Avec un collectif élargi pour ouvrir un maximum de catégories à la qualification paralympique pour Paris 2024, l’équipe de France espérait s’inscrire dans la continuité des cinq médailles acquises lors des championnats d’Europe de septembre dernier en Italie. Première en lice mardi, la figure de proue du para-judo tricolore Sandrine Martinet traversa son tableau sans difficulté jusqu’en finale, bien aidée par son ne-waza acéré. Ce ne fut toutefois pas suffisant pour priver de titre la Kazakhstanaise Akmaral Nauatbek, connue pour de solides faits d’armes en valides chez les jeunes, comme sa victoire aux championnats d’Asie cadets 2015 ou sa cinquième place aux mondiaux juniors 2019. « Contrairement aux autres filles du circuit, elle fait lâcher, monte fort la main et met beaucoup de rythme, notait la porte-drapeau tricolores des Jeux paralympiques de Tokyo l’an passé. Il va falloir bien analyser ce qu’elle produit pour pouvoir rivaliser avec lors des prochaines sorties, sans oublier les autres qui progressent également. Comme les championnats du monde n’ont lieu pour nous qu’une fois tous les quatre ans (en alternance avec les Jeux mondiaux, NDLR), c’est forcément décevant de ne pas avoir le titre à l’issue de la journée mais, et c’est assez rare pour le souligner, c’est une médaille d’argent dont je suis tout de même assez fière. »

Un étranglement parfait pour s’imposer en demi-finale. Crédit photo : Gabriela Sabau / FIJ

Le compteur ainsi débloqué, le clan tricolore présentait alors trois de ses médaillés continentaux ce mercredi, seulement privé de Nathan Petit (J2 -73kg), toujours en convalescence depuis Cagliari. Mais aussi l’inusable Cyril Jonard, quarante-six printemps et de retour aux affaires en para-judo un an après sa finale mondiale atteinte l’an passé chez les sourds à Versailles. Impérial lui aussi au sol, il se défaisait tour à tour du médaillé continental turc Yasin Cimciler, du Brésilien Arthur Cavalcante da Silva, cinquième des derniers Jeux, avant d’infliger son sasae au Moldave champion d’Europe en titre Oleg Cretul en quarts, et de faire monter les pénalités au compteur du Kazakhstanais Bauyrzhan Arstanbekov. Opposé en finale au Britannique Daniel Powell, il marquait d’entrée sur uchi-mata avant de conclure l’affaire d’un nouveau retournement au sol suivi en immobilisation. Tout à sa joie, comme s’il s’agissait de sa première couronne planétaire (il en comptabilise désormais dix entre ceux obtenus chez les sourds et chez les non-voyants, NDLR), il écrasait quelques larmes sur le podium.

Retour victorieux pour Cyril Jonard. Crédit photo : Gabriela Sabau / FIJ

Une première Marseillaise en Azerbaïdjan qui en appelait quelques minutes plus tard une seconde, cette fois en l’honneur d’Hélios Latchoumanaya, chroniqueur de L’Esprit du Judo depuis sa médaille de bronze paralympique obtenue à Tokyo l’an passé. Agressé dès son premier tour par l’Iranien Seyed Omid Jafari, son adversaire en finale du Grand Prix de Nur-Sultan fin mai, le pensionnaire de l’INSEP s’en est sorti sur une immobilisation, avant de se déjouer aux pénalités de l’Ukrainien Oleksandr Nazarenko – troisième comme le Français à Tokyo – dans un remake de la finale des derniers championnats d’Europe. Six secondes lui suffisaient ensuite pour imposer son sode au jeune Allemand Daniel Goral, avant de croiser le fer en finale avec le robuste Zviad Gogotchuri, double champion d’Europe par équipes avec la Géorgie en valides, où il compte par ailleurs six médailles sur le circuit international, dont une victoire au Grand Prix de Tbilissi 2014. Un client de trente-six que Latchoumanaya expédiait remarquablement : après une esquive du grand fauchage intérieur de son adversaire, il lançait un sutemi qui lui permettait d’enchaîner au sol. Retournement, dégagement de jambe et immobilisation, pour un sacre à la clé !

Premier titre mondial éclatant pour Hélios Latchoumanaya. Crédit photo : Gabriela Sabau / FIJ

Si Prescillia Lèze (J2 +70kg), finaliste aux Europe, échouait au pied du podium cette fois, expédiée par le harai-goshi de la volumineuse Brésilienne Rebeca Silva, Jason Grandry (J1 +90kg) se voyait récompensé par deux waza-ari, marqués sur makikomi et uki-waza, contre le Moldave Ion Basoc qui l’envoyait sur la troisième marche du podium. Quatre médailles donc pour l’équipe de France en attendant l’épreuve par équipes mixtes de demain.