Dans la peau d’un jeune athlète drivé par Christophe Gagliano

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Il est 16h30 pile, ce mardi après-midi lorsque Christophe Gagliano, médaillé olympique à Atlanta en -71kg, entouré de Richard Melillo et Christophe Massina, deux des entraîneurs nationaux seniors, salue les huit masculins présents pour cette seconde séance de judo quotidienne. Alors que les premières féminines arrivent au compte-gouttes sur les tatamis de l’INSEP pour la séance de randoris qui débutera à 17h, le vice champion du monde 1997, de sa voix toujours posée, annonce le thème de la séance : kumikata en garde opposée.

Face à lui, trois juniors (Reda Seddouki, Théo Riquin, Hugo Metifiot) sur les sept actuellement à l’INSEP. Les autres (Dorian Laversin, Jean-Gabriel Kombo, Eniel Caroly et Paul Livolsi) sont soit blessés, soit en révision, soit en stage. S’y ajoutent quatre jeunes seniors (Romaric Bouda, Richard Vergnes, Luka Mkheidze et Nicolas Chilard) et un certain Kilian Le Blouch, l’actuel titulaire des -66kg en équipe de France. Rentrant tout de suite dans le vif du sujet, Christophe Gagliano démontre un premier exercice. Consigne ? Saisie au col en déplacement latéral. Les couples se mettent en place immédiatement et le travail commence. Chronomètre à la main, il ordonne de changer toutes les quatre minutes. Peu à peu, le travail devient de plus en plus pointu : Tori pousse Uke pour le faire réagir et attraper sa manche, puis fait un travail de relais de mains sur les deux revers. Dernier exercice avec un Uke actif, mettant la pression sur le bras directeur de Tori. Charge à ce dernier, par un travail de poignet, de retrouver sa distance et sa position d’attaque idéales. Un travail « basique », selon les mots de « Gag’ » mais évolutif et dont la maîtrise s’avère indispensable.

Travail personnalisé

Alors que les filles enchaînent les longueurs de « ramping » et de « brouette » pour finir de s’échauffer, les premières projections se font entendre dans le groupe masculin. « Pendant trente minutes, on travaille sur un thème, qui se complexifie au fur et à mesure. Les trente dernières minutes sont libres : chaque judoka travaille sur une attaque de son choix, mais en lien avec la thématique du jour. » Ainsi, Nicolas Chilard choisit de travailler sur morote-seoi-nage. « Un mouvement que je veux retrouver, précise le cinquième des derniers championnats de France seniors première division en -81kg. Plus jeune, je gagnais avec, mais je ne l’ai presque plus utilisé lors de mes années de pôle. Je veux à nouveau mettre des boîtes dessus. »

Pour le guider, Christophe Massina lui montrera deux manières de l’amener, insistant sur le travail de l’avant-bras et/ou du poignet, en fonction du déplacement ou non du partenaire. Un travail hyper-personnalisé avec quatre couples pour trois entraîneurs nationaux. Reda Seddouki, lui, travaille sur harai-goshi, avec pour victime Luka Mkheidze, récent vainqueur de l’Open d’Espagne en -60kg, sous les yeux d’un Christophe Gagliano adossé au mur, économe de ses mots mais dont les conseils et précisions techniques sont écoutés avec beaucoup d’attention par le champion de France juniors 2018 des -66kg.

Le souci du détail

«Moi, je ne sais pas encore bien le démontrer, mais quand Christophe va te le faire, tu vas tout de suite comprendre ce qu’il veut dire. » Alors que la fin de séance approche et que les nage-komi s’accumulent, faisant trembler l’aire de combat, Nicolas Chilard demande au quadruple médaillé continental de venir expliquer ce qu’il entend par « mettre en tension son adversaire simultanément au revers et à la manche ». Judoka gaucher avec une garde classique, fin technicien et reconnu comme l’un des meilleurs combattants français en ne-waza de ces trente dernières années, le responsable des juniors tricolores saisit alors le judoka du JC Chilly-Mazarin Morangis, listant point par point les subtilités de cette « mise en tension ». Un souci du détail et de la transmission de principes de biomécanique fins mais décisifs dans la recherche d’efficacité et du geste « parfait ».

 « J’essaie de leur apporter ce que je connais le mieux. Je pense que la technique, avec la compréhension mentale de ce qu’est le haut niveau, sont deux domaines dans lesquels j’ai une certaine expérience. Cette quête du détail, cette conviction de pouvoir toujours progresser, notamment techniquement, m’a fait continuer le haut niveau jusqu’à 34 ans. Car, selon moi, le judo, c’est d’abord la technique. Par exemple, je pense que Reda Seddouki a clairement progressé sur ce plan. Pour autant, il n’a pas encore de mouvement très fort, un vrai « spécial » sur lequel s’appuyer. Hugo Metifiot, lui, doit progresser au kumikata. Beaucoup de choses partent de là. Si l’on pose ses mains où on veut et comme on veut, on se facilite les choses. Or, Hugo est encore un peu tendre à ce niveau. » À voir Nicolas Chilard mimer, seul, le geste de son poignet ou de son coude à la fin du mouvement, la position de son bassin vis-vis du partenaire, ou Théo Riquin se questionner sur la puissance de sa prise d’appuis au sol, alors que la séance touche à sa fin, c’est un message qui passe cinq sur cinq auprès de cette relève qui rêve de briller chez les seniors dans un futur proche.

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