La France  quatrième nation grâce à l’or de Clarisse

Il y avait au moins un Français en finale chez les masculins… c’était Matthieu Bataille, arbitre, notamment, de la finale de la catégorie -90kg. Une catégorie où on aurait bien aimé voir Axel Clerget, notre unique médaillé mondial. Mais il ne parvenait pas à passer le premier obstacle, celui de l’Azerbaïdjanais Mehdiyev, 8e mondial, face auquel il avait le mérite de remonter un waza-ari dans les dernières secondes du temps réglementaire, avant de se faire à nouveau enrouler au golden score.
Du coup, le bilan des masculins français était facile à faire : il ne restait que Cyrille Maret en course en -100kg. Il se faisait largement dominer par le jeune Japonais de vingt ans Kentaro Iida qui lui plaçait un mouvement d’épaule dès la première prise de garde avant de le projeter sur uchi-mata. Pour la seconde fois après les championnats du monde de Bakou, Cyrille Maret sort rapidement, et sans pouvoir lutter, d’une compétition majeure.

Deux titres pour la Géorgie

Chez les masculins, c’est la Géorgie qui faisait la plus belle prestation, avec deux titres pour Varlam Liparteliani (-100kg) et le nouveau héros des poids lourds, Guram Tushishvili, le seul des champions du monde à faire le doublé avec l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili en -90kg. Deux costauds dans le paysage actuel. Avec une médaille d’argent d’avance, la Géorgie se place devant le Japon qui gagne deux titres aussi avec ses n°2 motivés, le fantastique Joshiro Maruyama en -66kg, qui en emportant avec éclat ce Master à coups de uchi-mata magistraux, après avoir battu le champion du monde Hifumi Abe en finale du Grand Chelem japonais, se prépare manifestement à contester sa suprématie en vue des Jeux. Excitant. Le second japonais en or ? Takeshi Sasaki, n°2 en -81kg derrière le vice champion du monde Sotaro Fujiwara, dont les changements d’axe, étourdissants de vitesse, et les qualités physiques ont marqué les esprits. Il domine avec brio l’Iranien Mollaei, champion du monde en titre, dès le premier tour et s’offre les meilleurs Russes du moment, dont le finaliste, l’excellent Aslan Lappinagov. C’est la Russie justement qui est en troisième position alors que la Corée du Sud disparaît malgré la présence de ses champions du monde An et Cho. Très nombreux dans le top 15 du classement mondial dans presque toutes les catégories, les Russes semblent montrer un fléchissement des résultats depuis quelques mois, peut-être lié à un changement d’organisation interne pour l’entraînement. Ils emportent tout de même l’or en -60kg avec le vice champion du monde Robert Mshvidobadze et une belle moisson de quatre médailles masculines, juste derrière les cinq de la Géorgie, et les trois médailles des Japonais (sur six engagés).

Deux finales françaises

La France est, heureusement, beaucoup plus présente chez les féminines. La chef de file incontestée du judo français désormais, Clarisse Agbegnenou, a relevé le gant de Lucie Décosse, dernière à avoir gagné le titre au Masters en 2012. Elle emporte son premier Master en balayant les Japonaises devant elle… au sol. Sa rivale n°1, Miku Tashiro, après avoir pris un waza-ari sur un enroulement, se montrait inattentive au sol et prenait le nouveau « spécial » d’Agbegnenou, un « bras – tête » tout à fait original et efficace qui faisait taper la Japonaise. Sur ce combat déjà, elle avait montré de belles aptitudes défensives sur les tentatives de renversement de la Nippone. En finale, c’est encore une fois au sol qu’elle concluait le combat, en résistant avec habileté à un renversement de Nami Nabekura, qu’elle clouait au sol par la même occasion. Il est clair que, depuis les Jeux 2016, la désormais triple championne du monde, seule Française en or aux mondiaux de Budapest 2017 et de Bakou en 2018, est encore montée d’un cran, et notamment dans une spectaculaire progression au sol, qui restait son poids faible. La bataille de Guangzhou, face aux meilleures Japonaises, en est une sacrée démonstration. Il faudra néanmoins surveiller Nami Nabekura, championne du monde 2015 et deux foix championne d’Asie seniors depuis, qui est parvenue à tenir juqu’au golden score en finale. Malgré Agbegnenou, malgré aussi une étonnante Distria Krasniqi, qui gagne en -48kg en jetant pour ippon la Japonaise Kondo en finale en quinze secondes — décidément le Kosovo a un secret pour faire progresser ses combattant(e)s — ce sont les Japonaises qui font une fois encore une éclatante démonstration de puissance collective en emportant… cinq titres, huit finales, onze médailles pour treize engagées ! Avec Clarisse Agbegnenou en -63kg, la seule championne du monde à confirmer, c’est Tsukasa Yoshida en -57kg, dont les uchi-mata sont toujours aussi amples et efficaces. C’est aussi Nami Tsunoda qui prive notre médaillée mondiale Amandine Buchard de l’or qu’elle semblait bien partie pour emporter elle aussi en -52kg avec un sutemi, tandis que Marie-Eve Gahié, vice championne du monde à Bakou, était dominée pour la première fois cette année par Saki Niizoe, avant de céder en repêchages à la Néerlandaise Van Dijke. En -78kg, c’est Ruika Sato qui sortait à la fois Sama Hawa Camara et Madeleine Malonga, laquelle subissait en repêchages la puissance de l’Anglaise Powell. Le Japon dominateur donc, face à une équipe de France en mode restreint au final, d’autant que Mélanie Clément cédait une nouvelle fois rapidement en -48kg, qu’Astride Gneto était logiquement battue par la Russe Kuziutina en -52kg et qu’Hélène Receveaux sortait elle aussi rapidement du jeu face à l’Anglaise Smythe-Davis en -57kg. En +78kg, Anne-Fatoumata M’Bairo ne passait pas la Bosniaque Ceric au premier tour.

Deux combattants masculins

Au classement global, avec ses deux médailles, la France, troisième nation à Bakou aux championnats du monde derrière le Japon et la Corée, se classe quatrième nation à égalité avec le Kosovo derrière le Japon, la Géorgie et la Russie. Pas si mal, grâce à la belle performance de Clarisse Agbegnenou. Mais le Masters 2018 de Guangzhou risque bien de rester surtout, pour les années à venir, comme la première compétition à qualification où la France n’est parvenue à sélectionner que deux combattants masculins.