Entrées en lice de Marie-Ève Gahié, Axel Clerget et Aurélien Diesse
FEMININES -70KG. Médaillée continentale et mondiale dans toutes les catégories de jeunes, Marie-Ève Gahié a ouvert son compteur senior en avril 2017 en Pologne. Premiers championnats d’Europe et première breloque chez des -70kg trustés pendant trois olympiades par le binôme Décosse-Émane. L’ébauche d’un héritage ? Pas si simple. Cinquième quatre mois plus tard aux mondiaux de Budapest puis à l’automne au Grand Chelem de Tokyo, la combattante du FLAM91 franchit un cap début 2018 : 3e au Grand Chelem de Paris, 1e au Grand Prix de Tbilissi … et pourtant 1er tour aux Europe de Tel-Aviv, surprise par l’Autrichienne Polleres. De quoi s’inquiéter ? Pas si l’on en croit sa victoire au Grand Prix de Zagreb le 28 juillet dernier, où elle s’imposa notamment à la médaillée olympique et européenne britannique Sally Conway ainsi qu’à la Japonaise Yoko Ono, alors invaincue depuis 19 mois, cinq sorties et 22 combats consécutifs (dont les championnats d’Asie 2017 et les Grands Chelems de Tokyo et de Düsseldorf). Désormais n°2 mondiale, la Française de 21 ans pourrait croiser à Bakou la route de ces deux expérimentées adversaires, respectivement en quarts et en demi-finale. Avant cela, elle devra soigner son entrée en lice qui s’effectuera soit face à la Russe Prokopenko, 30e mondiale, 2e du Grand Chelem d’Ekaterinbourg en 2017, soit face à la Néerlandaise Jager, 40e à la ranking, championne d’Europe en titre des -23 ans, et dont l’équipe a ouvert dimanche son compteur de médailles grâce à la -63kg Franssen, trois ans après le dernier accessit planétaire de sa coéquipière Verkerk en -78kg à Astana.
Du côté des autres favorites, ce tableau à 46 judokates brille aussi par ses nombreuses absentes de marque, de la quadruple championne d’Europe néerlandaise Polling (hernie) à la Croate Matic (convalescente) en passant par les Allemandes Diederich (blessée) et Vargas-Koch (sélectionnée uniquement pour les équipes), la Cubaine Cortès Aldama (blessée), la Coréenne Kim SeongYeon… Parmi les présentes, la double médaillée olympique et quintuple médaillée mondiale Yuri Alvear, dont la préparation terminale a eu lieu cette année dans sa Colombie natale plutôt qu’au Japon où elle a ses quartiers comme elle nous l’expliquait longuement dans l’EDJ n°70, aura fort à faire dans un quart de tableau comprenant notamment la Japonaise Arai (tenante du titre), la Néerlandaise Van Dijke (championne d’Europe 2017), la Britannique Howell (3e cette année à Tel-Aviv) ou l’Allemande Scoccimaro (vice championne d’Europe seniors et championne du monde juniors 2017). Quant aux autres, de la n°1 mondiale brésilienne Maria Portela à la Suédoise Bernholm en passant par la Canadienne Zupancic, pour ne citer que quelques unes des plus médaillées de la catégorie ces derniers mois, si elles veulent prendre leur chance, c’est ce lundi que tout se joue.
MASCULINS -90KG. La catégorie est, sans doute avec les -73kg, ce que ces championnats du monde azérbaïdjanais peuvent présenter de mieux (ou de pire, c’est selon les points de vue) en terme de judokas au potentiel de médaillés mondiaux : deux Russes, dont le champion d’Europe en titre, deux Géorgiens, deux Serbes, dont le champion du monde en titre, le Japonais, Coréen, Cubain, Turc, l’Espagnol, etc. de la catégorie. Un tableau démentiel qui réunira 73 combattants et deux Français, Axel Clerget (Sucy Judo) et Aurélien Diesse (ES Blanc Mesnil Judo). Le premier, placé dans le quart du bas du premier demi-tableau reste sur une cinquième place au Grand Prix de Croatie, fin juillet. Ce lundi le vice-champion d’Europe 2017 bénéficie d’un tour blanc avant d’hériter d’adversaires copieux, voire ultra-copieux : le Biéolorusse Yahor Varapayeu, 14e mondial et 5e des derniers championnats d’Europe fin avril en Israël, au deuxième tour. Si la victoire est là, direction le troisième tour, cela pourrait être le Coréen Gwak, 5e à Paris mais vainqueur depuis au Grand Prix de Chine, fin mai et aux Jeux d’Asie, il y a quatre semaines. Spécialiste de morote-seoi-nage, le Coréen avait dominé le Tricolore lors de leur dernière confrontation, à Paris. Un très gros morceau suivi possiblement d’un adversaire de même calibre avec le Russe Khusen Khalmurzaev, vainqueur au Grand Prix du Maroc mais seulement 7e au Grand Prix de Hongrie, mi-août. En quarts, le Sucyéen pourrait retrouver le Tadjik Ustopiriyon. Avant une demi-finale contre son meilleur rival l’année dernière (trois finales entre les deux hommes, à Abou Dhabi, Tokyo et aux championnats d’Europe en Pologne), le Serbe Kukolj, numéro un mondial qui reste sur une troisième place au Grand Prix de Hongrie.
Le second affrontera le Canadien Burt, 20e mondial, en bronze au Grand Chelem d’Abou Dhabi en début de saison et 5e, il y a cinq mois, aux Jeux Panaméricains. Une entrée en matière ardue pour Diesse, 5e des championnats du monde juniors 2017. Opéré après son dernier rendez-vous chez les juniors, le combattant de l’ESBM est revenu dans d’excellentes dispositions avec une victoire en Coupe d’Europe à Sarajevo, début mai. Toutefois, ce début de dynamique a été contrarié par une contre-performance lors des Jeux méditerranéens.
Si le vice-champion de France senior 2016, qui mise beaucoup sur la mobilité et un gros impact, passe le combattant canadien, il retrouvera le Serbe Majdov, champion du monde en titre. Du très lourd avant, pourquoi pas, un quart possible contre le Russe Igolnikov, champion d’Europe en titre (ou l’Espagnol Sherazadashvili ?), deux combattants que Diesse connaît très bien pour les avoir eus dans les mains en juniors. Un quart de tableau monstrueux pour le Français, qui n’aura rien à perdre. Igolnikov ? Un prodige, repéré comme un futur grand dès les cadets avec son uchi-mata à gauche et des ashi-waza terribles, qui viendra chercher un titre mondial que sa prestation fin avril en Israël peut légitimement lui faire espérer. Côté européens, il y aura aussi Beka Gviniashvili, vainqueur du Masters 2017 et 2e à Paris, Krisztian Toth, vainqueur à Budapest mi-août, Nikoloz Sherazadashvili, en bronze aux Europe ou le Turc Mikail Ozerler aka Mihael Zgank, vice champion du monde 2017 pour la Slovènie et combattant dorénavant pour la Turquie. Quid des combattants hors Vieux Continent ? Outre le Coréen, il faudra suivre le Japonais Nagasawa, vainqueur à Tokyo avec un uchi-mata à gauche qui déracine, le Cubain Asley Gonzalez, qui donne des signes de come back (2e aux championnats panaméricains fin avril puis au Grand Prix de Croatie, fin juillet), le Tadjik Ustopiryion ou le Mongol Gantulga, 2e en Chine et aux Jeux d’Asie.
Une concurrence à faire peur, pour une catégorie qui promet beaucoup.