Le 7 septembre, la commission de conciliation du CNOSF rendait son avis sur « l’affaire Andéol » sur laquelle elle avait été sollicitée. Un avis qui suggérait à la FFJDA  « de déclarer recevable la liste déposée par Monsieur Grégory Martin ». On attendait donc la réaction de la FFJDA à cette préconisation. Elle tombe aujourd’hui sous la forme d’un communiqué signé du Secrétaire Général Jean-René Girardot expliquant pourquoi le Comité exécutif fédéral réuni hier mardi 8 septembre « n’a pu que refuser cette proposition ». Pour aller au-delà de ce communiqué, L’Esprit du Judo a interrogé Jean-René Girardot.

Pour quelle raison ne suivez-vous pas la suggestion du CNOSF ?

Cette conciliation est bien difficile à suivre puisque son compte-rendu commence par expliquer que nous sommes totalement dans notre droit et qu’aucune critique ne peut nous être faite pour notre refus, mais conclut en proposant que nous acceptions quand même cette liste pour que s’exprime un « pluralisme électoral », comme si cette décision était posée a priori sans donner de légitimité aux arguments de droit. C’est une injonction paradoxale de la part d’une juriste. Nous sommes tout à fait conscients de l’importance d’avoir un débat démocratique et l’expression d’une pluralité, comme nous l’avons montré en rendant possible, par exemple, de ne justifier que de cinq ans de présence dans un club et non plus de cinq ans dans la vie fédérale pour pouvoir être sur une liste. Et, au coup par coup, nous cherchons autant que possible à faire preuve de bonne volonté. Mais dans ce cas précis, il y a trop d’entorses au texte. Accepter cette liste dans ces conditions créerait un précédent préjudiciable. Ce serait un mauvais message sur le plan de l’éthique pour ceux qui font l’effort de les respecter. Il y a, bien sûr une personnalité à respecter d’un côté, mais de l’autre l’intérêt collectif. La loi est la même pour tous.

Ce faisant, vous prenez néanmoins la responsabilité d’écarter la dernière championne olympique française du débat. On peut y voir un mauvais symbole. Auriez-vous agi de même avec Teddy Riner ?

Je ne crois pas que l’on puisse voir de symbole ici. Je crois plus au fait que si nous ne respectons plus nos propres textes, la Fédération ne s’en portera pas mieux, bien au contraire. Nous n’avons évidemment rien contre Émilie Andéol, qui a su si bien représenter la France à Rio, mais on peut s’interroger sur sa volonté réelle de s’impliquer, en l’occurrence. Il y a un manque de respect des dates, elle n’a pas pris sa licence à temps, elle nous annonce avoir écrit à son club le 26 juin et j’ai vu un e-mail en date du 11 juillet… N’a-t-elle pas été plutôt sollicitée parce que c’était de la bonne communication d’avoir une championne olympique sur la liste ? Si vous souhaitez y voir un symbole, ce serait que les champions olympiques doivent respecter les règles comme les autres et peut-être même mieux que les autres. Ce serait Teddy Riner, ce serait évidemment la même chose.

Ne craignez-vous pas que ce soit mal perçu du côté du CNOSF ?

Pas du tout. Ce ne serait pas la première fois qu’une fédération ne suit pas les suggestions d’une conciliation et je rappelle qu’il s’agit d’une commission relativement indépendante de la direction du CNOSF, qui rend un avis consultatif, lié aux membres qui la composent. C’est à nous, ensuite, de décider de ce que nous devons faire.

Dans la situation actuelle, et alors que le Président Jean-Luc Rougé a exprimé sa volonté de ne rien faire qui pourrait diviser, ne croyez-vous pas que cette décision soit un signal négatif dans un débat démocratique qui n’est pas familier au judo français ?

Il est vrai qu’il n’y a pas toujours de listes d’opposition dans nos élections, mais nous jouons pleinement le jeu démocratique et nous serons inattaquables dans le respect de ce processus et de la liste, ou des listes qui se présenteraient, car pour l’instant elles ne sont pas encore déposées. Quant à l’ambiance de cette élection, est-elle encore bonne ? Je ne crois pas, malheureusement. On peut lire beaucoup de choses fausses sur internet et on voit s’exprimer beaucoup d’agressivité. Je mets en garde les judokas français de se prémunir de ce que l’on voit faire aux populistes dans le monde politique, qui disent aux gens ce qu’ils veulent entendre, au mépris de ce qu’il est possible de faire et de l’intérêt général. Nous sommes au travail. Nous faisons en sorte de consolider au maximum la rentrée des clubs. Le retour des licences n’est pas mauvais par rapport aux craintes et c’est une bonne nouvelle (moins 7000 licences à N-1 ans selon nos informations, NDLR). Une fois ce cap difficile passé, nous proposerons notre programme et dévoilerons notre liste. Chaque chose en son temps.