Alors que les Jeux paralympiques de Tokyo 2021 débuteront ce mardi par la cérémonie d’ouverture, ils seront trois combattants français à disputer les épreuves de judo du vendredi 27 au dimanche 29 août : Sandrine Martinet (-48kg), également porte-drapeau de la délégation tricolore, Nathan Petit (-81kg) et Hélios Latchoumanaya (-90kg).


Programme
Vendredi 27 août : -48kg et -52kg F, -60kg et -66kg M
Samedi 28 août : -57kg et -63kg F, -73kg et -81kg M
Dimanche 29 août : -70kg et +70kg F, -90kg, -100kg et +100kg M

Horaires
Début des éliminatoires : 3h30 du matin (heure française), soit 10h30 au Japon
Début du bloc final :
9h (heure française), soit 16h au Japon

Les engagés français
Sandrine Martinet (B2 -48kg)
38 ans – 1,58m – US Orléans Loiret JJ – cinquième participation aux Jeux paralympiques – première qualifiée paralympique – droitière – tokui-waza : morote-seoi-nage
Références : 1 titre (2016, en -52kg) et 2 médailles d’argent (2004 et 2008 en -52kg) aux Jeux paralympiques, 3 titres (2006 et 2011 en -52kg, 2019 en -48kg) et 2 médailles de bronze (2015 et 2018) aux championnats du monde/Jeux mondiaux, 2 titres (2007 en -52kg, 2019 en -48kg), 1 médaille d’argent (2015) et 2 médailles de bronze (2005 et 2011) aux championnats d’Europe, 3 victoires (Atyrau 2018, Tashkent 2019 et Warwick 2021) et 1 médaille de bronze (Bakou 2019) sur le circuit IBSA en -48kg

Nathan Petit (B3 -81kg)
23 ans – 1,81m – Judo 83 Toulon – première participation aux Jeux paralympiques – sixième qualifié paralympique – gaucher – tokui-waza : tai-otoshi
Références : 2 médailles de bronze (2018 et 2019) aux championnats du monde/Jeux mondiaux, 1 victoire (Antalya 2021), 2 médailles d’argent (Sao Paulo 2018, Tbilissi 2020) et 2 de bronze (Heidelberg 2019 et Tashkent 2019) sur le circuit IBSA

Hélios Latchoumanaya (B2 -90kg)
 21 ans – 1,77m – AS Bourg-la-Reine – première participation aux Jeux paralympiques –troisième qualifié paralympique – gaucher – tokui-waza : uchi-mata
Références : 1 médaille d’argent (2019) aux championnats du monde/Jeux mondiaux, 2 médailles d’argent (2017 et 2019) aux championnats d’Europe, 1 victoire (Warwick 2021), 2 médailles d’argent (Atyrau 2018 et Heidelberg 2019) et 3 de bronze (Sao Paulo 2018, Antalya 2021 et Bakou 2021) sur le circuit IBSA

Ci-dessous, retrouvez notre article paru dans L’Esprit du Judo n°93 (juillet-août 2021), en pleine préparation de ces Jeux paralympiques.

Sur la bonne voie

Un mois après les valides, Sandrine Martinet, Nathan Petit et Hélios Latchoumanaya fouleront à leur tour les tatamis du Nippon Budokan, avec la ferme intention d’y briller et de profiter de l’exposition médiatique pour faire avancer le para-judo, encore confidentiel en France.

Patrick Lacombe (à gauche) et Cyril Pagès (au centre), les deux hommes forts du para-judo français.
Crédit photo : Antoine Frandeboeuf / L’Esprit du Judo

Impossible pour quiconque pénètre ce mardi de début juin dans le dojo du CREPS de Strasbourg, à l’heure où débute le créneau du pôle France, de se douter que ce sont des médailles paralympiques qui se jouent sous leurs yeux. Noyés dans la masse de judogis blancs et bleus, Sandrine Martinet, Hélios Latchoumanaya et Loïs Léger enchaînent les randoris sans broncher, pendant que Nathan Petit enchaîne les ateliers de proprioception pour poursuivre la rééducation de sa cheville droite. « En termes de variété de partenaires et de niveau d’opposition, c’est idéal de pouvoir nous adosser à ce genre de structures, admet Cyril Pagès, entraîneur national du para-judo tricolore depuis 2013, de passage pour la cinquième fois de la saison en Alsace. Depuis que la fédération a récupéré la délégation du para-judo en janvier 2017, nous avons pu multiplier ces stages, toujours bien accueillis par les athlètes et l’encadrement. Cette régularité nous a permis de hisser notre niveau de pratique pour continuer de rivaliser à l’international, où il n’est aujourd’hui plus possible de faire des résultats rien qu’en débarquant et en claquant des doigts. »

Journaliste en formation du côté de Sportcom à l’INSEP, Hélios Latchoumanaya est bien conscient du pouvoir des médias en cette période de Jeux, à même d’aider à la promotion de la discipline.
Crédit photo : Antoine Frandeboeuf / L’Esprit du Judo

L’unité, une évidence

Une bonne habitude qui contribue également à faire évoluer les regards, ce combat parallèle que mène depuis des décennies le mouvement paralympique. « Dans un pays comme le nôtre où le handicap possède toujours une connotation péjorative, il est important de faire passer ce message d’unité, évident pour nous qui nous entraînons ensemble à longueur d’année, insiste Sandrine Martinet, attentive à la question depuis ses premiers Jeux disputés à Athènes, en 2004. Cette campagne « Nous sommes l’équipe de France », promue par le CNOSF et CPSF, va encore aider à faire bouger les lignes, à changer les mentalités vis-à-vis du handicap. Les Jeux constituent à chaque fois une fenêtre pour faire parler de nous, surtout depuis 2012 où les organisateurs londoniens ont tout mis en œuvre pour traiter les Jeux paralympiques de la même façon que les Jeux olympiques. Les médias ont suivi l’élan, comme « obligés » de s’intéresser à nous. » Conscients du chemin parcouru par leur aînée, Hélios Latchoumanaya (-90kg) et Nathan Petit (-81kg), qui s’avancent sans pression sur leur premier tournoi paralympique fin août, sont prêts à prendre le relais en vue des Jeux de Paris 2024, lors desquels ils seront évidemment attendus. « À Tokyo, au-delà de la médaille que je vise évidemment, c’est de l’expérience que je viens chercher pour m’améliorer et être le meilleur dans trois ans », confirme ce dernier, depuis quatre ans dans une véritable démarche de haut niveau au quotidien.

Assidu au pôle France de Marseille depuis deux ans, celui qui se prédestine à une carrière d’ingénieur dans l’aéronautique veut profiter de l’homogénéité de sa catégorie pour créer l’exploit au Japon.
Crédit photo : Emmanuel Charlot / L’Esprit du Judo

Se structurer et rassurer

Une professionnalisation des meilleurs athlètes qui a vu Hélios Latchoumanaya rallier l’INSEP depuis bientôt trois ans, lui qui peut également compter sur l’apport apprécié de Cathy Fleury. « Je profite à plein de son expérience de championne olympique et de coach de l’équipe de France féminine, apprécie le natif de Tarbes. On travaille vraiment en profondeur et son expertise doit me servir, notamment au niveau du rythme du combat, un domaine dans lequel je suis encore lent au démarrage. » Avec le DTN adjoint Patrick Lacombe, qui a longtemps œuvré auprès de Cyril Jonard, mais aussi une préparatrice physique et une masseur-kinésithérapeute, c’est un staff bien étoffé qui accompagne depuis des mois ce groupe restreint, que Cyril Pagès justifie par des critères d’exigence. « Avec la baisse généralisée de l’attrait pour la compétition, valable en valide comme en handisport, ce n’est pas évident d’avoir du monde à vouloir s’investir avec un tel engagement. Il y a aussi la peur des parents à l’idée d’inscrire leurs enfants atteints d’un handicap sur un sport de combat. C’est à nous de trouver le bon message pour que les premiers pas en club, là où ils sont détectables pour le para-judo, soient une réussite. Il y a un gros chantier à entreprendre sur ce volet, sans aucune certitude de résultats à la clé, mais nous savons que l’animation est un levier indispensable pour développer et attirer. Les Jeux doivent servir à notre développement avec, je l’espère, des médailles – les trois peuvent y prétendre et nous nous rendrons à Tokyo uniquement avec cet objectif – qui donneront envie de nous rejoindre. »

Tokyo, ultime chapitre de l’immense carrière de Sandrine Martinet.
Crédit photo : Antoine Frandeboeuf / L’Esprit du Judo

Sandrine Martinet :« Il faut savoir s’arrêter »

Enfin victorieuse à Rio après deux finales perdues à Athènes et Pékin, la combattante de l’US Orléans Loiret est apaisée à l’approche de l’ultime rendez-vous de sa magnifique carrière, sur lequel elle sera porte-drapeau de la délégation paralympique.

« J’aurais déjà pu me retirer après 2016, mais je n’ai pas réussi à faire la transition, je trouvais encore des choses à approfondir. Cette fois, et encore plus avec cette année de report qui fut très difficile – Covid avec complication, blessure au pouce – je sais que c’est la dernière. Il y a ma santé en jeu, mais aussi et surtout mes enfants. Quand je suis avec eux, je suis dans le qualitatif, mais ils n’ont pas choisi cette vie et ils consentent à beaucoup de sacrifices. C’est aussi ce qui m’a aidée à rester concentrée sur cet objectif final de Tokyo, car mon projet englobe tout le monde, de celles et ceux qui les gardent à mes chauffeurs. Je ne pouvais pas décemment m’engager pour faire coucou au Japon. Pour autant, je suis assez détachée du résultat : je ne me dis pas que je dois gagner à tout prix, mais plutôt que je dois me présenter dans les meilleures conditions. Ayant changé de catégorie depuis Rio, je ne ressens pas non plus de pression quant à la défense de mon titre.

Cette descente au poids fait partie du challenge, et elle m’a permis d’aller plus loin que jamais dans l’amélioration de mon hygiène de vie. J’ai déplacé tous les curseurs de la performance pour profiter au maximum de mes cinquièmes Jeux, sur lesquels je veux une dernière fois montrer aux jeunes en situation de handicap qu’il est possible de vivre des trucs de dingue par le sport, que Monsieur Tout-le-monde peut t’envier. »