Après les deux finales géorgiennes d’hier, contestées par la fratrie Nuriallev, et une première médaille d’or pour le pays hôte, on attendait une affirmation de l’autorité des combattants de Tbilissi sur cette deuxième journée. D’autant que huit d’entre eux étaient engagés aujourd’hui chez les masculins, dont le détonnant Tato Grigalashvili, 3e mondial en -81kg à 21 ans, champion d’Europe 2020, récent vainqueur du Masters 2021, et invaincu depuis un an et demi. Il alignait en effet les victoires, mais buttait à la surprise générale sur l’excellent judoka belge Sami Chouchi en demi-finale. Le chat belge tournait autour de ses adversaires avec une cheville ou deux manifestement en carton, et se jetait avec brio sur la moindre ouverture. Un o-soto-gari un peu mou de Grigalashvili, peut-être trop confiant et sans doute un peu fatigué, était sanctionné d’un ura-nage de Chouchi qui réglait le sort du jeune colosse barbu de Géorgie. En finale, le Belge retrouvait un dernier « Géorgien », mais d’origine lointaine, puisqu’il s’agissait de l’Autrichien Shamil Borchashvili, lequel commençait par le faire souffrir avec sa garde croisée puissante et ses renversements latéraux. Mais dès la première erreur, Chouchi lui administrait un étranglement en kata-te-jime foudroyant. Après sa médaille de bronze obtenu à Tashkent en dominant son leader Matthias Casse, n°1 mondial, le voici en or à Tbilissi. Sami Chouchi n’a pas abdiqué pour les Jeux.
Deux finales pour le Canada
En -73kg, c’est le Mongol Tsend-Ochir Tsogtbaatar, n°11 mondial, qui triomphait en finale du Canadien Arthur Margelidon, n°5 mondial, sur un joli ko-uchi-gari bien fluide. Deux hommes sortis de tableaux piégeux d’où ne s’arrachait aucun des Géorgiens engagés. À noter encore une fois la capacité de nuisance de l’arbitrage sur la place de trois du Russe Iartcev face au Géorgien Aleko Mamiashvili. Le Russe, blessé au poignet, réussissait un avant-arrière classique absolument lumineux sanctionné par ippon par l’arbitre de tapis… et ramené à waza-ari par la table, sans qu’il soit possible de comprendre ce qui avait motivé cette modification. Un beau geste bafoué, une victoire envolée pour le Russe démobilisé qui se faisait fixer par deux fois par son adversaire lutteur. Il faudra que la FIJ nous explique comment elle croit défendre ces gestes classiques qu’on adore, de la façon dont elle s’y prend.
Une finale gâchée
Pour les féminines, l’arbitrage parvenait à gâcher une finale excitante en sortant sur trois pénalités rapides la jeune et fougueuse Russe Madina Taimazova, face à la Brésilienne Portela. Une pénalité beaucoup trop rapide sur une garde croisée alors que la Russe était active, une double pénalité sur refus de saisie entièrement dictée par la Brésilienne et pour finir, une « saisie aux jambes », alors que la main de Taimazova s’était égarée une seconde un peu bas sur la taille de son adversaire, mais sans aucune intention de porter une attaque aux jambes avec la main, qui est la raison originelle pour laquelle on a décidé d’instituer cette sanction. C’est donc l’expérimentée Portela qui gagnait dans cette catégorie des -70kg devant cette intéressante combattante russe, 21 ans, vice-championne du monde juniors 2019, médaillée au championnat d’Europe seniors 2020 et finaliste du Masters de Doha 2021. Dommage que l’arbitrage ait décidé de ne pas laisser se dérouler ce combat excitant entre deux fortes représentantes de deux générations différentes.
On remarque la présence de la solide Ouzbek Gulnoza Matniyazova sur le podium, dans cette catégorie stratégique pour le par équipes des Jeux. Si le judo féminin ouzbek ou géorgien ne se développe pas d’un coup de baguette magique, on voit que les efforts sont mis sur les trois catégories féminines qui complèteront l’équipe mixte olympique.
Tiens ? Voilà la Chine
En -63kg, la « top 10 » canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, meilleure classement de la catégorie sur ce Grand Chelem géorgien, triomphait de la trentenaire chinoise Yang Junxia, championne d’Asie 2019 et victorieuse de trois Grands Prix et de quatre Open continentaux. Redoutable l’une et l’autre au sol, elle se livrait un rude combat à ce niveau. Mais plus complète, la Canadienne trouvait la solution par un kata-guruma en forme uki-waza très bien maîtrisé, sur lequel Yang tombait d’un bloc.
Sur cette deuxième journée, c’est la discrète Mongolie qui se retrouve en tête du classement des nations avec deux titres, devant les trois finales, pour deux perdues, de la Géorgie. Avec déjà huit pays en or, le Grand Chelem de Tbilissi se cherche encore.