Audrey Tcheumeo amène une 2e médaille d’or à la France

3e du Master, 1e du Grand Prix de Miami, Audrey Tcheumeo sur la voie d’un doublé mondial ? / Emmanuel Charlot – EDJ

 

Après la belle victoire de Clarisse Agbegnenou le premier jour (pour en savoir plus sur le premier jour, c’est ici), c’est au tour d’Audrey Tcheumeo d’apporter une médaille d’or dimanche à la délégation française, la seconde du week-end. Pour y parvenir, il lui a fallu battre, outre une combattante guatémaltèque, les deux finalistes du Grand Prix de Turquie, la Russe Anastasiya Dmitrieva et l’Allemande Luise Malzahn. Rien d’insurmontable a-priori pour la championne du monde, les deux combattantes en question étant encore d’un modeste niveau européen. La Russe a perdu au premier tour des championnats d’Europe et l’Allemande y a été cinquième. Mais deux combattantes qui comptent pour leurs nations respectives, qui sortent beaucoup et contre lesquelles la « Tchoumi » en pleine torpeur de ce début d’hiver aurait pu trébucher. Ce ne fut pas le cas, même si l’Allemande réussissait un joli o-uchi-gari en finale pour yuko. Audrey Tcheumeo est réveillée, et c’est de bon augure pour la suite et l’hypothèse heureuse d’un doublé mondial.

Une qui ne dort pas, c’est Emilie Andeol en +78 kg. La Française est partie bille en tête depuis septembre et ne donne aucun signe de faiblesse. Au contraire, elle affirme régulièrement son nouveau statut de « top 5 » mondial. Cette fois, elle sort facilement de sa poule en battant la vice championne du monde juniors 2011 Carolin Weiss avant de tenir la dragée haute à la meilleure Japonaise du moment, Megumi Tachimoto, qui se montrera incapable de la faire tomber. Tandis que la Japonaise allait faire briller son formidable o-soto-gari / ashi-guruma jusqu’à la médaille d’or, la Française allait une nouvelle fois prendre la médaille de bronze dans ce contexte plutôt compétitif en battant la Mexicaine Zambotti, une vraie cliente treizième mondiale. Zambotti attaquait par un fort tani-otoshi, mais Andéol revenait facilement par-dessus, manifestant une nouvelle fois les progrès de ses appuis. Disons le tout net, la France a désormais un véritable outsider pour une médaille dans cette catégorie.

La France peut être optimiste

Si l’encadrement gardait encore des doutes sur le potentiel de ses « olympiens » dans un futur proche, il doit quitter la Côte Est avec le sourire aux lèvres. Car aussi bien Ugo Legrand (3e en -73 kg), que Priscilla Gneto (2e en -52 kg), Gévrise Emane (3e en -63 kg), ou Audrey Tcheumeo (1ere en -78 kg), ont montré des signes de net regain. « Net regain » ne veut pas dire « pic de forme » et on voit bien que si l’édifice est prometteur, il est encore fragile, mais somme toute, le timing est bon et ces Formule un en rodage sont dans les temps pour aborder la nouvelle olympiade et surtout pour reprendre, en vue des championnats du monde, le sillage des « machines » françaises lancées à pleine vitesse depuis l’hiver, Agbegnenou et Andeol, mais aussi Louette, Pavia (qui elle, a aussi fait une médaille aux Jeux !) ou encore Duprat et Larose. La préparation devra être concentrée et réussie pour chasser les derniers vertiges, mais la France peut-être optimiste pour Rio. Miami aura été une étape significative fort bien négociée.

La Russie donne des signes

Malgré ses deux médailles d’or, la France doit laisser passer la Russie devant au classement des nations. Six finales, dont cinq pour ses masculins, deux médailles d’or, la Russie aussi donne des signes, même si ils sont difficiles à interpréter pour ce pays dont le potentiel paraît tel que pas une sélection ne ressemble à la précédente. Ainsi il est difficile de dire si l’un des combattants présents à Miami le sera aussi à Rio en août pour les championnats du monde. Ce ne sera probablement pas le cas du vainqueur en -66 kg, Abdula Abdulzhalilov, qui n’est que le… sixième russe classé à la ranking list. Ce sera peut-être le cas en revanche pour le finaliste des -90 kg, Grégorii Suleimin.  Un intrépide, puissant sur ses seoi-nage debout et dangereux en enchaînements au sol dont la progression ces derniers mois est très intéressante. Il fait une finale passionnante contre le vice champion olympique cubain Asley Gonzales et ses seoi-nage vifs comme l’éclair et dangereux comme la foudre. Grigorii Suleimin en deuxième homme à Rio ? Même si il est derrière les deux Kirill au classement, Kirill Denisov et Kirill Voprosov, on est prêt à prendre le pari. Celui dont on peut être sûr, en l’absence d’Alexander Mikhaylin, c’est le poids lourds Renat Saidov. Une vraie pub pour la qualité du système du haut niveau russe. Inexistant il y a encore quelques mois, battu en 2009-2010 par les Français Sinsou et Kemouche, ce grand mou est devenu un combattant dangereux avec ses mouvements de hanche et son original enchaînement au sol en juji-gatame, un lourd confiant dans ses moyens et volontaire pour la gagne, même si il lui arrive de prendre un soleil, comme en finale devant l’un des coriaces petits Coréens, en l’occurrence, Kim Soo-Whan. Il ira à Rio pour tenter de prendre une médaille.
Mais c’est peut-être surtout du côté des filles qu’il faut observer la Russie. Le groupe a marqué de nouveaux points à Miami. D’abord avec celle qui est à l’évidence une future star de la catégorie : une « gamine » un peu désarticulée, championne d’Europe et vice championne du monde juniors, dont le style offensif résolument tourné vers le ne-waza est enthousiasmant. Modèle du genre, son combat pour le bronze contre la très dangereuse Belge Rosseneu est à voir. Le genre de combat qui donne envie d’applaudir quand, au bout du golden score, la petite poupée russe finit par placer son juji-gatame à une adversaire épuisée. Si elle n’était pas à Rio, on écrirait à la fédé moscovite pour se plaindre ! Autre bonne nouvelle pour l’encadrement russe, la grande Ouzbèke (qui fut d’ailleurs trois fois championne d’Asie juniors pour l’Ouzbekistan), vice-championne de Russie derrière la regrettée Elena Ivaschenko, Maria Shekerova, est en train de sortir ses ailes, à 24 ans. Elle bat l’Allemande Kuelbs, la Mexicaine Zambotti et surtout la championne olympique cubaine Ortiz par ippon, avant de subir le ashi-guruma de la Japonaise Tachimoto en finale.

Le Japon ? Trois engagées, trois médaillées. Si Haruka Tachimoto (-70 kg) semble toujours avoir du mal à renouer les fils de son destin interrompu, la -63 kg Miki Tanaka a impressionné dans son corps à corps avec la force de frappe française, battant Emane et répondant avec panache à Agbegnenou. Enfin Megumi Tachimoto (+78 kg), l’air de rien, n’a plus perdu un combat depuis janvier 2012. Rio sera chaud.