défendre aussi bien qu’elle attaque fort, qu’elle gagne en lucidité et en précision. A-priori c’est tout à fait jouable, et cela dès l’année prochaine. En attendant, pas de médaille pour cette fois. Une « calotte » donc. Si on compare aux Jeux, la France est tout de même assise sur l’or de Clarisse Agbegnenou, avec en plus la médaille d’Hélène Receveaux. C’est mieux. Ce qui accentue néanmoins le problème, c’est qu’avait lieu aussi la catégorie des -78kg et qu’Audrey Tcheumeo, pas au mieux de sa forme, s’incline aussi face à sa grande rivale la Brésilienne Mayra Aguiar, qui de son côté a fait une démonstration de puissance et de judo, expédiant, non seulement la Française, mais aussi l’Autrichienne Graf sur un maître sasae, et les deux Japonaises du jour ! Une mauvaise nouvelle pour la France qui ne prend pas de médaille aujourd’hui dans cette catégorie et qui voit une première hiérarchie se dessiner en ce début d’olympiade sans sa représentante, avec des combattantes jeunes et fortes. Aguiar 26 ans et déjà deux titres mondiaux, Umeki 22 ans, un titre mondial et une finale perdue… Rappelons que la Brésilienne mène depuis 2011 par 7-2 sur la Française. La première fois qu’elles se sont rencontrées, Audrey Tcheumeo avait gagné, c’était au tournoi de Paris 2011. La deuxième fois qu’elle l’emporte, c’est la plus importante, l’été denier en demi-finale des Jeux. 

Encore du boulot pour demain

Il ne reste donc que plus que demain pour que la France redore son blason trop terne, avec une combattante féminine championne olympique en titre, mais diminuée par des problèmes récurrents aux genoux et affligée d’un mauvais tirage, Emilie Andéol (mais avec la « sauveuse » en chef de l’équipe de France, il ne faut néanmoins jamais désespérer). Il reste aussi deux garçons, et non des moindres, Cyrille Maret en -100kg et Teddy Riner en +100kg pour arracher l’équipe garçon à son indigent résultat au bout de cinq journées. Même la victoire de Teddy Riner ne fera pas oublier les questions qui se posent sur le niveau général du groupe et son potentiel d’avenir. Deux médailles masculines, c’est le minimum que nous obtenons depuis 2010. Et depuis cette date, la France n’est jamais descendue sous les cinq médailles au classement global. Pour l’instant, nous sommes toujours à deux. Il y a du travail pour demain.

Le Japon « intitillable »

En partant à Budapest, le DTN français encore lui espérait bien « titiller » le Japon (article du Monde.fr, il y a quatre jours). Force est de constater que, au-delà des problèmes que rencontre l’équipe de France pour sortir une grande performance, ce Japon là est de toute façon totalement « intitillable ». Discret hier, avec un seul combattant aligné, qui se blesse dans les tours préliminaires, le Japon alignait aujourd’hui trois combattantes pour deux catégories. Il rate les trois médailles de très peu, mais ajoute deux finales à son palmarès déjà monumental. Voici les Japonais à six titres, neuf finales, dix médailles ! Sur toutes les catégories sur lesquelles étaient engagés une ou deux combattantes, elles atteignent au moins la finale. Une seule engagée n’atteint pas le podium, la malheureuse Ruika Sato aujourd’hui. Il reste une combattante demain pour rester au niveau de cette réussite exceptionnelle et c’est la formidable Sarah Asahina, 20 ans, qui a gagné ses trois derniers Grands Chelems à Tokyo, Paris et Ekaterinburg. C’est dans ses moyens. Et le Japon présente pas moins de quatre garçons samedi, deux -100kg et deux lourds. De quoi marquer encore un peu plus ce championnat du monde de son empreinte.

Un soupçon d’ennui…

Un championnat du monde qui en a bien besoin. Après deux journées intéressantes, le deuxième et la troisième, les deux jours qui viennent de se dérouler ont été peu agréables à suivre, avec de longs combats fermés, tactiques, devant des arbitres souvent aveugles, pénalisants à mauvais escient. Résultat manifeste du changement de règles, d’un mode d’arbitrage qui favorise ces situations. Comme hier en -81kg, on assiste à un chambardement en -90kg, avec à la fin du jour la victoire aux pénalités d’un jeune Serbe de tout juste 21 ans (depuis dix jours), double champion d’Europe junior 2014 et 2016, sur un Slovène de 23 ans, Mihail Zgank, qui lui fut deux fois médaillé européen en junior. Des garçons dont on voyait la courbe de résultats prendre de l’ampleur, mais qui se sont transcendés sur la journée et on parfaitement pris la mesure des nouvelles tendances.
Il n’en reste pas moins qu’on s’est ennuyé, et ça, c’est embêtant.
Demain, le judo nous doit une revanche.