Nami Nabekura, victorieuse en -63kg.
Crédit photo : Gabriela Sabau/FIJ

Un seul engagé tricolore ce samedi dans la capitale mongole avec Ibrahim Keita (FLAM 91) en -81kg. Médaillé de bronze au Grand Prix du Tadjikistan il y a trois semaines, ce judoka – brancardier durant la crise du covid – entrait en lice face au Kazakhstanais Ruslan Musayev, 100e mondial et médaillé sur l’Open de Bulgarie au début de l’année. Un combat que le Français remportait solidement et qui l’envoyait donc en huitième face au jeune Suisse Aurélien Bonferroni, élève de Gilles Spaggiari au club de Carouge. Un Hélvète cinquième des Europe et des Monde juniors 2022 qui allait toutefois surprendre par deux fois Keita, sur kata-guruma puis sur uki-waza. Fin de partie pour le judoka du FLAM 91.

Un samedi magnifié par l’équipe japonaise qui s’adjuge les quatre catégories du jour ! Une copie parfaite grâce à Nami Nabekura en -63kg, Shiho Tanaka en -70kg, Ken Oyoshi en -73kg et Kenya Kohara en -81kg. La première est la numéro trois japonaise derrière Megumi Horikawa – championne du monde 2022 – et Miku Takaichi, double vice championne du monde 2018 et 2019. Vingtième mondiale, de l’entreprise Ryotokuji, Nabekura affiche une régularité absolument exceptionnelle : sur les vingt-huit compétitions auxquelles elle a participé depuis 2014 et les championnats du monde juniors, celle qui était en stage à Valence chez Sugoi Uriarte il y a un mois a été classé vingt-six fois, dont vingt-quatre podiums ! La seule fois où la Nipponne a glissé ? Les championnats du monde 2021 en Hongrie. Depuis, c’est six événements, trois victoires (Paris 2022 et Oulan  Bator 2022 et 2023), deux deuxièmes places (championnats d’Asie 2022 et Paris 2023) et une médaille de bronze (Tokyo 2022). Très forte sur uchi-mata et o-soto-gari, c’est sur un autre ashi-waza qu’elle marque sur le gong, en finale, face à la Hongroise Szofi Ozbas. Un de-ashi-barai subtil qui met la Magyare sur la tranche. Ce soir, elle se retrouvera à 3445 points – aux environs de la quinzième place – avec seulement trois performances sur les douze derniers mois. Avec la contre-performance d’Horikawa et Takaichi à Doha, la victoire de Nabekura ici va faire d’elle une prétendante au leadership national.
Dans la catégorie supérieure, Tanaka faisait son come-back après sa sérieuse blessure des championnats du monde de Tashkent lors du combat pour le bronze face à la Néerlandaise Sanne Van Dijke. Configuration différente pour cette combattante de la compagnie ferroviaire JR East puisque elle est désormais clairement la numéro 2 nipponne avec la victoire de Saki Niizoe à Doha. Ce samedi, Tanaka n’aura pas fait parler son talent mais son sens tactique et son aprêté puisqu’elle gagne tous ses combats aux pénalités, battant trois pointures de la catégorie en la personne de la musculeuse Grecque Elisavet Teltsidou – 6e mondiale et victorieuse à Tbilissi et Astana la semaine dernière -, la Russe Madina Taimazova, médaillée olympique à Tokyo et finalement troisième et la Croate Lara Cvjetko – cinquième mondiale -, vice championne du monde 2022, troisième au Masters mais non classée depuis.
Chez les masculins, Ken Oyoshi, 24 ans, 63e mondial et de l’entreprise Ryotokuji (la même que celle de Ryuju Nagayama) remporte son premier Grand Chelem pour sa cinquième sortie sur ce niveau de compétition, après deux médailles d’argent et deux médailles de bronze obtenues en 2021 et 2022. Avec seulement 710 points au compteur, le Nippon va faire un bond de plus de trente places à la ranking-list.
Une victoire obtenue dans un style moins classique que le cliché japonais : en finale il arrache le Russe Danil Lavrentyev, vingt ans et encore junior, sur un énorme ura-nage après seulement seize secondes de combat. Valorisé waza-ari, il faudra une minute aux superviseurs pour finalement transformer cette projection en ippon. Un combattant qui débute extrêmement bien ses combats puisqu’outre sa finale, il gagnera très vite également contre l’Azerbaidjanais Nurlan Osmanov et qui possède un de-ashi-barai qui fait mouche.
Une catégorie des -73kg qui était particulièrement suivie avec le retour surprise de la légende coréenne Lee Won Hee. Champion olympique à Athènes, champion du monde en 2003 à Osaka, fantastique technicien avec un tai-otoshi de toute beauté, ce dernier n’aura pas fait de miracle, battu par le Tadjik Behruzi Khojazoda en huitième sur un ko-uchi-gari à gauche à vingt secondes de la fin. Un come-back qui s’est arrêté tôt pour le grand champion de quarante-et-un ans. Alors, « one shot » ou tentative ambitieuse quoique risquée de revenir sur le circuit alors que le premier Coréen à la ranking-list, Heoncheol Kang, est trente-deuxième mondial ?
Vainqueur à Tokyo, Kenya Kohara, ancien capitaine de l’équipe de Tokai, réalise une superbe journée pour remporter son second Grand Chelem de la saison. Une victoire avec l’art et la manière et face à une opposition de premier choix puisqu’il bat deux médaillés mondiaux ce samedi : le Belge Mathias Casse au premier tour sur un ko-soto-gari qui déroule le vice champion du monde sur le dos; et le Coréen Lee Joonwhan en finale avec un uchi-mata à une main coompté waza-ari puis un osae-komi sur un kuzure tate-shiho-gatame.
Un parcours de costaud pour le judoka de l’entreprise Park 24 qui se positionne comme premier challenger de Takanori Nagase dans la catégorie. Kohara qui bénéficiera de la disqualification du Russe Timur Arbuzov au second tour. La raison ? Sur un ippon-seoi-nage du Japonais, Arbuzov arrivait – logiquement – tête la première dans le tapis et prenait immédiatement appui sur celle-ci pour esquiver la chute dans une forme de roue. Un hansokumake – comme celui pris par Ruslan Halavachou face à Lee Won Hee au premier tour ou celui concédé par Toma Nikiforov la semaine dernière à Astana – qui répond, selon la commission d’arbitrage de la FIJ, à la même logique que celui infligé à tori lorsque celui-ci attaque mais que sa tête touche en premier le sol : protéger l’intégrité physique des athlètes au prétexte que les judokas du circuit ont valeur d’exemples pour les jeunes pratiquants, comme vient de l’expliquer Daniel Lascau chez nos confrères de Judoinside.
Une argumentation discutable sur lequel l’Esprit du Judo reviendra dans son prochain magazine.