C’est en tenante du titre que la France s’avançait sur ces Jeux européens 2023 de Cracovie, où seule l’épreuve par équipes mixtes figurait au programme (rendez-vous à Montpellier en novembre pour les championnats d’Europe individuels). Un statut qui lui assurait un tour blanc, le temps d’observer l’Azerbaïdjan dominer la République tchèque 4-1 pour s’ériger en premier adversaire du jour. Sans ses leaders Hidayat Heydarov (n°1 mondial des -73kg), Mammadali Mehdiyev (10e en -90kg), le pays des bords de la Mer Caspienne ne pesait pas bien lourd face aux tricolores, parfaitement lancée par Margaux Pinot (-70kg) qui plaçait rapidement son seoi pour marquer waza-ari avant de finalement s’imposer en étranglant Gunel Hasanli, 95e mondiale de la catégorie. Même scenario pour Maxime-Gaël NGayap Hambou face à Vugar Talibov, n°4 national en -90kg, qu’il envoyait une première fois sur le dos en orientant bien sa chute sur son sumi-gaeshi avant de marquer ippon peu après la mi-combat sur un tai-otoshi à genoux. Samah Hawa Camara (+70kg) n’avait besoin que d’une grosse minute pour mater la junior première année Nigar Suleymanova avec ses mouvements d’épaule, avant que Joseph Terhec (+90kg) ne fasse parler sa technique en exécutant un subtil de-ashi-barai sur le ko-uchi-gari de Dzhamal Gamzatkhanov, un rang devant le Français au classement mondial. Un 4-0 net et sans bavure qui permettait à la France de s’avancer en quarts face à l’Italie, elle aussi impeccable au tour précédent contre la Roumanie.(Maxime-Gaël NGayap Hambou (-90kg) montrait la voie en s’imposant en deux temps contre l’olympiern Nicholas Mungai – seoi-nage à genoux et sumi-gaeshi, imité quelques instants plus tard par Samah Hawa Camara (+70kg) qui confisquait le bras droit d’Asya Tavano, tombeuse de Romane Dicko aux mondiaux de Doha, après une minute de duel pour imposer son juji-gatame. Un avantage qui fondait comme neige au soleil avec les deux hansokumake reçus par accumulation de pénalités par Joseph Terhec (+90kg) et Priscilla Gneto (-57kg). Benjamin Axus (-73kg) pensait ensuite remettre les siens en tête, mais son waza-ari marqué après recours à l’arbitrage vidéo ne suffisait pas lorsqu’Edoardo Mella, médaillé mondial juniors en 2019, parvenait cette fois à contrer rageusement le combattant de l’AJA Paris XX pour ippon. Revenait à Margaux Pinot d’égaliser face à Irene Pedrotti pour la survie de la France. Sans parvenir à faire chuter la jeune Transalpine, la championne olympique par équipes mixtes 2021 ne s’affolait pas et faisait monter les pénalités jusqu’à la troisième, fatale à Pedrotti. Le tirage au sort offrait alors une revanche à Priscilla Gneto (-57kg), qui devait à nouveau se mesurer à la double médaillée olympique 2016 et 2021 et récente médaillée mondiale des -52kg Odette Giuffrida, qui restait sur le même schéma que lors de leur premier affrontement pour mener les débats au kumikata pour attaquer la première et mettre la Française en défaut aux yeux de l’arbitre qui la sanctionnait à trois reprises en cinq minutes trente de mort subite.Les espoirs de doublé envolés, il fallait tout de même relever la tête pour aller chercher une médaille de bronze pour l’équipe de France, dans le top 5 au classement des nations à la veille des dernières épreuves. Pas de problème notable face à la Turquie, avec la victoire inaugurale de Samah Hawa Camara et les succès des entrants Emre Sanal (+90kg), Sarah-Léonie Cysique (-57kg) et Orlando Cazorla (-73kg) pour un 4-0 qui envoyait les Bleus en petite finale contre les Pays-Bas, dans un remake de la finale de l’édition 2022 de Mulhouse.

Emre Sanal était à nouveau aligné en +90kg contre Jelle Snippe, vainqueur du Grand Chelem de Turquie fin mars. Après une minute de combat, il se lançait dans un ko-soto parti de très loin, trop à en juger par la réaction du Néerlandais qui parvenait à le surpasser pour le plaquer au sol et parvenir à l’immobiliser. Une erreur qu’effaçait Sarah-Léonie Cysique (-57kg) d’un juji-gatame qui contraignait Pleuni Cornelisse à l’abandon peu de temps avant le gong. Une manche partout donc lorsqu’Orlando Cazorla entrait en piste contre un Koen Heg inspiré au sol pour retourner le Français qui avait essayé de faire parler sa hanche quelques secondes plus tôt : tate-shiho-gatame en coiffant la tête avec son bras droit pour empêcher toute tentative de pont, et voilà que les Bataves reprenaient l’avantage. À défaut d’être déjà décisif comme à Mulhouse, le Pinot-Van Dijke accouchait d’une souris puisque la tricolore était sanctionnée pour la troisième fois à mi-combat sur une saisie illicite à l’intérieur de la manche de la Batave. La défaite s’avérait interdite pour Maxime-Gaël NGayap Hambou, opposé à Jesper Smink, tout juste mieux classé que lui. Il prenait le combat par le bon bout en arrachant un waza-ari d’entrée sur son harai-makikomi, mais ne parvenait à conclure avant que Smink ne parvienne à se glisser dans son dos pour égaliser. Le golden score raréfiait encore un peu plus l’air dans les deux clans, qui donnaient de la voix pour encourager leurs deux représentants jusqu’à cette passe d’armes en bordure qui voyait Smink s’enrouler autour du bras de Ngayap Hambou, qui finissait par être emporté lorsque son adversaire pesait de tout son corps sur son avant-bras droit pour forcer la décision. Une défaite sur laquelle le jeune Tricolore se blessait d’ailleurs, semble-t-il au poignet.

Pas de podium donc pour l’équipe de France, qui se regroupait rapidement autour de son jeune combattant qui se tordait de douleur sur le bord de la surface. Une triste fin pour ces Jeux européens, qui voyaient finalement l’Italie se parer de bronze aux dépens du Portugal (4-0) avant que la Géorgie, médaillée mondiale pour la première fois en mixte au Qatar en mai, n’exulte après sa victoire en finale contre l’Allemagne (4-1). Deuxième succès dans l’épreuve après 2021 pour les partenaires du champion olympique de Tokyo Lasha Bekauri (-90kg), qui avaient dû en passer par le septième duel en demie contre l’Italie.