Coupe de France minimes 2023.
Crédit photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo

Près de mille combattants – 993 pour être exact, dix tapis et, sans doute, la dernière compétition au Grand Dôme de Villebon-sur-Yvette (Essonne), ce dernier devant être vendu fin 2023-début 2024. Un événement de grand ampleur relancé en 2016 – organisé alors au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines – et qui s’inscrit comme un point de départ prédictif d’une dynamique de performance dans les catégories jeunes.
Un week-end dense, débuté très tôt (la pesée ouvrait à sept heures du matin) et plus long que les années précédentes du fait de la nouveauté du double repêchage (voir plus bas). Les trois points clés à retenir de cette édition ?

1) La justice d’un double repêchage  
Depuis 2016, la formule fut toujours la même : une poule de trois combattants, les deux premiers étaient qualifiés pour un tableau final sans repêchage. Cette année, la nouveauté fut la mise en place d’un double repêchage au sein du tableau final, comme il en va pour les championnats de France première division. La raison ? Avec l’absence de tête de série, il arrivait parfois que des judokas en capacité d’être sur le podium s’éliminent dès les trente-deuxième ou seizième de finale. Si l’on ajoute le fait que la dernière édition avait été marquée par une heure de fin très raisonnable (aux alentours de 15h30), choix a donc été fait de mettre en place ce double repêchage. La compétition aura duré entre une heure trente et deux heures de plus que l’édition 2022, mais avec la possibilité aux judokas battus par les demi-finalistes de pouvoir encore monter sur le podium. Une configuration plus juste, dont on verra si elle offre une corrélation encore plus forte entre médaillés nationaux minimes, cadets et juniors dans les années à venir.

2) Copier les grands, pour le meilleur et pour le pire ?
La chose fut plus flagrante le samedi que le dimanche, mais elle frappa un certains nombre de professeurs ou d’arbitres présents. Elle s’apparenterait à ce que le philosophe allemand Friedrich Hegel avait conceptualisé sous le terme de « ruse de l’Histoire » et sur laquelle la fédération internationale de judo (FIJ) devrait sans doute se pencher, puisqu’elle en est à l’origine.
Ce week-end, plusieurs finales – qui furent heureusement une minorité – offrirent à voir des combattants totalement imprégnés du judo produit au plus haut niveau mondial : attaques incessantes sans vraie préparation (ni déplacement, ni déséquilibre), garde fondamentale quasi-inexistante, intolérance au kumikata adverse avec une priorité donnée au « faire lâcher », dimension tactique (recherche des pénalités) supérieure à une réelle volonté de faire tomber. La fédération internationale de judo justifie, à raison, que le judo produit par l’élite mondiale de notre sport a valeur de modèle pour la jeunesse. Un axiome indiscutable qui caractérise depuis toujours le sport mondial (il suffit de voir les célébrations de but des jeunes footballeurs, copiant avec bonheur le Portugais Cristiano Ronaldo ou le Français Kylian Mbappé) et qui justifie – que l’on soit d’accord ou non – la priorité donnée à la préservation de l’intégrité physique dans les règles actuelles.
On pourrait rétorquer, à bon droit et avec pertinence, que selon le fameux adage, c’est la règle qui fait le jeu. Qu’il s’agisse d’adaptation – une notion fondamentale de notre discipline – à un règlement. Et qu’à partir du moment où l’on participe à une compétition, gagner prouve que l’on aura été le plus fort, le meilleur. Des arguments qui ont le mérite du réalisme et de la factualité.
Cela pose tout de même une question fondamentale : La FIJ souhaite que les jeunes prennent exemple sur les meilleurs judokas du monde ? Les premiers la prennent au mot. Est-ce pour autant pour le meilleur, notamment en termes de vision à défendre quant à l’idée que l’on se fait de l’évolution d’un judoka « fort » en minimes, puis en cadets et en juniors ? Si encore une fois cela n’a représenté qu’une minorité des finales, la problématique devrait sans doute interroger le judo français.

3) Les jeunes arbitres en vedette

Jeune officiel cadet.
Crédit photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo

C’est notre incontestable coup de coeur du week-end. Cinquante-huit jeunes arbitres cadets venus de toute la France, sélectionnés après avoir officié aux niveaux départemental, interdépartemental et régional. Encadrés par douze arbitres première division et cinq superviseurs, ces judokas ont été parfaitement à la hauteur de leur tâche. Heureux d’être là, concentrés, à l’écoute des conseils de leurs aînés, souvent bons quant à la lecture des combats. Si certains péchaient parfois sur le choix pertinent des valeurs à donner (mais cela arrive aussi à plus haut niveau), la majorité s’est montrée de plus en plus à l’aise au fur et à mesure de la compétition. Prenant confiance, certains furent remarquables d’indépendance quant aux décisions prises, avec une réelle osmose au sein des « triplettes » qui officiaient sur les dix tapis.
Une relève prometteuse, visiblement ravie de l’expérience, et dont les meilleurs seront récompensés du titre d’arbitre inter-ligue dès l’obtention de leur ceinture noire.
L’année dernière, nous avions déjà salué ces jeunes officiels. Cette année, ces derniers le méritent tout autant.