Pas de représentant masculin français en +100kg aujourd’hui, mais deux féminines, deux outsiders dans le sillage bien tracé de la chef de file Romane Dicko, la championne de France 2019 Julia Tolofua et sa dauphine, la jeune Léa Fontaine, double championne d’Europe juniors 2019 et 2020.
Si Léa Fontaine, dix-neuf ans et 41e mondiale, tombait d’entrée sur plus expérimentée qu’elle, la Brésilienne Beatriz Souza, qui lui arrachait un waza-ari plat ventre sur un enchaînement ko-soto / o-soto-gari avant d’aller jusqu’en demi-finale, Julia Tolofua, vingt-quatre ans et 22e mondiale, s’affirmait nettement de tout en tour, intransigeante sur les mains, active et efficace dans ses attaques.
Elle commençait par prendre le dessus sur la déclinante, mais toujours 12e mondiale Bosniaque Larissa Ceric – un exploit à portée de main, mais qu’il fallait aller chercher et qui marque les tournants de carrière – en lui enclenchant un uchi-mata de jambe limpide alors qu’elle venait de se prendre un mauvais waza-ari sur sode-tsuri-goshi juste à la séquence précédente. De quoi se dire qu’on est dans la bonne « vibe » pour la journée. Avec sa garde stricte de droitière, elle étouffait ensuite l’Allemande Jasmin Grabowski en contrant tranquillement un mouvement de hanche avec enchaînement en osae-komi, et elle était déjà en quart de finale.
Ce serait contre l’éternelle championne cubaine Idalys Ortiz. La sextuple médaillée mondiale (pour deux titres) et triple médaillée olympique (pour un titre) ne flambe plus comme il y a quelques années, mais, à trente-et-un ans, elle reste très solide et garde toute sa lucidité tactique. Elle « embrouillait » la jeune Française, un peu trop timide pour prendre son tour sur les attaques vraies ou fausses, et prenait une jolie opportunité sur une forte montée de main pour marquer en yoko-guruma et finir en immobilisation.
Mais tandis que la Cubaine allait prendre en demi-finale le « mur » japonais Asahina – qui lui marquait un waza-ari tout en poussée au bout d’un trop long combat, Julia Tolofua s’offrait elle aussi une opportunité de médaille de bronze par un bel o-soto-gari sur la Portoricaine Melissa Mojica. Elle retrouve à dix-sept heures la Brésilienne Souza. Un gros morceau… mais à sa portée. Elles se sont rencontrées pas moins de quatre fois en 2019… et sont à égalité de victoires – les deux premières pour la Française, les deux suivantes pour la Brésilienne. Tout est possible.

Russie ou Japon en tête chez les hommes ?

Hormis pour cette belle médaille de bronze à prendre, il n’y aura guère de suspens chez les féminines, puisque, pour rejoindre la lourde Sara Asahina, efficace toute la journée avec son sasae, on retrouve… l’autre Japonaise, Tomita Wakaba, un petit gabarit de vingt-quatre ans et 46e mondiale, championne du monde juniors 2015, qui s’est appliquée toute la journée à coups de hanche pour ne pas rater sa chance mondiale en seniors. Elle sort notamment les deux Brésiliennes Altheman et Souza en quart et en demi. Le Japon est d’ores et déjà assuré de finir en tête des nations en ajoutant une quatrième médaille d’or à celles qu’il a déjà – dont trois pour les féminines (et sept finales !).
En revanche la finale sera excitante à plusieurs titres chez les garçons, avec l’opposition des deux plus petits gabarits du jour, le Russe Tamerlan Bashaev et le Japonais Kokoro Kageura, avec le leadership des nations chez les masculins à la clé ! Le vainqueur sera la seule nation à revenir à la maison avec deux champions du monde.
Jusqu’ici c’est le Russe qui a fait la meilleure impression, notamment en dominant le dangereux Géorgien Zalaashvili par ses très fortes attaques de jambe et d’épaule en demi. Le Japonais se montre patient à défaut d’être tranchant et passe aux pénalités le grand Brésilien Silva en demi. Mais le feu couve peut-être sous la cendre.