Hélène Receveaux, victorieuse ce mercredi à Kazan.
Crédit photo : Gabriela Sabau (FIJ)

Son o-uchi-gari aura été, plus que jamais, son arme fatale. Ce mercredi, Hélène Receveaux a fait plier toute l’adversité proposée avec son spécial pour aller chercher son second Grand Chelem en carrière, quatre ans et demi après sa victoire à Abou Dhabi.
Très puissante au kumikata, l’Orléanaise, 15e mondiale, s’est montrée patiente. Et létale. Car chaque tentative forte de son mouvement a fait mouche, de son premier combat, face à la Roumaine Ohai, jusqu’à la finale, contre Mezhetskaia. Une combattante russe pourtant dans un grand jour puisqu’elle place un sublime uchi-mata en cercle en quart de finale face à la Coréenne Kim Jinsu. Mais la médaillée mondiale 2017 tricolore ne s’est jamais affolée face aux attaques désordonnées de la championne d’Europe 2019, gérant son waza-ari acquis à mi-combat.
Une prestation sérieuse et très convaincante pour la remplaçante olympique de la catégorie. Certes, les sept premières de la ranking list mondiale n’étaient pas là. Mais ce résultat, et la manière par lequel il a été obtenu, à savoir motivation et concentration, laisse penser que Receveaux a tout pour aller chercher une nouvelle médaille mondiale dans un peu plus d’un mois à Budapest. Car la Française a clairement montré son envie de prendre ce qu’il y avait à prendre, malgré le fait de ne pas avoir été choisie pour Tokyo. Et c’est remarquable.

Gneto continue à creuser son sillon

Astride Gneto, concentrée avant sa finale.
Crédit photo : Emanuele Di Feliciantonio (FIJ)

Une analyse qu’on peut également faire pour Astride Gneto, en argent ce vendredi. Dans son style très personnel et affirmé, fait de patience, d’attaques en bordure et d’un vrai sens tactique (ces trois victoires sont acquises aux pénalités), la -52kg, 11e à la ranking list, glane sa seconde médaille de l’année après le bronze du Masters, battant notamment l’Israélienne Gefen Primo, récente médaillée continentale à Lisbonne. Si elle est nettement battue par Uta Abe en finale (qui visiblement avait décidé de ne pas faire traîner les choses) on se dit que la cadette des sœurs Gneto sera elle aussi une candidate tout à fait crédible à une médaille mondiale à Budapest, lors d’une compétition dont la densité reste pour l’instant une inconnue.

En -48kg, Shirine Boukli, l’une des deux sélectionnées olympiques présentes (avec Romane Dicko, en lice vendredi), termine finalement cinquième, après avoir déclaré forfait pour le bronze. La raison ? « Je me suis fait mal au niveau de l’adducteur fléchisseur de hanche, explique la championne d’Europe 2021. En sortant de ma demi-finale, j’ai eu une douleur, avec des mouvements que je ne pouvais pas faire à froid. Du coup, avec le staff et le médecin, nous avons décidé de m’arrêter pour ne pas prendre de risque. » Une demi-finale perdue au golden score face à la Russe Irina Dolgova sur un uchi-mata-sukashi. Un résultat embêtant puisque la cinquième place de la Française, couplée à la médaille d’argent de Dolgova, fait passer cette dernière devant la Française à la ranking list olympique pour une possible place de tête de série au Budokan fin juillet.

Trois autres Françaises étaient en lice : la championne d’Europe -23 ans 2020, Mélanie Vieu, ne trouve pas la solution face à l’Azerbaïdjanaise Aliyeva (36e mondiale), très grande et qui aura su garder la distance avant de placer un sutemi-waza à la judokate du PSG Judo. En -52kg, Faiza Mokdar, triple championne d’Europe juniors, passe la Polonaise Kaleta, 44e mondiale, sur un très joli uchi-mata-sukashi. Puis livre une vraie bataille face à la très rugueuse Roumaine Andreea Chitu (22e mondiale), se montrant plusieurs fois proche de la valeur avec son ippon-seoi-nage à droite. Mais sur une action en reprise de garde, la Roumaine, vice championne d’Europe 2020, trouve la faille sur un o-uchi-gari lancé la main à la ceinture. Gaëtane Deberdt, vice championne d’Europe -23 ans 2020 en -57kg, gagne elle aussi son premier combat face à la Russe Konkina, sur un uchi-mata très droit, mais perd de manière assez frustrante, après là aussi une belle bataille d’égale à égale, face à l’Israélienne Nelson-Levy, sur un o-soto-gari.
De l’expérience toutefois engrangée pour ses trois judokates : pour Vieu et Deberdt, il s’agissait tout simplement de leur premier Grand Chelem (le troisième pour Mokdar) !

Bouda et Florimont rapidement freinés

Ils étaient deux chez les masculins, dans la même catégorie des -60kg. Romaric Bouda, médaillé de bronze à Antalya, si il ne rencontre absolument aucune difficulté face au judoka guatémaltèque Ramos au premier tour, se fait sortir assez sévèrement au suivant, face au Russe Ramazan Abdulaev, vainqueur des championnats d’Europe -23 ans 2019 et troisième au Grand Chelem de Tel-Aviv.
Un combat perdu aux pénalités donc alors qu’une action en bordure aurait bien pu valoir un waza-ari au judoka français. Sur le tapis d’à côté, Jolan Florimont gagnait contre le Biélorusse Kolasau sur une variante d’uki-waza, avant de perdre lui aussi aux pénalités, contre l’Allemand Plafky. Une décision en forme d’imbroglio puisque l’arbitre de la rencontre, la Japonaise Akiko Amano, donnait une troisième pénalité à l’Allemand pour non-combativité et désignait le Français vainqueur… avant de se faire totalement déjuger par les superviseurs qui donnaient ce troisième shido à Florimont pour fausse attaque.

La Russie profite à plein de «son» Grand Chelem

Murad Chopanov ne laisse pas passer l’occasion face au Biélorusse Minkou.
Crédit photo : Gabreila Sabau (FIJ)

Si le Japon est en tête ce soir grâce aux victoires de Funa Tonaki (-48kg), qui surprend Irina Dolgova sur un ko-soto-gake parfaitement suivi en yoko-shiho-gatame, et d’Uta Abe, qui satellise Astride Gneto sur un sode-tsuri-komi-goshi avant de l’immobiliser sur la séquence suivante, le fait du jour tient dans la prestation russe, avec une sélection pour laquelle le staff d’Ezio Gamba a délibérément choisi de ne pas aligner tous ses meilleurs éléments masculins (Yago Abuladze en -60kg, Niyaz Ilyasov en -100kg, Inal Tasoev en +100kg sont absents).
Sept médailles pour le pays organisateur qui font ressurgir les regrets que la France pourra avoir à s’être fait chiper ce Grand Chelem. Sans doute pas pour les féminines françaises, performantes en tout lieu, mais plus pour les masculins. Car on a une nouvelle fois observé, aujourd’hui, ce que l’on pourrait appeler l’effet «à domicile». Ainsi en est-il du -66kg Murad Chopanov. Cinquième russe à la ranking list mondiale, ce combattant de 22 ans, médaillé mondial juniors 2018, champion d’Europe -23 ans 2019 et troisième à Antalya, remporte une victoire significative ce mercredi. Pas forcément en raison de sa prestation en finale, où il profite d’une erreur du Biélorusse Minkou pour le pousser simplement sur le dos et ainsi l’emporter, mais sur sa montée en puissance très significative sur les derniers mois.
Une victoire devant tous ses concurrents nationaux directs qui pourrait bien le mettre en position de favori pour le ticket olympique russe à Tokyo. Reste qu’il devra encore aller grappiller quelques points pour être dans le quota qualificatif. Dans la même veine, il faut conter le bronze d’Irina Khubulova en -48kg. Une jeune perle dont nous vous parlons depuis maintenant trois ans. Champion d’Europe juniors 2019, vice-championne d’Europe -23 ans 2020 (battue par Vieu), cette gauchère au uchi-mata dévastateur n’est battue que par Shirine Boukli après un combat parmi les plus intéressants de la journée. Âgée de dix-neuf ans seulement, l’avenir des -48kg russes a su se montrer à la hauteur d’une compétition à la maison.
En -60kg, Robert Mshvidobadze, en concurrence avec le jeune Yago Abuladze pour la place de titulaire fin juillet, termine deuxième, battu contre le cours du combat, par le champion du monde en titre géorgien, Lukhumi Chkhvimiani. Ce dernier, qu’on aura beaucoup vu travailler en ne-waza aujourd’hui, pique le vice champion du monde 2018 en immobilisation.
Ce soir le Pays du Soleil-Levant est donc en tête grâce à ses féminines (Uta Abe consolidant d’ailleurs sa deuxième place à la ranking list mondiale derrière Amandine Buchard), la Russie deuxième avec ses sept médailles et la France avec son titre et sa médaille d’argent.
Demain, entrées en lice de Rania Drid en -63kg, de Benjamin Axus et Guillaume Chaine en -73kg, et d’Alpha Djalo en -81kg.

Retrouvez les résultats complets ci-dessous :
https://lespritdujudo.com/grand-chelem-de-kazan-2021/